Championnat de France : Valentin Madouas, géant du Nord !
A deux tours et demi de l’arrivée, à la sortie de la montée pavée, à l’abri des regards, il a commencé à pleurer. « Put…, c’est pas vrai, il va le faire », marmonnait-il à voix haute en scrollant le direct de la course sur son mobile. Une trentaine de kilomètres restaient encore à effectuer dans ce championnat de France de folie furieuse et Laurent Madouas ne tenait déjà plus en place. Une vraie pile électrique, le « père Madouce », comme le peloton l’appelait affectueusement lorsqu’il était coureur professionnel.
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« Elle va lui servir de déclic »
Le papa de Valentin ne l’est plus depuis 2001 mais il l’était fatalement encore un peu, dimanche, dans les Hauts-de-France. Parce que « Val », son diminutif dans la famille Madouas, lui parlait de ces routes biscornues du mont Cassel et de son dénivelé effrayant depuis un an. Parce qu’il savait que le « petit » avait des jambes de feu. Parce que son champion de fils était pile à l’heure au grand rendez-vous. « T’inquiètes, je serai là le jour J », lui avait-il d’ailleurs promis lorsqu’il interrogeait sur l’état de condition physique. Dans la fournaise, dans une ambiance de stade de foot, il a tenu parole.
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Sur l’avant-scène depuis quasiment de 200 bornes après une course d’équipe de la Groupama-FDJ qui avait condamné pour le compte Julian Alaphilippe, Valentin Madouas venait donc de s’isoler et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Rien, même pas cet ennui mécanique survenu à une douzaine de kilomètres de l’arrivée qui allait le contraindre à un changement de vélo. « J’ai déraillé mais je n’ai pas eu peur. Je savais que la voiture de l’équipe était juste derrière », confiera, plus tard, le nouveau roi de France. « À ce moment-là, moi, j’ai un peu paniqué », avouera, de son côté, Laurent. Heureusement qu’il avait alors plus d’une minute d’avance (sur Gallopin, Bernard et son coéquipier Molard). Imaginez s’il n’avait eu que vingt secondes… », ajoutait-il en dévorant des yeux son coureur préféré sur lors de la cérémonie protocolaire.
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« Il était très très fort. Il m’épate », poursuivait-il fièrement aux côtés de sa femme (Gwenaëlle), de Nathalie (sa belle-fille) et du fan-club qui, à l’image des grands-parents, avait endossé la marinière. « Ce qu’il a réalisé aujourd’hui, c’est extraordinaire !, reprenait Laurent Madouas. Il lui manquait une vraie gagne pour l’emporter au niveau WorldTour, cette victoire va lui servir de déclic, elle va changer sa carrière. »
Les proches de Valentin Madouas étaient venus avec une marinière bien particulière. (Le Télégramme/Photo Philippe Priser)
Son monument à lui
Cette dernière ne demandait d’ailleurs qu’à basculer. Passé professionnel en 2018, diplôme d’ingénieur en poche, le Brestois (il réside à Gouesnou) totalisait bien cinq succès parmi l’élite, mais il était encore à la recherche de cette victoire qui modifie le cours d’une vie de cycliste.
Il l’avait failli l’obtenir, l’an passé, sur le Tour des Flandres (3e derrière Van der Poel et Van Baarle, devant Pogacar), un Monument du vélo, sur le Tour de France (2e d’étape à Foix) ou encore lors des dernières Strade Bianche (2e) mais elle se refusait toujours à lui. Admirable de dévouement pour David Gaudu lors du Tour 2022 (10e à Paris), Valentin Madouas l’a finalement décrochée de manière magistrale en Flandre Intérieure, dans le Nord. Géant !
Source: Le Télégramme