"Ils en voulaient une fortune, de leur mouton!": reportage aux Liserons à Nice après la découverte d’un abattoir clandestin

June 26, 2023
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"Il y avait beaucoup, beaucoup de policiers, c’est tout ce que j’ai vu", bredouille un riverain du 8b, impasse des Liserons.

C’est dans cet immeuble du "328", le nom donné à cette cité de l’est de Nice, que les policiers de la brigade anti-criminalité, ont découvert, dimanche 25 juin 2023, un abattoir clandestin.

Dans un logement déjà vidé de ses locataires officiels en vue de la future réhabilitation du quartier, ils ont débusqué une quarantaine de moutons entassés dans une pièce d’à peine plus de 12m2. L’un d’entre eux était déjà égorgé dans une baignoire.

Ces bovidés étaient destinés à l’Aïd el-Kébir, la plus importante des fêtes musulmanes, qui dure trois jours et à l’occasion de laquelle un mouton est sacrifié. Cette année, le "grand Aïd" commence mercredi 28 juin.

"Un mouton clandestin, normalement, c’est 230 euros"

Ils étaient dans une pièce d’un appartenant vidé et muré, en vue de la démolition prochaine de l’immeuble dans le cadre de la réhabilitation du quartier situé à l’est de Nice. Photo S. G.

Tout près de la fenêtre de l’appartement appartenant au bailleur social Côte d’Azur Habitat, où étaient stockées ces pauvres bêtes destinées à une mort certaine, Aïda souffle: "Oui, on le savait, mais les gens, ils en voulaient une fortune de leur mouton! 300 ou 350 euros, c’est hors de prix! Ils nous ont dit que ça nous évitait de devoir aller les chercher nous-mêmes. Ils nous ont proposé de les amener dans nos appartements directement".

Ils? Qui sont ces individus? Dimanche soir, deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Selon une source proche du dossier, il s’agirait de deux "éleveurs-squatteurs". Entre 300 et 350 euros pour un mouton, c’est effectivement hors de prix. Soraya assure: "Normalement, un mouton clandestin, c’est aux alentours de 230 euros." La quadragénaire enchaîne: "En général, ce sont des moutons d’éleveurs de l’arrière-pays niçois qui les vendent sous le manteau."

Seulement deux lieux d’abattage autorisés par la préfecture

Pas de locataires dans cet appartement-abattoir, mais bien des squatteurs qui avaient organisé leur élevage. Photo S. G.

"Il n’y a que deux lieux d’abattage autorisés dans le département", rappelle la préfecture des Alpes-Maritimes. L’abattoir de Puget-Théniers, réservé prioritairement aux bouchers professionnels, et un abattoir temporaire à Contes, ouvert les 28 et 29 juin. »

"Ces abattoirs font l’objet de contrôles diligentés par la direction départementale de la protection des populations pour contrôler le respect des règles de bien-être animal, d’hygiène, de traçabilité des animaux et de sécurité. Conformément à la réglementation en vigueur, un sacrificateur formé à la protection animale et habilité par l’instance religieuse procédera aux sacrifices", précisent les services préfectoraux.

"Le problème avec Contes, c’est qu’il y a une très grande liste d’attente, et du coup c’est difficile d’avoir le mouton pour le premier jour de l’Aïd", commente encore Soraya. Mais aussi, certains musulmans veulent pouvoir assister au sacrifice du mouton. "Et ce n’est pas possible à Contes", ajoute la mère de famille. Qui grince aussi sur le prix de "330 euros".

Les musulmans peuvent également acheter leur ovin chez le boucher. "Là, il coûte environ 275 euros", précise Rahma, une autre pratiquante.

Aïda grogne: "On ne peut pas toujours se déplacer et ramener le mouton mort en bus si on n’a pas de voiture. Il n’y a pas assez de lieux d’abattage rituel. Ce sont des fêtes très importantes pour nous. Alors des moutons dans les appartements, c’est pas si grave."

Soraya, elle, s’offusque: "Non mais 40 moutons dans une petite pièce, faut vraiment être con!"

"Con"… et hors la loi: toute personne impliquée dans l’abattage d’animaux hors des abattoirs autorisés engage sa responsabilité et est passible de sanctions. C’est un délit puni de peine de prison et de 15.000 euros d’amende.

Source: Nice matin