Vidéos intimes : l’affaire Griveaux arrive au tribunal ce mercredi

June 28, 2023
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Le 14 février 2020 au matin, Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris, jette l’éponge . Il annonce l’abandon soudain de sa campagne, au lendemain de la présentation de son programme.

Ce ténor de la macronie fustige des « attaques ignobles mettant en cause (sa) vie privée ». Le soir du 12 février, deux vidéos intimes ont été publiées sur un site baptisé « Pornopolitique » dont le lien est relayé sur les réseaux sociaux, accompagnées d’un texte signé Piotr Pavlenski.

Cette démission de l’ancien secrétaire d’État, porte-parole du gouvernement et député provoque un scandale politique. Gauche et droite s’indignent unanimement d’un « naufrage voyeuriste » et d’une « menace pour la démocratie ».

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Piotr Pavlenski, connu pour des « performances » extrêmes en Russie et réfugié en France depuis 2017, revendique cette action d’« art politique », visant à dénoncer l’« hypocrisie dégoûtante » d’un homme qui « fait la propagande des valeurs familiales traditionnelles ».

Le lendemain, l’ex-ministre porte plainte, une instruction est ouverte. Le 18 février, l’artiste ainsi que sa compagne, alors étudiante, sont mis en examen.

Ce mercredi, les deux prévenus, âgés respectivement de 39 et 32 ans, seront à la barre, soupçonnés d’avoir enregistré et diffusé ces images. Benjamin Griveaux, 45 ans, qui a peu à peu abandonné sa carrière politique pour l’entrepreneuriat, ne sera pas présent.

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« Gratuitement destructeur »

Les images, montrant un homme non identifié en train de se masturber, avaient été montées avec des captures d’écran de messages. Elles avaient été reçues par Alexandra de Taddeo lors d’une brève relation avec Benjamin Griveaux entre mai et août 2018.

Ces vidéos éphémères devaient s’effacer au bout de 30 secondes, mais la jeune femme a expliqué avoir réglé son téléphone pour les conserver, afin d’avoir des « preuves » si leur relation venait à se savoir.

En Russie, l’artiste Pyotr Pavlensky s’était fait connaître par des performances extrêmes. Il s’était notamment cousu les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot, mais aussi cloué les testicules sur la place Rouge. (Martin Bureau/AFP)

Elle affirme que Piotr Pavlenski, qu’elle a rencontré fin 2018, les a diffusées à son insu. Les juges d’instruction ont au contraire retenu son « implication directe », au regard notamment du soutien financier d’une association, qu’elle présidait, au site « Pornopolitique ».

« Les deux prévenus ont importé en France les méthodes de la Stasi pour abattre un candidat en campagne et détruire sa famille », a déclaré Me Richard Malka, avocat de Benjamin Griveaux. « Pour Pavlenski nos vies privées n’ont aucune valeur et peuvent être bafouées pour assouvir son besoin de lumière médiatique. C’est affligeant et gratuitement destructeur ».

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« Œuvre d’art »

En Russie, Piotr Pavlenski a réalisé plusieurs « évènements d’art politique » : il s’est cousu les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot, cloué les testicules sur la place Rouge et il a mis le feu à l’une des portes du siège historique des services de sécurité russes (KGB).

En janvier 2019, il a été condamné à trois ans de prison dont un ferme pour avoir incendié la façade d’une succursale de la Banque de France place de la Bastille, haut lieu de la Révolution française, un contre-sens historique selon lui.

Les conservateurs de tous bords ont jeté leurs masques et se sont accrochés à moi avec leurs crocs comme des chiens affamés

« Mon œuvre d’art Pornopolitique reposait entièrement sur un jeu de catégories esthétiques. C’est-à-dire un jeu de styles. Le style élevé a été combiné avec le style bas. Ou plutôt vulgaire », a déclaré l’artiste.

« Une seule combinaison de ces deux styles a suffi à provoquer un véritable cataclysme en France (…). C’était difficile pour moi, en tant qu’artiste, de traverser cela, car les conservateurs de tous bords ont jeté leurs masques et se sont accrochés à moi avec leurs crocs comme des chiens affamés », a-t-il ajouté.

Son conseil, Me Yassine Bouzrou, et l’avocate d’Alexandra de Taddeo, Me Noémie Saidi-Cottier, n’ont pas souhaité s’exprimer avant l’audience.

Piotr Pavlenski doit par ailleurs être jugé pour « violence avec arme » lors du réveillon 2020, chez une proche de l’avocat Juan Branco.

Une information judiciaire est en outre toujours en cours concernant son interpellation, qui a eu lieu devant l’objectif d’un photographe. Quatre personnes ont été mises en examen, dont la puissante figure de la presse people « Mimi » Marchand.

Source: Le Télégramme