1er-Mai : cinq questions sur l'origine et le déroulement de cette journée historique de revendications sociales

April 30, 2023
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Des manifestations sont organisées partout en France, lundi 1er mai. Une tradition sociale qui remonte au XIXe siècle et qui s'inscrit cette année dans la contestation contre la réforme des retraites.

Une très forte mobilisation est attendue, lundi 1er mai, dans toute la France pour les traditionnels défilés de ce jour férié. Les renseignements territoriaux prévoient entre 500 000 et 650 000 manifestants pour cette journée qui sera aussi la 13e mobilisation contre la réforme des retraites et la première après la promulgation du texte. Pourquoi les syndicats ont choisi cette date symbolique ? franceinfo revient sur les origines de cette journée du 1er-Mai et sur son organisation en cinq questions.

>> Mobilisation du 1er-Mai : quel est le dispositif de maintien de l'ordre prévu pour encadrer les manifestations ?

1 Quelle est l'origine du 1er-Mai ?

L'origine du 1er-Mai est américaine et date de la fin du XIXe siècle. En 1886, les syndicats du pays choisissent cette journée pour organiser des grandes manifestations pour revendiquer la journée de travail de huit heures. "Les ouvriers le réclamaient dès 1884 et ont alors sommé les entreprises de passer à la journée de huit heures, en leur donnant deux ans pour la mettre en place, avec comme date d'application le 1er mai 1886", explique l'historien André Larané à France Culture.

La date n'est pas choisie au hasard. À cette époque, le premier jour de mai aux États-Unis correspond à la nouvelle année comptable pour les entreprises. Ce jour est appelé le "moving day" car de nombreux contrats de travail d'ouvriers prennent fin, les poussant à déménager pour trouver un emploi ailleurs. Si la plupart des entreprises acceptent de passer au huit heures certaines refusent, entraînant de nouvelles manifestations les jours suivants. Celle du 3 mai tourne au drame à Chicago avec l'assassinat de trois manifestants par la police dans la soirée.

Le lendemain, le 4 mai 1886, une bombe explose lors d'une manifestation tuant une quinzaine de forces de l'ordre. Un drame appelé le massacre de Haymarket Square. "Plusieurs ouvriers sont jugés, condamnés à perpétuité, mais une dizaine d'autres sont pendus le 11 novembre 1886", raconte André Larané. Des condamnés à mort qui deviendront des martyrs car les preuves de leur implication dans cet attentat manquent.

2 Depuis quand le 1er-Mai est-il célébré en France ?

Trois ans plus tard, en 1889, lors de la IIe Internationale socialiste à Paris, il est décidé sous l'impulsion de Jules Guesde de faire de la date du 1er mai une journée pour revendiquer la journée de huit heures. "Parmi les revendications les plus notables de la IIe internationale se trouve la journée de huit heures, demandée dès 1884 par les syndicats américains, explique André Larané. C'est donc en référence à ces syndicats et leur lutte que le 1er-Mai sera instauré, chaque année, une manifestation en faveur de la journée de huit heures."

En 1891, la manifestation à Fourmies (Nord) tourne au drame. Malgré les interdictions patronales, les grévistes défilent dans cette cité du textile du Nord. Des troupes de l'armée tirent sur les manifestants faisant une dizaine de morts. Avec ce nouveau drame, le 1er-Mai s'ancre dans la tradition ouvrière et restera une journée de manifestation après le vote par le Parlement en 1919 de la journée de huit heures. En 1941, Philippe Pétain fait du 1er-Mai la "fête du Travail et de la concorde sociale" et un jour férié mais cette journée disparaît à la Libération. Elle sera réintroduite en 1946 avant d'être instituée définitivement comme jour férié, chômé et payé en 1948, détaille le site vie publique.fr.

3 Le 1er-Mai est-il célébré partout dans le monde ?

Avec le développement du mouvement socialiste et communiste à l'international, le 1er-Mai est célébré partout dans le monde que ce soit en Europe, en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique et une majorité des pays européens, avec des manifestations pour faire valoir les revendications des travailleurs. De nombreux pays ont choisi, comme la France, de rendre le jour férié et les syndicats organisent des manifestations pour faire valoir les revendications des travailleurs.

Des manifestants détruisent une effigie représentant le président philippin Rodrigo Duterte lors d'une manifestation pour marquer la fête du Travail à Manille, le 1er mai 2021. (MARIA TAN / AFP)

Pourtant à l'origine, les Américains ne reprennent pas cette revendication du 1er-Mai, explique André Larané : "Les États-Unis sont l'un des rares pays dans le monde qui ne célèbre pas le travail ou les travailleurs le 1er mai. Simplement parce que les syndicats américains n'appréciaient pas la tonalité marxiste prise par les syndicats européens". Mais il y a bien une fête du travail aux États-Unis et au Canada, ce "Labour day" est au final célébré le premier lundi de septembre.

4 Le 1er-Mai est-il un jour obligatoirement chômé ?

De toutes les fêtes légales, le 1er-Mai est le seul à être obligatoirement chômé. Cela doit concerner tous les salariés de toutes les entreprises et catégories confondues. Mais il existe des exceptions explique le site service-publics.fr. Ces entreprises qui peuvent faire travailler leurs salariés le jour de la fête du Travail sont déterminées par la loi et sont celles généralement qui bénéficient déjà d’une dérogation au repos dominical de ses salariés (hôpitaux, transports publics, par exemple). Mais travailler un 1er-Mai ouvre le droit à une double rémunération, selon le Code du travail.

5 Les syndicats sont-ils toujours unis le 1er-Mai ?

Cette année 2023, les manifestations du 1er-Mai s'inscrivent dans la lutte contre la réforme des retraites et pourrait être une journée "historique" selon les renseignements. À Paris notamment, les syndicats appellent à manifester de la place de la République pour rejoindre la place de la Nation. Un appel unitaire des syndicats qui n'a pas toujours été le cas. Le traditionnel défilé du 1er-Mai est parfois l'occasion de constater les divisions entre les centrales. Par exemple en 2016, Force ouvrière et la CGT, opposé à la loi travail, défilaient ensemble pour la première fois depuis 2009 mais sans le soutien des syndicats dits réformistes (CFDT, CFTC et Unsa).

Source: franceinfo