À Limoges, la manifestation d'hommage à Nahel et contre les violences policières interdite par la préfecture

June 30, 2023
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Selon les services de l'État, cet événement était "non déclaré" mais "annoncé", notamment sur les réseaux sociaux. "Face à l’État bourgeois et aux politiques de répression, pas de justice, pas de paix ! On a raison de se révolter", indiquait sur Twitter une des organisations, appelant au rassemblement.

Par ailleurs, "deux arrêtés préfectoraux interdisent jusqu’au lundi 3 juillet à 5h la détention et le transport d’artifices, de divertissement et d’articles pyrotechniques, le port et le transport d’armes à feu, de munitions et d’objets pouvant constituer une arme par destination", indique la préfecture.

La détention et le transport de carburant au détail sont également prohibés. "Les gérants des stations services, particulièrement celles disposant d’appareils ou de pompes automatisées de distribution d’essence, devront s’assurer de l’information de la clientèle et du respect de cette prescription. Enfin, pour compléter ce dispositif, des mesures des restrictions de la circulation seront mises en place ce vendredi 30 juin dès 21h et seront communiquées par la DIR Centre Ouest", ajoute les services de l'État.

Aucune information en revanche sur un éventuel complément du dispositif policier demandé par le maire de Limoges. Le dispositif de jeudi soir, avec 80 hommes supplémentaires, pourrait être reconduit.

"Les premiers impactés, ce sont d'abord les habitants"

Ce vendredi, les réactions politiques ont encore été nombreuses en Haute-Vienne, autant sur le drame qui a coûté la vie au jeune homme de 17 ans que sur les émeutes qui rythment la vie des quartiers depuis trois nuits, dont deux particulièrement violentes à Limoges. "Si nous comprenons l’émotion et la colère que suscite ce drame, nous ne pouvons pas, pour autant, cautionner les différentes violences qui ont émaillé les différents quartiers de Limoges et d’autres villes de France, souligne ainsi la fédération PS de Haute-Vienne. (...) Les premières victimes de ces actes de violences sont les habitants eux-mêmes qui subissent ces dégradations qui touchent les équipements collectifs et leurs biens privés."

"Il ne faut pas se tromper de colère", enjoint l'association des maires du Département. "Pourquoi brûler une mairie, interrogent ses élus, en référence à l'incendie de la mairie annexe de Beaubreuil ? C'est la maison commune qui a pour mission de satisfaire les besoins quotidiens de la population. Pourquoi détériorer des biens personnels et détruire des équipements publics ? Les premiers impactés par ces violences, ce sont d'abord les habitants."

"Comprendre l'embrasement, construire l'apaisement"

Dans un communiqué, les députés Nupes de la Haute-Vienne Damien Maudet et Manon Meunier, avec l'Union Populaire 87, expliquent que "la mort de Nahel est une étincelle, mais que le combustible réside dans l'accumulation des injustices qui touchent depuis des années des catégories nombreuses de la population" et appellent "à l'arrêt de la violence, sous toutes ses formes" et à ce que "tous les rassemblements puissent se tenir et rester pacifiques". Enfin, les parlementaires pointent du doigt le fait que "la vague de violence physique et matérielle qui touche le pays ne sera pas stoppée si on ne comprend pas qu'elle fait écho à une violence politique, économique et sociale, dont les responsables sont au pouvoir. Il faut comprendre l'embrasement et construire l'apaisement".

"La violence n'est jamais une réponse", soulignent également les parlementaires PS de Haute-Vienne, les sénateurs Isabelle Briquet, Christian Redon-Sarrazy et le député Stéphane Delautrette. "Oui, nous entendons la colère, écrivent-il. Mais, non, nous ne pouvons accepter qu’elle se manifeste par la dégradation de l’espace public et la destruction de biens. C’est là un dévoiement de la douleur qui pénalise en premier lieu les habitants eux-mêmes. N’ajoutons pas d’autres drames au drame ! L’escalade qui se joue en ce moment sous nos yeux, en portant atteinte à l’ordre républicain, met en danger des vies humaines. Les esprits doivent s’apaiser. Seul un retour au calme permettra à la Justice de poursuivre sereinement son œuvre. C’est ce que nous appelons de nos vœux."

Sébastien Dubois

Source: lepopulaire.fr