Violences en France: Emmanuel Macron reporte sa visite d'État en Allemagne
Après quatre jours d'émeutes en France liées à la mort du jeune Nahel, le président français a demandé le report de sa visite d'État prévue dimanche outre-Rhin à une date ultérieure.
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« Le président de la République et le président allemand Frank-Walter Steinmeier se sont entretenus ce samedi 1er juillet 2023. Compte tenu de la situation intérieure, le président de la République a indiqué qu'il souhaitait pouvoir rester en France ces prochains jours », a indiqué l'Élysée.
« Le président allemand regrette l'annulation et comprend parfaitement en raison de la situation » en France, est-il précisé dans le communiqué de la présidence allemande. Frank-Walter Steinmeier « suit avec une très grande attention la situation en France. Il espère que la violence dans les rues va s'arrêter bientôt et que la paix sociale pourra de nouveau être rétablie », est-il ajouté.
« Regrettable et inévitable »
En Allemagne, la nouvelle a été accueillie avec compréhension. « Regrettable et inévitable » estime dans un commentaire RND, « aucun responsable de premier plan ne peut quitter son pays en feu ». Le quotidien Süddeutsche Zeitung partage cet avis : « Des discussions paisibles avec des jeunes très sages en Allemagne, une promenade à Dresde pendant qu’en France des adolescents balancent des cocktails Molotov et mettent le feu à des villes ; de telles images ne collaient pas », rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibault. RND juge toutefois le report de cette visite en Allemagne regrettable : « La première visite d’État d’un président français depuis 23 ans était nécessaire en raison des difficultés du couple franco-allemand ».
Le ministre-président de la Saxe dans l’Est de l’Allemagne où le président français devait se rendre mardi a exprimé ses regrets sur Twitter. Pour Michael Kretschmer : « Il est compréhensible et logique que la paix sociale en France soit aujourd’hui la priorité d’Emmanuel Macron ». Le maire de Ludwigsburg, la première étape prévue lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron, espère que sa ville figurera au programme du voyage reporté.
Aucune nouvelle date n'a encore été calée
Selon l'entourage du président français, aucune nouvelle date n'a encore été calée. À Paris, une source insiste sur le fait que responsables français et allemands ont maintes occasions de se rencontrer, et qu'une visite d'État étant avant tout une manière de célébrer l'amitié franco-allemande, davantage qu'un rendez-vous strictement politique, le moment n'était pas le plus propice.
Fin mars dernier, c'est la visite d'État du roi Charles III en France qui avait dû être annulée, en raison de la crise sociale liée à la réforme des retraites.
Le deuxième rendez-vous franco-allemand annulé en l'espace d'un an Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibault C’est la deuxième fois en moins d’un an qu’un rendez-vous franco-allemand est reporté. À l’automne dernier, c’est un Conseil des ministres franco-allemand qui était repoussé à un moment où les tensions bilatérales s’exacerbaient. La relation entre Paris et Berlin reste incontournable, mais l’intérêt mutuel a baissé entre les deux pays, comme le montre un sondage réalisé pour l’institut franco-allemand de Ludwigsburg qui fête ses 75 ans, anniversaire auquel Emmanuel Macron devait assister demain avec son homologue Frank-Walter Steinmeier. Les trois quarts des Allemands et les deux tiers des Français estiment qu’une coopération étroite entre leurs deux pays est décisive pour l’avenir. Mais, c'est plus la raison qui explique ce score élevé qu’une passion commune. Car l’intérêt pour le pays voisin recule. La moitié des Français s’intéressaient un peu, voire plus à l’Allemagne en 2018. Cinq ans plus tard, ils ne sont plus que 36%. Dans l’autre sens, l’indifférence est moins importante. Elle s’effrite, mais dans une moindre mesure : 54% des Allemands s’intéressent au pays voisin dans lequel ils sont trois fois plus nombreux à avoir passé des vacances. Le suivi dans les médias de l’actualité dans le pays voisin est aussi plus important en Allemagne qu’en France. La relation franco-allemande serait-elle victime de son succès et sa force motrice rendue superflue par l’intégration européenne, comme l’analyse un expert dans le quotidien Tagesspiegel ? Cette relation de raison sans l’enthousiasme d’autrefois semble aussi valoir au plus haut niveau. Une connaissance mutuelle moindre est-elle suffisante pour faire avancer l’Europe ? La moitié des Français estiment que l’Allemagne n’a pas trop d’influence à ce niveau, un tiers a un point de vue contraire. Les jeunes Français sont moins inquiets à cet égard que leurs ainés. Une large majorité d’entre eux ne craint pas une suprématie allemande en Europe.
(Et avec AFP)
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Source: RFI
