Tour de France 2023 - Les débats du Tour : Pogacar a t-il rassuré ? Est-ce grave pour Alaphilippe ? Yates game changer ?

July 02, 2023
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Alaphilippe, c'est grave ?

Jean-Baptiste Duluc

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Ce n’est pas grave mais simplement la (nouvelle) confirmation qu’il ne fait plus partie des meilleurs puncheurs du monde, depuis bien longtemps désormais. Son Critérium du Dauphiné et sa victoire à La Chaise-Dieu avaient ravivé les braises de l’espoir, mais force est de constater que Julian n’est plus le Alaphilippe de 2021. La dernière fois qu’il avait battu les cadors sur ce genre d’étape, c’était à Landerneau, sur le Tour, il y a deux ans. Alors, forcément, non, je ne suis pas surpris de l’avoir vu se faire distancer dans la côte de Pike ce samedi.

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En toute transparence, c’est même dimanche à San Sebastian que je l’attends. Il connaît parfaitement (il a gagné la Clasica en 2018) un final qui sied peut-être davantage à ses qualités actuelles et sa pointe de vitesse en fera un candidat à la victoire d’étape. Mais s’il venait encore à être distancé, à ne pas être dans le groupe de 10-20 coureurs que j’imagine se jouer l’étape, alors, oui, je m’inquièterais.

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Christophe Gaudot

Je suis assez d'accord avec les arguments de Jean-Baptiste mais j'y apporterai un bémol : Julian Alaphilippe lui-même avait glissé qu'il pensait au maillot jaune dès cette première étape. Le "petit mousquetaire", comme il s'est surnommé lui-même en opposition aux grands du peloton, avait une lame bien peu aiguisée vers Bilbao. Et si je ne m'attendais pas à le voir remporter cette première étape, j'aurais eu besoin de le voir un peu plus proche des meilleurs pour ne pas m'inquiéter pour la suite.

La côte de Pike a prouvé une chose : Alaphilippe n'a plus, ou n'a pas encore retrouvé si l'on veut être optimiste, ce punch qui faisait de lui l'un des meilleurs coureurs du monde. Ce fait posé, on sait qu'il ne peut gagner à la pédale. Reste les échappées mais depuis quand n'a-t-il pas brillé dans ce domaine sur le Tour ? Il faut remonter à 2018 avec ses deux succès. Gagner dans ces conditions n'est pas chose aisée sur la plus grande course du monde où jour après jour, le CV des fuyards est de plus en plus brillant.

Julian Alaphilippe (Soudal - Quick Step) lors de la 1re étape du Tour de France 2023 Crédit: Getty Images

Pogacar a-t-il totalement rassuré ?

Christophe Gaudot

Totalement, je ne sais pas. En revanche, le voir à l'attaque me fait dire qu'il n'a pas eu peur du coup de bambou qu'aurait pu lui infliger Jonas Vingegaard en réponse. Les deux se connaissent par cœur et si le Danois avait senti la moindre faiblesse chez son adversaire, il aurait eu tort de ne pas en profiter. "Pogi" l'avait sans doute en tête et il n'a pas hésité à faire rouler les siens très forts avant d'entrer en piste.

Ceci me fait dire que la forme est là et que ses chiffres de puissance, que ce soit aux championnats de Slovénie ou à l'entraînement, l'ont rassuré. Et si Pogacar lui-même est rassuré, qui suis-je pour dire qu'il m'a inquiété ? Son démarrage dans la côte de Pike, pourtant taillée pour lui, n'était pas foudroyant, je le reconnais. Mais le leader des UAE va se bonifier de jour en jour selon moi. S'il part de ce niveau, il peut finir très haut.

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Jean-Baptiste Duluc

Partiellement, sans doute, mais pas totalement. Voir Tadej Pogacar dans les trois meilleurs coureurs de la 1re étape du Tour de France est évidemment un premier point de passage rassurant, tout comme le fait qu’il ait pris du temps à Jonas Vingegaard par le biais des bonifications. Un gain marginal mais non négligeable. Pour autant, je ne suis pas totalement rassuré.

Déjà, parce qu'il aurait été particulièrement inquiétant de ne pas voir Pogacar, l’un des meilleurs puncheurs du monde, être à ce niveau dans la côte de Pike. Surtout, et c’est ce qui “m'inquiète” le plus, l’impression visuelle laissée par le Slovène sur son attaque dans l’ultime ascension me refroidit un peu. Son attaque n’a pas du tout fait mal à Vingegaard - guère plus à Lafay - et on a connu des démarrages de "Pogi" plus tranchants. C’est un détail, certes, mais il faudra se montrer encore un peu patient pour être complètement rassuré.

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Yates, est-ce que ça change quelque chose ?

Christophe Gaudot

"C’est Tadej le patron, il a prouvé qu’il est le meilleur du monde. Et pendant les trois prochaines semaines, il va encore le montrer. Je ne suis pas le leader de l’équipe, mais un équipier de Tadej." Je ne suis pas sûr qu'Adam Yates a reçu le mémo sur la communication d'UAE Team Emirates sur ce Tour de France. L'équipe de Pogacar a vendu le Britannique, premier maillot jaune du Tour 2023, en co-leader, peut-être pour singer l'attelage Primoz Roglic-Jonas Vingegaard de 2022.

Ceci étant dit, je suis assez d'accord avec l'un des jumeaux Yates et je ne pense pas que son numéro du jour change quelque chose dans la tête des Jumbo-Visma. Le Britannique a des limites sur trois semaines, il n'a même jamais terminé sur le podium d'un Grand Tour. Jonas Vingegaard le sait et je doute que la présence d'Adam Yates l'empêche de dormir. Tôt ou tard, celui-ci rentrera dans le rang et se transformera en équipier de luxe pour Pogacar, ni plus ni moins.

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Jean-Baptiste Duluc

Comme le dit Christophe, Adam Yates n’est pas le coureur le plus fiable en Grand Tour. C’est un fait, UAE le sait, Pogacar le sait et Jumbo-Visma également. Pourtant, je peine à croire que la victoire du Britannique à Bilbao et plus globalement le scénario de cette première étape n’ait pas légèrement changé la vision de la formation néerlandaise car, sur les routes basques, elle a eu un aperçu de ce que UAE Team Emirates a annoncé vouloir mettre en place avec une stratégie à deux leaders contre un.

Pogacar a attaqué, Yates a profité du regroupement et, à l’arrivée, Vingegaard s’est fait piéger, lâchant 22" au Britannique. C’est peu sur trois semaines et il est peu probable que Danois en dorme mal mais la situation ne saurait se reproduire. Même si Adam Yates n’est pas des plus fiables, qu’il estime pouvoir lui reprendre plusieurs minutes en montagne et que le coureur d'UAE explosera sans doute sur la durée, le Danois ne peut pas se permettre de laisser Yates creuser encore l’écart. Il y a trop de risques avec un coureur qui a terminé 4e du Tour en 2016 et 4e de la Vuelta 2021. Vingegaard est bel et bien pris dans l’étau annoncé.

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Source: Eurosport FR