1 semaine et 3 000 km en Harley-Davidson Road Glide, les voilà les vacances !
Samedi 13 mai 2023, autoroute A6, régulateur de vitesse à 130 km/h, moteur à 3 000 tr/mn, radio activée et solaires sur le nez. A première vue, voilà le début d’un périple automobile on ne peut plus ennuyeux. Mais comme chacun le sait, les apparences sont parfois trompeuses et en cette veille de semaine de l’Ascension, je ne suis justement pas installé dans l’habitacle d’une voiture. Plutôt le nez à l’air sur l’énorme selle d’une Harley-Davidson, en l’espèce celle de la Road Glide Limited. Pour la faire courte, il s’agit du vaisseau amiral, de la plus routière des Harley. C’est au guidon de cet engin que je prends la direction du sud de la France pour quelques jours de balade. L’envie ne date pas d’hier et en dépit d’une météo qui s’annonce capricieuse, tout est programmé. Cela rappelle au passage qu’à moto, on ne décide que d’un partie de qui nous arrive en voyage…
Une Harley à cerner
Avant l’autoroute du soleil, j’ai toutefois eu l’occasion de faire connaissance avec “ma” Road Glide. Un tour de chauffe essentiel avec le départ. Le jeudi précédent, j’enfourchais donc ce paquebot sur deux roues avec toute la précaution et l’humilité qui s’imposent. On beau maitriser la moto, l’engin affiche 423 kg en ordre de marche. Autant dire une enclume face à d’autres routières qui dépassent rarement 300 kg. Pour ne rien arranger, la belle est évidemment animée par une norme bicylindre culbuté de 1868 cm3.
La Harley-Davidson Road Glide propose une super position de conduite. © François Lemaur
Si l’on en n’attend pas moins d’une Harley de ce standing, ce genre de mécanique n’aide pas à la prise en main. Traduction, l’erreur de manœuvre ne fait pas partie du plan. Heureusement, l’embrayage progressif et la bonne connexion poignée/moteur/transmission rendent les premiers mètres assez évidents. L’attention est de mise pour cerner l’encombrement général de la machine en ville, mais l’équilibre général à basse vitesse s’avère réel. La boîte de vitesse est du genre viril mais précise. Hormis la chaleur dégagée par le twin Harley plus proche d’un four en mode pyrolyse, tout va pour le mieux.
Une moto presque aussi confortable qu'une voiture
Une fois les affaires logées dans les immenses valises et les vide-poches bien pensés – mention spéciale au Télépéage détecté sans qu’on ait besoin de le sortir –, le départ est donné pour le Sud-Est via un début d’itinéraire “autoroutier”. Première vraie prouesse de cette américaine hors-norme : transformer le long ruban d’asphalte en un moment sympa, alors que ce genre de tracé relève normalement de la punition à moto. Le tour de magie est permis par l’association d’une position de conduite très relaxante, de l’absence totale de vibrations parasites dans les pieds ou les mains, de la selle au moelleux incomparable avec le reste de la production moto et d’un info-divertissement compatible Apple ou Android et meilleur que celui de nombreuses voitures. Cette “Boom Box” servie de série se gère via un écran tactile très lisible (y compris lorsque le soleil donne dessus) ou, si besoin, avec un joystick sur chaque commodo. La radio envoie un son de qualité, même à haute vitesse, tandis que le GPS permet de sélectionner le type de route que l’on veut, y compris un mode “Pittoresque”. Les commandes sont bien pensées et tombent sous la mains pour gérer les multiples fonctions.
Les vide-poches sont de part et d'autre du carénage. © François Lemaur
Côté protection au vent, avec pareil carénage, on pourrait s’attendre la perfection, mais ce n’est pas exactement le cas. Puisque le “nez de requin” – ajouré – ne forme pas un bloc commun avec les carénages du bas, des turbulence s’invitent au guidon. Rien de fatiguant, mais on peut exiger la perfection de ce genre de voyageuse. Le parallèle avec la protection à la pluie est effectué à l’approche de Lyon quand éclate un bel orage. Même si, dans pareilles conditions, aucune moto ne protège vraiment le pilote… Premier bilan après une demi-journée de voyage pour relier Paris à la capitale des Gaules : la Road Glide est une machine à avaler les kilomètres, d’autant que l’autonomie offerte par les 22,7 litres de réservoir s’établit autour de 350 km.
La Road Glide dans le sinueux ? Pas de problème
Le lendemain, il est temps d’aborder les gorges de l’Ardèche et de constater immédiatement que cette Harley n’a pas peur des virages. Evacuons tout de suite les prérequis : la garde au sol est suffisante pour se faire plaisir et le poids de la moto n’est jamais un problème. Pour sûr, il faut repenser son mode de conduite, anticiper et enrouler les trajectoires là où la conduite d’une moto incite naturellement à freiner tard et piquer à la corde. Mais au rythme de la balade, cette Road Glide est un vrai régal.
Le réseau secondaire lui va comme un gant car c’est là que son moteur donne le meilleur de lui-même. Chaque relance de courbe permet d’exploiter au maximum le couple de camion. S’il culmine à 160 Nm à 3 000 tr/mn, la force de ce bloc se ressent dès 1 200 tr/mn. Et cette plage sur laquelle on se trouve en permanence donne un sourire immédiat. Le bicylindre glougloute comme nul autre, la moto se balance naturellement d’un virage à l’autre. La remontée de l’Ardèche puis la descente des Cévennes sont une récréation pour l’américaine et son pilote !
Evidemment, les épingles façon route de haute de montagne ne sont pas le terrain de jeu préféré de la Road Glide, car le poids oblige malgré tout à repasser par la 1ere au moment de relancer. Pour le reste, l’agrément distillé par le moteur n’a pas d’égal. Seul bémol, un bridage à l’homologation qui l’empêche de réellement prendre des tours. Et si la majorité des clients Harley en passent par les différents “stages” de préparation officiels, ces optimisations restent coûteuses…
Des amortisseurs perfectibles
Les valises de La Harley-Davidson Road Glide s'ouvrent par le haut. © François Lemaur
Tout comme celles apportées sur les amortisseurs. Trop souples, ils génèrent parfois quelques réactions sèches dues à un verrouillage soudain sur les petites irrégularités de la chaussée, alors que les ondulations de la routes donnent plutôt l’impression d’être sur un pullman. Autre exemple d’une souplesse trop prononcée, les butées parfois touchées sur des descentes de ralentisseurs, bien que ce cas de figure soit rare. Le troisième jour du périple, la traversée de la Camargue et la remontée vers les Alpilles confirment toutefois que les grandes nationales roulantes sont le terrain de jeu idéal pour cette Harley. Tout le contraire des parkings en pentes rencontrés çà et là pendant le voyage ! Puisque la marche arrière n’est pas fournie de série, il faut y réfléchir à deux fois avant de béquiller, sous peine de rester sur place au moment de repartir… A l’arrivée sur Nice, la pluie me rappelle une nouvelle fois qu’avec pareil gabarit, la douceur est indispensable dans la gestion de l’accélérateur et que l’anti-patinage n’est pas superflu, car les battement du twin sont quand même musclés !
Après une pause de deux jours dans le Sud, je repars pour une belle séance d’autoroute. L’enchainement A8, A7, A6 pour regagner la région parisienne dans le même confort qu’à l’aller. Au bout de ce beau périple, une étonnante consommation moyenne de 5,6 l/100 km. Pas mal pour un engin de 550 kg avec les pleins, le pilote et ses bagages. Voyageuse hors pair, la Road Glide Limited tient la promesse qu’elle vous fait au premier coup d’œil. Celle de vous emmener loin, tranquillement, tout en distillant des sensations et un confort uniques dans l’univers du 2-roues. En un sens, c’est la moindre des choses, à 33 590 € avant personnalisation.
Source: L'Automobile Magazine