Après les violences urbaines, des mobilisations dans l'Yonne : "C'est important de venir soutenir les maires"
Dans l'Yonne comme ailleurs en France, ce lundi 3 juillet était marqué par une série de "mobilisations civiques" organisées à midi devant les mairies. Des rassemblements qui font suite aux multiples épisodes de violences survenus depuis plusieurs jours, notamment dans le Sénonais et le Jovinien pour ce qui concerne le département.
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À Auxerre Devant une soixantaine de personnes, le maire d’Auxerre, Crescent Marault, a lu le message envoyé par l’Association des maires de France avant qu’une personne de l’assistance n’entame une Marseillaise. Parmi les personnalités présentes, la sénatrice Dominique Vérien, Pascal Blaise, le suppléant du député Daniel Grenon, de nombreux élus de la ville et de l’agglomération. Crescent Marault a remercié les forces de l'ordre et les pompiers, ainsi que les agents mobilisés pour "contenir au maximum et effacer les traces des violences".
"C'est important de venir soutenir les maires. Ils font un boulot formidable, et je veux une réponse ferme contre ceux qui agissent en s'attaquant à eux ou aux biens et commerces. Ces gens se servent de la mort de Nahel comme d'un prétexte." pierre (Auxerrois)
À Sens Entre cent cinquante et deux cents personnes étaient rassemblées, sous une pluie battante, devant l’entrée de l’hôtel de ville de Sens. Des représentants du tissu commerçant, associatif. À l’image de Monique, une habitante, présente avec son compagnon Pierre : "On n'a pas subi de dommages directement mais on est de tout cœur avec les forces de l'ordre. On n'a pas eu peur mais on compatit pour ceux qui ont été victimes des émeutes." Ou encore de Corinne, de Sens, qui masquait difficilement sa colère : "J’en ai ras-le-bol. Je suis ici pour manifester mon attachement aux valeurs de la République."
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Le député (RN), Julien Odoul ainsi que l’ancien maire de Sens, Philippe Serré, étaient notamment présents. Après la sirène qui a retenti à midi, l’actuel maire (LR) Paul-Antoine de Carville a pris la parole, faisant applaudir, à plusieurs reprises, tous ceux qui ont été sur le front durant ces nuits d’émeutes.
"Les forces de l’ordre, à Sens comme ailleurs en France, ont agi avec grand sang-froid. Sans leur courage et leur dévouement, le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd." paul-antoine de carville (maire de Sens)
S’adressant aux habitants, le maire a salué "l’élan de solidarité" mis en place pour venir en aide aux commerçants de la rue d’Alsace-Lorraine "touchés par les pillages". Une nouvelle fois, malgré l’accalmie retrouvée, Paul-Antoine de Carville en appelle à "l’État qui doit agir en conséquence. Il nous faudra plus de policiers, plus de gendarmes, plus de caméras."
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À Joigny Une centaine de personnes se sont retrouvées près de la fontaine de la place du marché de Joigny à l’appel de la municipalité . Entourés de conseillers municipaux de l’opposition comme de la majorité, le maire (PS) Nicolas Soret a prononcé un discours.
"Je suis venue soutenir les maires qui galèrent, explique Nathalia. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi ces jeunes cassent tout." Habitant près de l’école Pauline-Kergomard non loin de La Madeleine, elle a tout entendu pendant ces nuits de violence. "Je suis restée chez moi, raconte-t-elle. J’entendais les explosions de pétard. Je ne voulais plus sortir même les jours d’après."
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À Migennes Environ 85 personne étaient réunies devant la mairie. Le maire, François Boucher, a lu, lui aussi, le texte de l’AMF avant une Marseillaise entonnée par la foule. "Ce rassemblement permet de dire stop, ce n’est pas en cassant et brûlant qu’on arrivera à trouver des solutions à leurs problèmes, réagit François Boucher. Moi, depuis une semaine, il y a des jeunes qui colportent qu’ils vont brûler ma voiture et ma maison."
"Il y a beaucoup de tristesse et d’incompréhension. Du dégoût, et un sentiment d’impuissance", explique Jacques, un habitant de Migennes. "C’était important et naturel d’être ici, on ne touche pas aux maires, c’est inadmissible", explique Claudine.
À Saint-Florentin Le maire Yves Delot n'a pas organisé pas de rassemblement. Il explique : "Ça ne sert à rien. Ce n’est que de l’apparat. Moi ce que je veux c’est une vraie justice."
À Vergigny Une dizaine de personnes étaient présentes devant la mairie, venant de la commune ou de Saint-Florentin et Turny, autour du maire Frédéric Blanchet. Ariane, une riveraine, témoigne : "On est en colère contre le comportement de tous ces jeunes. Certains font des bêtises, mais ne les assument pas. Qui va assumer toutes ces dégradations au final ?" “On soutient nos maires, les pompiers et les policiers”, résume Michelle. Au-delà, les participants s'insurgent plus globalement contre un “climat” de “violence palpable” et des “incivilités quotidiennes”. “Encaisser tout ça sans rien dire, je crois que les Français en ont assez”, se révolte Annick. Cette Florentinoise a essayé de dialoguer, samedi dernier, avec un groupe de jeunes, “pour essayer de comprendre leurs motivations. Mais ils m’ont tout de suite menacé. J’ai eu peur.” “On refuse de céder à l’intimidation d’une minorité”, affirme le maire de Vergigny.
À AvallonLa maire Jamilah Habsaoui a échangé avec une vingtaine de personnes présentes. L'élue, qui s’estime chanceuse qu’il n’y ait pas eu d’incidents à Avallon, condamne les événements dans les autres communes et apporte son soutien aux maires qui ont eu à les gérer. "ce n’est pas Avallon qui est une exception car il n’y a pas eu de dégradations, ce sont les autres villes qui le sont par l’ampleur des dégâts", réagit Jamilah Habsaoui.
À Toucy Malgré l'absence de violences en Puisaye, une trentaine de personnes se sont également rassemblées devant l'hôtel de ville de Toucy, dont le conseiller départemental Gilles Abry et le député Daniel Grenon (RN).
Anne, habitante de Toucy depuis sept ans, tenait à être présente. "Je suis là pour défendre la République et la laïcité avant tout, dans tous les domaines." Et ce même si la Puisaye-Forterre a été un territoire icaunais épargné par les émeutes, violences et dégradations de la semaine dernière. "Oui, mais on peut aussi penser nation. Il ne le faut pas l'oublier. Nous, on vient du nord où il y a eu énormément de dégâts. Cela nous touche de voir nos villes dévastées comme cela."
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À TonnerreCatherine Tronel, vice-présidente de l'association des maires de France (AMF), et Cédric Clech maire de Tonnerre, ont fait un discours devant une cinquantaine de Tonnerrois et une dizaine d'élus locaux. Une cérémonie qui a pris une dimension particulière après que les locaux de la gendarmerie de Tonnerre ont été visés par des tirs de mortier dans la nuit de vendredi à samedi et que plusieurs feux de poubelles ont été déclenchés.
"Je viens pour soutenir les maires et les gendarmes et les différentes administrations attaquées", confiait une jeune femme présente à Tonnerre. Un autre Icaunais indiquait, lui, vouloir "être présent en tant qu'associatif pour montrer notre désapprobation face à ces évènements dramatiques pour la démocratie, et pour soutenir les élus, les gendarmes, les pompiers".
La rédaction
Source: L'Yonne Républicaine