"On vit dans une période difficile, ce n’est que le début" : rencontre avec des habitants de Pithiviers après plusieurs nuits sous tension

July 03, 2023
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Le calme est revenu dans le quartier de Saint-Aignan à Pithiviers, dimanche 2 juillet. Quelques enfants jouent. D'autres profitent de l'agréable météo. C'est le cas de Céline, assise sur l’herbe qui a accepté de donner son point de vue sur les récentes actualités liées à la disparition de Nahel mais aussi du regain de violences commises par des jeunes. "L’éducation ne doit pas être qu’à l’école ou à la maison. Quand un enfant dérive, il ne faut pas le regarder faire".

Un peu plus loin, une autre habitante qui ne souhaite pas donner son prénom réplique : "On vit dans une période difficile, ce n’est que le début. Ce n’est pas facile de tenir son enfant. Quand il est chez lui avec ses parents, c’est simple. Mais une fois en extérieur, ce n’est plus pareil. Puis, certains parents travaillent de nuit, ou dorment et ne se rendent pas compte que leur enfant est sorti." Pour elle, "c’est l’addition de la pauvreté, de l’impunité et de la haine" qui déclenche toute cette violence.

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Des décisions qui ne conviennent pas

Sur le terrain de basket du quartier Saint-Éloi, deux jeunes s’apprêtent à faire quelques paniers. Ayman, 18 ans, regarde ses copains jouer. "Ce n’est pas trop mon truc", avoue-t-il en souriant. Pour lui, "la situation actuelle vient aussi de décisions qui ont déplu. Des gens en profitent pour causer du mal. Je ne cautionne pas ces actes. Nahel est l’élément déclencheur, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase."

Stanislas, son camarade de 19 ans qui vit dans le quartier, décrit cette violence comme :

"Une sorte de révolution sur des choses qui sont mises en place. Avec l’inflation, le coût de l’essence... c’est compliqué pour ceux qui vivent en HLM."

"C’est un craquage de la population." renchérit Ryan, 15 ans, leur copain.

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Un petit groupe de jeunes âgés de 11 ans veulent aussi donner leur avis : "La violence vient de l’injustice", répond l’une des fillettes."Ça vient aussi de Tiktok et Snapchat. Les réseaux sociaux y contribuent", ajoute un autre garçon.

Loin du terrain de basket, Ishag un habitant, indique que "la violence vient aussi de l’État. On ne devrait pas vivre dans cette situation."

Melle-Taliane N'Goma

Source: La République du Centre