Violences en France: un bilan économique déjà très lourd

RFI
July 03, 2023
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En France, les violences urbaines ont baissé d'un cran la nuit du dimanche au lundi 3 juillet alors que des émeutes agitent de nombreuses villes depuis la mort du jeune Nahel le mardi 27 juin. Si le retour au calme semble se dessiner à l'horizon, le bilan économique, lui, s'annonce déjà très lourd avec des centaines de destructions et de pillages. Du commerce au tourisme, de nombreux secteurs sont touchés à court et moyen terme.

Un magasin Aldi incendié lors des émeutes à Les Flamants, au nord de Marseille (sud de la France), le 1er juillet 2023.

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S'il est encore trop tôt pour chiffrer précisément les dégâts des nuits d'émeutes, la facture s’annonce d'ores et déjà salée. C’est d’abord le cas pour les collectivités publiques puisque de nombreux bâtiments publics ont été dégradés comme des écoles, des bibliothèques et des mairies. Du mobilier urbain et des transports publics ont aussi été détruits, comme des bus ou des trams.

L’autre victime majeure, c'est le secteur du commerce. Les images qui circulent sur les réseaux sociaux le montrent bien : de nombreux magasins ont été pillés et vandalisés. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a dressé un premier bilan samedi 1er juillet, parlant d'au moins 200 magasins de grande distribution, de 250 bureaux de tabac et de 250 agences bancaires attaquées partout en France. À cela s'ajoutent également les commerces de proximité qui ont été visés.

Rien que dans la région de Marseille, ville particulièrement touchée par les violences, les pertes pour les commerçants sont déjà estimées à plus de 100 millions d'euros par la chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Un coup dur en pleine période des soldes, pour un secteur déjà fragilisé par l'inflation.

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La difficile question des indemnisations

Pour les commerces touchés par les émeutes, les vols et les dégâts de type vitres cassées ou devantures brûlées sont normalement pris en compte par les assurances puisque ces dégradations sont inscrites dans la majorité des contrats souscrits par les professionnels.

Ce qui pose davantage problème, c'est le manque à gagner lié à la fermeture prolongée de ces commerces, autrement appelé les pertes d'exploitation. Pour ça, les assurances proposent la plupart du temps un contrat spécifique. Or seulement un commerçant sur deux serait couvert d'après France Assureurs.

Pour limiter la casse, Bruno Le Maire a demandé aux assureurs d'accélérer les indemnisations et de réduire les franchises. Plusieurs mesures ont aussi été prises, parmi lesquelles figurent le report du paiement des charges sociales et fiscales, la simplification des démarches d'assurances ou encore la prolongation d'une semaine des soldes.

Un coup de pouce insuffisant selon l'Alliance du commerce qui réclame de l'État la création d'un fonds d'indemnisation. Le Medef parle de son côté de « pertes irréparables » qui pourraient se solder par « du chômage partiel, voire des destructions d’emplois ».

COMMUNIQUE | Le @Medef, aux côtés des entreprises, appelle au retour de l’ordre républicain.#emeutes

Lire le communiqué : https://t.co/LEIFON1Vpt pic.twitter.com/OxPwljGv4z — Mouvement des Entreprises de France (@medef) July 3, 2023

Des violences qui font fuir les touristes

L'autre secteur concerné à court et moyen terme, c'est le tourisme. Alors que les professionnels s'attendaient à un bel été en perspective, les projections sont aujourd'hui moins optimistes.

L'embrasement, suivi de près à l’étranger, risque en effet de décourager certains touristes. Ces derniers jours, certains pays ont également appelé leurs ressortissants à la prudence. C'est le cas du Royaume-Uni, des États-Unis, et de la Chine notamment.

Les effets de cette mauvaise presse se font déjà ressentir. L'Office du tourisme de Paris parle d'un taux d'annulation supérieur à 20 % concernant la clientèle internationale. L'hôtellerie-restauration dresse le même constat avec une vague d'annulations des réservations. Une tendance aggravée par l'annulation de plusieurs grands événements culturels. Cette dégradation de l'image de la France inquiète les organisations patronales qui craignent que les investisseurs ne renoncent à des projets en France.

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Source: RFI