Dans le centre-ville d'Orléans, une première semaine de soldes dans un contexte trouble
Rue de la République, la vitrine brisée du magasin Mauboussin ne laisse pas indifférent. "Regarde ! C'est vrai qu'il y a eu les émeutes..." s'exclament deux jeunes, avant de passer leur chemin.
Une centaine de commerces touchés dans le Loiret
Plus loin, sur toute la longueur de la façade vitrée de Sephora, un imposant mur de liège cache la vue du magasin aux clients. Ce sont les seuls stigmates de la crainte de dégradations et de pillages qui a saisi les commerçants du centre-ville orléanais pour cette première semaine de soldes, alors que les émeutes en réaction à la mort de Nahel se multipliaient dans le Loiret. Selon la préfecture, une centaine de commerces auraient été touchés, dont 70 à Montargis.
Après l'incendie de la pharmacie Mirabeau, la police judiciaire saisie pour "tentative d'assassinat en bande organisée"
À Orléans, au centre-commercial Place d'Arc, des commerçants ont rapporté que la préfecture du Loiret, en coordination avec la directrice du centre, Cécile Quentin, aurait mis en place une fermeture anticipée des boutiques.
"Nous avons fermé à 17h au lieu de 20h vendredi. Ce week-end, il n'y avait pas beaucoup de monde par rapport à d'habitude. Des personnes âgées m'ont confiée qu'elles ne sortaient que le matin par peur des émeutes. Forcément, cette fermeture anticipée a eu un impact sur nos ventes." Une salariée du magasin Cleor du centre-commercial Place d'Arc, à Orléans (empty)
Mardi, l'Alliance du Commerce relevait que les émeutes liées à la mort de Nahel avaient "mis un coup d'arrêt brutal à l'activité des soldes" pour les grandes enseignes, passées de +8 % de chiffre d'affaires mercredi dernier à +4,1 % sur les cinq premiers jours par rapport à 2022.
Un fonds exceptionnel d’aide d’urgence de 100.000 euros pour les commerçants du Loiret dont les locaux ont été saccagés
D'autres ont confié avoir été informés en permanence de la situation sur un groupe de conversation Whatsapp commun. Des nouvelles vite relayées à leurs collègues de la Rue de la République, via un groupe analogue.
Une messagerie Whatsapp en cas de pépin
À l'origine de cette messagerie commune créée en 2021 et destinée à se tenir mutuellement au courant en cas de pépin, il y a Amélie, responsable de la boutique Pandora. Chez elle, les soldes sont bel et bien "plus calmes qu'habituellement". Face aux soubresauts de l'actualité, elle invoque un maître mot : l'adaptation.
"De toute façon, cela fait pas mal d'années que l'on subit tout au niveau de l'actu : les manifs le samedi, les Gilets jaunes, les émeutes... Vendredi, samedi et lundi dernier au soir, nous avons occulté toutes les vitrines. Pas le choix pour l'assurance." Amélie, responsable de la boutique Pandora, rue de la République, à Orléans (empty)
Plus loin, la responsable d'Antonelle relativise l'inquiétude collective :
"Tout le monde a fermé à 18 heures le jeudi et le vendredi. Pour ma part, je suis restée ouverte, je voulais faire du chiffre. On a tous flippé, mais il n'y a eu aucune dégradation au final. Rue de la République, les commerçants ont été épargnés." La responsable du magasin Antonelle, rue de la République, à Orléans (empty)
Si l'inquiétude a été vive pour les commerçants de la rue de la République et de Place d'Arc, aucune violence, dégradation ou pillage n'a été à déplorer – selon une salariée de Mauboussin, leur vitrine a été brisée par un individu isolé il y a un mois.
Ouverture exceptionnelle ce dimanche
Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, a annoncé mercredi que les soldes seraient prolongés jusqu'au 1er août, pour combler le manque à gagner des commerçants suite aux violences urbaines.
Dans le même but, la préfecture du Loiret a confirmé ce vendredi une ouverture exceptionnelle des commerces ce dimanche 9 juillet.
Izia Rouviller
Source: La République du Centre