À Fouesnant, un drôle de peloton au Festidreuz
Bien que son nom n’ait pas figuré sur la programmation, Frédéric Henrio pourra se targuer, dimanche 9 juillet, à l’issue de l’édition 2023 du Festidreuz, d’avoir lui aussi attiré un public nombreux ; dans son cas, des acteurs et non des spectateurs, qui, pendant trois jours, se sont succédé sur les dix vélos qu’il avait installés à l’entrée du site et grâce auxquels ils ont pu, en tournant les jambes, recharger leur téléphone portable.
« C’est un système assez simple, explique celui qui travaille comme gazier chez ERDF. Chaque vélo est équipé d’un moteur électrique connecté à un home-trainer (équipement qui permet de faire du vélo chez soi, de façon statique, NDLR). Quand on pédale, on le fait fonctionner, et l’énergie est convertie en un courant 230 V-50 Hz qui est utilisé pour alimenter un bloc de dix prises électriques que j’ai fabriqué ».
Initialement, ce cyclotouriste membre du club de Saint-Évarzec avait conçu son système à partir de moteurs de trottinettes. « Mais le frottement du pneu arrière provoquait un échauffement et en matière de rendement, on était à 30 %, contre 70 % aujourd’hui », indique celui qui a paré à tous les problèmes, en mettant également en place, dans son circuit électrique, un régulateur destiné à envoyer le trop-plein d’énergie à des résistances de diversion. « On parle quasiment tout le temps du risque lié à une sous-tension, qui se matérialise par un arrêt de l’appareil que l’on fait fonctionner, mais celui lié à la surtension existe également puisqu’on peut griller le matériel », éclaire-t-il.
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Frédéric Henrio a bricolé en dix jours ce bloc de dix prises, avec, pour chacune d’entre elles, trois adaptateurs pour recharger la majeure partie des modèles de téléphones portables. « J’y ai ajouté un câble électroluminescent, de façon à rendre l’invisible, en l’occurrence l’électricité, visible », glisse-t-il. (Le Télégramme/R.G.)
« Je pensais être peinard »
Depuis le premier jour du Festidreuz, ce passionné de VTT, qui ne se déplace plus qu’à vélo électrique au quotidien, n’a « pas arrêté » et accueilli des dizaines de personnes. « Je pensais être peinard mais je suis resté sur le pont jusqu’à 00 h 30 vendredi ! », déclare-t-il, amusé et « heureux que les gens aient joué le jeu ». « Je suis un peu comme les artistes qui proposent de nouveaux morceaux : j’ai toujours peur que ça ne marche pas », confie ce pédagogue, qui, au-delà de proposer une activité pratique et ludique, aspire à faire prendre conscience de certaines choses.
Sur son stand, Frédéric Henrio possède un jeu de cartes qu’il montre aux pédaleurs, afin qu’ils prennent conscience de ce que représente, en heures de vélo, le fonctionnement de tout un tas d’appareils électriques du quotidien. (Le Télégramme/R.G.)
« La technologie ne résoudra pas tout »
« En plus des prises pour recharger le téléphone, j’ai branché un grille-pain, ce qui a permis aux gens de constater que même en pédalant à dix de façon simultanée, ils arrivaient à peine à obtenir un toast doré. Quand on parle en watts, ça ne signifie rien pour eux. En revanche, quand on passe sur le nombre de pédaleurs et la durée, là… », détaille-t-il, avant de conclure : « Je veux qu’ils comprennent qu’il faut toujours une énergie primaire pour produire de l’électricité, qui est une énergie secondaire : le pétrole, le charbon, ou les muscles, et que tout a une valeur. Au-delà de ça, j’aimerais qu’ils aient bien à l’esprit que si la technologie peut nous aider, elle ne résoudra pas tout. La solution passe aussi par les comportements de chacun ».
Source: Le Télégramme