Livret A : Le taux retenu par Bercy risque de décevoir les épargnants
Alors que la décision d’augmenter le taux d’intérêt du livret A fait débat à l’Assemblée depuis le début de l’année, le ministère de l’Économie et des Finances devrait rendre public dans les prochains jours le chiffre retenu. Ce dernier risque décevoir les épargnants, qui espéraient une augmentation du taux à 4 %.
Le suspense reste entier concernant le taux qui sera offert à partir du 1er août aux 55 millions de Français qui possèdent un livret A. Il est actuellement de 3 %. Une chose est sûre, ce taux va monter, mais de combien ? Telle est la question.
Depuis 2003, son taux est déterminé par une formule mathématique, calculé deux fois par an. L’idée était de dépolitiser le livret A et de faire de l’annonce de son taux un non évènement. Mais, avec le réveil brutal de l’inflation, qui malmène le pouvoir d’achat des épargnants, la question est redevenu politique.
Le taux est d’ailleurs remonté fortement en deux ans, passant de 0,5 % à 3 %. Selon le dernier calcul , il devrait remonter à 4,1 %. Cependant, il n’en sera sans doute rien, car la Banque de France a la possibilité de déroger à cette formule mathématique et elle devrait proposer à Bercy un taux bien inférieur.
Éric Lombard plaide pour maintenir le taux à 3 %
Vous connaissez l’expression « ménager la chèvre et le chou ». François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, s’est livré à cette exercice hier matin sur Franceinfo. D’un côté, il faut préserver l’intérêt des épargnants mais, de l’autre, il faut tenir compte des difficultés du marché immobilier.
Or, l’argent du livret A est un pilier essentiel du financement du logement social en France. Depuis quelques jours, les représentants de la Caisse des dépôts rappellent que le niveau actuel des taux pénalise déjà leur activité. Éric Lombard plaide même pour une stabilité à 3 %.
Il n’est d’ailleurs pas le seul à s’inquiéter. Les banques, qui utilisent une partie des dépôts pour leur activité de prêt, se plaignent aussi de l’impact de la hausse des taux sur leur cout de financement et donc leur capacité à prêter de l’argent.
Les assureurs se plaignent de l’augmentation du taux du livret A
Enfin il y a les assureurs qui constate aussi la désaffection des Français pour l’assurance vie en fonds euros. Celle-ci n’a rapporté l’an dernier que 2 %, soit deux fois moins que le livret A si son taux devait grimper à 4 %.
La Banque de France est très attentive à ne pas fragiliser ces compagnies, mises à mal par des années de taux bas. Le taux ne sera donc sans doute pas de 4 %, mais autour de 3,5 %, d’autant qu’il y a un autre argument avancé par la Banque de France : la hausse des prix ralentit.
Quel que soit le taux, le livret A reste le placement préféré des Français
C’est même l’année du livret A. Autant les Français se sont détournés de l’assurance vie, autant ils ont mis leurs économies dans cette enveloppe défiscalisée et garantie par l’État, et en particulier l’argent qui dormait sur leur compte courant depuis le confinement.
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Les Français y ont déposé près de 25 milliards d’euros entre janvier et mai. Un record depuis 2009. Au total, les Français détiennent plus de 400 milliards d’euros sur ce placement. Une différence de taux de 1 % couterait donc très cher aux banques et à la Caisse des dépôts.
Pierrick Fay
Source: Radio Classique