Du jamais vu "de mémoire de viticulteur" : 90% des vignes du Bordelais frappées par le Mildiou
Les fortes chaleurs, ponctuées d'épisode de pluie, ont favorisé la prolifération du champignon qui attaque les vignes et risque de détruire leur récolte.
Le Figaro Bordeaux
Un malheur n’arrive jamais seul. Le Bordelais, après un plan d’arrachage douloureux, souffre désormais du Mildiou. Les fortes chaleurs, ponctuées d’épisode de pluie, ont favorisé la prolifération du champignon qui attaque les vignes et risque de détruire leur récolte. Selon la chambre d’Agriculture de la Gironde, 90% des vignobles du département sont impactés. Un épisode inédit «de mémoire d’agriculteur», insiste l’institution. Et si pour l’instant ce sont principalement les feuilles des sarments qui sont touchées, la maladie peut très rapidement se propager aux grappes de raisin sensibles jusqu’à leur phase de maturation, qui commencera en août.
«C’est extrêmement difficile psychologiquement pour les viticulteurs. C’est une forme de supplice chinois de ne pas savoir quand cela va s’arrêter et jusqu’où la maladie peut s’étendre», confie au Figaro, Bernard Farges. Le vice-président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) est très inquiet car au-delà du Bordelais, c’est la profession qui souffre : les vignes de Cahors, de la Provence, de Bergerac et du Gers sont également frappées.
Drame
Très concrètement en Gironde, les plants de Merlot - cépage majoritaire dans certaines exploitations - sont les premiers concernés. Certaines parcelles de Cabernet Sauvignon sont également en souffrance. «Pour l’instant, il est impossible d’évaluer les pertes. Mais au-delà des chiffres, il faut comprendre qu’il y a des situations dramatiques. L’enchaînement des sinistres met beaucoup d’entreprises en grande difficulté. Selon la part du cépage dans l’exploitation, cela peut représenter 100% de la récolte perdue», explique Bernard Farges, qui exploite 95 hectares de vignes avec son frère. Chez les viticulteurs, le désarroi, doublé d’un sentiment de culpabilité, grandit selon leur confrère.
Ce coup dur, de l’ordre du jamais vu en raison de son ampleur, est d’autant plus cruel que la situation économique du Bordelais (dont les ventes sont en perte de vitesse en France comme sur les marchés chinois) est déjà fragile. «Les viticulteurs assistent désabusés à la perte de leur récolte à venir», abonde ainsi la Chambre d’Agriculture de la Gironde, qui réfléchit déjà à l’enclenchement d’un processus d’indemnisations exceptionnelles. «Cet excès d’eau est un accident climatique qui doit être couvert par les assurances, car cela dépasse le phénomène naturel de la maladie (qui est rarement assuré, NDLR)», analyse Bernard Farges. Avant cela, le sinistre doit néanmoins être reconnu par l’État.
Source: Le Figaro