VIDÉO. Opération anti-migrants à Mayotte : CRS et policiers du RAID interviennent dans la jungle

April 24, 2023
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« On veut des gens qui nous protègent, ils nous ont menacés de mort », s’inquiète Aïcha devant son pas-de-porte. « Ils ont menacé de revenir pour brûler ma maison. Ce n’est pas possible, on est ici chez nous », réclame encore cette habitante de Tsoundzou à Mayotte, qui dit ressentir de la « terreur » après avoir été prise à partie par des jeunes dans la jungle mahoraise. Depuis quelques jours à Tsoundzou, les policiers du RAID aidés par la compagnie CRS 8 et des policiers locaux tentent de déloger et de détruire des barrages construits par des jeunes et procéder à leurs interpellations.

Selon le ministère de l’Intérieur, 1 800 policiers et gendarmes ont été dépêchés sur ce petit archipel de l’océan Indien, pour vider les bidonvilles de leurs occupants illégaux, la plupart des migrants venus des Comores voisines. « Les jeunes se sont regroupés, ils ont fait des barrages que l’on a dû réduire les uns après les autres, explique le Commissaire divisionnaire Laurent Simonin, chef de la police à Mayotte. Et on avait peur que les maisons qui sont derrière moi soient attaquées par les jeunes pour les piller ».

Selon l’Insee, près de la moitié des 350 000 habitants estimés de Mayotte ne possède pas la nationalité française. Les migrants venus des Comores voisines sont accusés par la population et les élus de déséquilibrer le peu d’infrastructures et de ressources de l’île et de nourrir la délinquance.

L’inquiétude de la Défenseure des droits

Plusieurs organisations, dont la Ligue des droits de l’homme, se sont inquiétées que « la France place ainsi des mineurs dans des situations de vulnérabilité et de danger intolérables ». La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a demandé à Beauvau de renoncer à l’opération, face aux risques « d’aggravation des fractures et des tensions sociales » à Mayotte, et « d’atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères ». « Les actions annoncées (…) m’inquiètent tout particulièrement », a déclaré la Défenseure des droits Claire Hédon, qui a annoncé la présence de quatre de ses délégués sur place.

« On ne peut pas respecter les droits des personnes en les considérant comme une masse informe », a fait valoir Flor Tercero, responsable des Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), une délégation de robes noires mandatées par des barreaux métropolitains pour mener une mission d’observation de l’opération.

L’association Droit au logement (DAL) a également appelé ce dimanche à stopper l’opération de police dite « Wuambushu ». Cette opération « d’une ampleur inédite en France depuis un siècle », selon le DAL, risque de « briser des familles » et de les jeter « dans la grande misère », redoute l’association. Dans son communiqué, le DAL appelle à l’arrêt de cette opération « anti-pauvres » et qui « confirme une nouvelle régression des politiques du logement des classes populaires : on résorbe l’insalubrité non plus en relogeant les habitants de quartiers informels, mais en les stigmatisant pour mieux justifier leur expulsion ».

Source: Le Parisien