EDITO. Emmanuel Macron défend la liberté d'expression des ministres, après les déclarations de Pap Ndiaye sur CNews
Emmanuel Macron a volé au secours de Pap Ndiaye, dans la tourmente après avoir qualifié CNews de chaîne d'extrême droite. "Quand on fait de la politique, on est libre d’exprimer une opinion", estime le président.
Emmanuel Macron déteste l’hallali. Les chasses à l’homme, très peu pour lui. Son instinct, dans ce genre de situation, le conduit par principe, à prendre parti de la cible. Or la bataille était devenue disproportionnée : d’un côté un ministre acculé, de l’autre des critiques ad hominem caricaturales. Au milieu, le silence assourdissant du gouvernement : des ministres mutiques, de peur sans doute de ne plus être invité sur CNews ou de commettre une faute aux yeux du président en période de remaniement. Finalement, la seule voix qui s’est exprimée est celle d'Elisabeth Borne, mais pour enfoncer un peu plus Pap Ndiaye. Nul doute que prendre une fois de plus le contrepied de sa Première ministre a joué, aussi, dans la sortie du président.
Il y a certes dans les propos de Pap Ndiaye un risque de confusion entre les journalistes d'un groupe et son propriétaire. Tous les salariés ne forment pas un bloc monolithique. Mais il y a aussi des faits : Eric Zemmour longtemps chroniqueur à CNews, une sanction de l’Arcom pour avoir trop invité un candidat Rassemblement national, des propos antimusulmans épinglés…Et il se trouve qu’avant d’être ministre, Pap Ndiaye est un intellectuel, c’est à cette aune qu’il faut lire sa déclaration. Il dit ce qu’il pense, et il le dit avec honnêteté, avec rigueur presque : oui, à ses yeux, CNews est d’extrême droite. Dans ce débat, le problème, c’est surtout l’émetteur : un ministre fragilisé, qui à peine nommé, subissait déjà les foudres de ceux qu’il désigne aujourd’hui.
Le soutien présidentiel va-t-il sauver Pap Ndiaye ?
C’est peu probable, car le problème de fond demeure : Pap Ndiaye n’a pas réussi à incarner son ministère ou à défendre son bilan. La hausse de la rémunération des enseignants par exemple, inédite depuis 30 ans, n’est même pas mise à son crédit, quand l’on retient son manque de réactivité après le suicide de la jeune Lindsay, ou sa difficulté à incarner un discours clair sur la laïcité à l’école.
Le président lui reconnaît une chose, devant son entourage : Pap Ndiaye a apaisé la situation avec les professeurs. Mais attendait-il beaucoup plus de lui ? Emmanuel Macron s’est arrogé les belles annonces et a relégué l’historien à l'arrière-plan de ses déplacements emblématiques sur l’école. Aujourd’hui, le président envisage de se séparer d’un ministre qu’il a lui-même contribué à invisibiliser.
Source: franceinfo