John Kerry, troisième dignitaire américain à se rendre à Pékin en un mois
L'émissaire John Kerry, envoyé spécial américain pour le climat, est en Chine ce dimanche 16 juillet et jusqu'à mercredi. C'est le troisième déplacement en quelques semaines d'un haut responsable américain. Après des mois de fortes tensions, l'heure semble au dialogue entre les deux géants. Avec assez peu de résultats tangibles pour le moment. Le point à travers l'œil d'Emmanuel Véron, chercheur enseignant à l'École navale et expert de la Chine.
L'envoyé spécial du président pour le climat, John Kerry, lors d'un entretien avec l'Associated Press aux États-Unis, après la réunion des ministres du G7 sur le climat, l'énergie et l'environnement à Sapporo, au Japon, le 16 avril 2023.
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Malgré le dialogue et la très forte interdépendance économique, « les tensions demeurent ». Que ce soit la visite du secrétaire d'État Antony Blinken à Pékin, en juin, ou celle de Janet Yellen, son homologue au Trésor, ce mois-ci, aucune avancée substantielle n'est sortie de leurs rencontres avec les interlocuteurs chinois.
Ce ballet diplomatique américain sert avant tout à ne pas rompre le fil du dialogue, explique Emmanuel Véron, enseignant-chercheur associé à l'École navale : « Je crois que c'est important de voir la volonté de la diplomatie américaine d'échanger et d'envoyer un certain nombre d'émissaires directement sur le territoire chinois malgré l'hostilité réciproque, malgré les tensions.
Ça permet de maintenir des contacts à haut niveau, et ça permet au niveau américain de rester pro-actif et de montrer également à la face du monde, mais aussi aux Chinois, que l'administration Biden reste engagée sur le dialogue couvrant l'ensemble des sujets économiques, commerciaux, stratégiques et militaires.
Le climat, sujet de la visite de John Kerry, est peut-être un terrain d'entente. Les États-Unis et la Chine sont les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre et tous les deux investissent à coup de milliards dans les énergies renouvelables. « Ça permet de montrer à la gouvernance mondiale que les grandes puissances responsables abordent les sujets », commente Emmanuel Véron. « Mais fondamentalement, ajoute-t-il, il n'y a pas de prise de décision et encore moins de sujet de coordination ou de coopération. »
Un « terrain d'entente extrêmement délicat »
Les points de friction n'ont pas bougé pour autant : Washington fustige l'agressivité de l'armée chinoise dans le détroit de Taïwan, des cyberattaques répétées, la proximité de Pékin avec Moscou, ou encore la répression des Ouïghours et des Tibétains. Pékin appelle les États-Unis à cesser « toute ingérence » dans ce qu'elle considère comme ses affaires intérieures, et réclame la levée des « sanctions illégales et injustifiées » visant des entreprises chinoises dans différents domaines.
« Le terrain d'entente est extrêmement délicat, il n'y a pas de réel dégel dans les relations, ça reste extrêmement hostile, ça reste très compliqué, très tendu. Les Chinois, quelque part, profitent de la situation pour montrer qu'ils sont capables d'accueillir la succession de ces délégations, de mettre, si je puis dire, beaucoup d'efforts dans la symbolique diplomatique de la réception, de dire : "On entend et on accepte que vous vous déplaciez jusqu'à chez nous, mais nous, on est les maîtres du jeu en matière de symbolique, de la réception diplomatique". »
Reste que l'interdépendance entre les deux superpuissances s'est encore accrue l'an dernier : près de 700 milliards de dollars ont été échangés. Un record.
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Source: RFI