" Pour faire reculer la malnutrition, l’un des plus sûrs moyens est de privilégier le développement des petites exploitations agricoles "

July 16, 2023
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Les chocs climatiques à répétition, le Covid-19, la guerre en Ukraine et, plus récemment, l’arrivée à échéance le 17 juillet de l’accord céréalier d’exportation par la mer Noire entre la Russie et l’Ukraine ont remis au premier plan la question de la sécurité alimentaire dans les pays en développement.

Les populations les plus exposées vivent à l’écart des centres urbains, dans les campagnes, où la majorité des familles sont devenues acheteuses nettes de nourriture. Pour faire reculer la malnutrition, et plus généralement la grande pauvreté, l’un des moyens les plus sûrs est de donner la priorité au développement des toutes petites exploitations agricoles.

Au Sénégal, un habitant sur deux habite en dehors des villes et l’agriculture emploie le quart des actifs. Les trois quarts des exploitations agricoles disposent de moins de cinq hectares. Du Nord aride où domine le pastoralisme au Sud propice aux cultures tropicales, le paysage agricole présente une mosaïque de systèmes et de savoir-faire qui sont autant de potentiels à mobiliser.

Le soutien au maraîchage

Trois types d’action en faveur des micro-entreprises agricoles permettent une telle mobilisation.

Le premier concerne l’intensification des pratiques sur les exploitations pour produire plus et mieux à l’hectare. C’est l’objet des projets de soutien au maraîchage conduits depuis une décennie dans la région centre du Sénégal, encore couramment qualifiée de « bassin arachidier ». Mais, à l’opposé des schémas du passé misant sur la monoculture de l’arachide, la clef pour assurer le développement des micro-entreprises est la diversification des cultures et la limitation des intrants chimiques, autrement dit l’agroécologie.

Un peu plus de 70 % des producteurs accompagnés dans ce type de projet changent leurs pratiques en une décennie. Sur les petites parcelles, les exploitations agricoles familiales cultivent couramment neuf produits (piment, oignon, poivron, tomate…) et jusqu’à quatorze produits pour les plus performantes. Cette diversification a engendré un triplement des rendements à l’hectare entre 2016 et 2022.

Pour pérenniser cette dynamique, l’agroécologie offre une palette de moyens visant la régénération du milieu naturel. L’embocagement des sites de production, avec la plantation d’arbres et d’arbustes (acacia, anacardier, moringa, albizia…), permet de lutter avec efficacité contre l’érosion et l’appauvrissement des sols. Elle contribue également à la réduction des besoins en irrigation pour protéger la ressource en eau et facilite la réduction massive des intrants chimiques.

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Source: Le Monde