Plan d'arrachage des vignes en Gironde : plus de 900 dossiers déposés avant la clôture de la plateforme
Les viticulteurs girondins avaient jusqu'à ce lundi 17 juillet, minuit, pour déposer une pré-inscription sur la plateforme de l'Etat en vue d'arracher tout ou partie de leur vigne. Début mars, le gouvernement a annoncé une enveloppe de 57 millions d'euros , financée par l'Etat et le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, pour arracher 9 500 hectares de vignes dans le Bordelais, à hauteur donc de 6 000 euros l'hectare. A quelques heures de la clôture, plus de 900 dossiers avaient été déposés pour un peu plus de 7 000 hectares. L'arrachage devrait se concrétiser dans le courant de l'hiver 2024.
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"C'est la preuve qu'on répond à une demande de nos viticulteurs", explique Stéphane Gabard, président du syndicat Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Une étude menée par la Chambre d'agriculture de la Gironde en début d'année , avançait le chiffre de 1 320 viticulteurs en difficulté dans le département. Selon Stéphane Gabard, plus de la moitié de ces 900 dossiers concernent des viticulteurs qui veulent cesser leur activité, face à l'enchaînement ces dernières années, des aléas climatiques, de la crise économique, de l'effondrement de la consommation.
Près de la moitié des viticulteurs inscrits veulent tout arrêter
Parmi les viticulteurs candidats à l'arrachage, Renaud Jean, viticulteur depuis 26 ans dans l'Entre-deux-Mers, 37 hectares cultivés en Bordeaux à Roquebrune, entre La Réole et Monségur, et Saint-Martin-de-Sescas, près de Langon. "Je me suis inscrit dès le premier jour", décrit-il. Il veut arracher quinze de ses 37 hectares pour dit-il "se recentrer sur une exploitation à taille humaine". "Aujourd'hui, je fais beaucoup d'export, je suis confronté à des tarifs de l'ordre de 1,28 euro la bouteille de Bordeaux livrée en Chine. C'est complètement délirant ! Moi, habiller une bouteille de Bordeaux me revient à plus d'1,15 euro, sans compter le vin donc je ne sais pas faire !"
Renaud Jean se dit "ni heureux, ni malheureux" de ce choix, celui de la raison face à la crise, car lui a créé son entreprise avec son épouse. Il n'est pas de ces viticulteurs qui doivent envisager de se séparer d'un héritage familial sur plusieurs générations. Aucun de ses trois enfants ne veut reprendre l'exploitation, et "c'est un soulagement", commente le vigneron.
La renaturation ou la diversification
Quel avenir pour ces parcelles bientôt arrachées, sans doute au courant de l'hiver 2024 ? Renaud Jean a un temps envisagé la renaturation, via la plantation d'arbres, comme pour des parcelles qu'il a déjà arrachées, à ses frais, auparavant. Mais, il revient un peu sur ce choix, étudiant la diversification via, l'agrivoltaïsme ou la production de foin pour les gros animaux domestiques. "Une solution peut-être plus adaptée aux aléas climatiques, toutes les productions n'étant pas touchées en même temps", commente Stéphane Gabard, président du syndicat Bordeaux et Bordeaux supérieur
Une seule inquiétude, pour Renaud Jean : "cet arrachage, ça ne réglera rien", lance-t-il, car "les vignes abandonnées avant 2022 ne rentrent pas dans ce plan d'arrachage". Or, ce sont elles, selon lui, qui posent le plus de problèmes sanitaires et sont en partie responsables de l'actuelle épidémie de mildiou qui affecte 90% du vignoble girondin. Stéphane Gabard l'admet, mais il affirme "pour ces vignes-là aussi, nous sommes à la recherche de solution, comme par exemple, un partenariat avec Alliance Forêt Bois pour installer de la forêt à coût zéro pour les propriétaires des parcelles."
Source: France Bleu