Nicolas Bedos visé par une enquête préliminaire pour "viol" et "agressions sexuelles"

July 19, 2023
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La parole se libère. Le réalisateur et comédien Nicolas Bedos, 44 ans, est visé par une enquête pour viol et agressions sexuelles après trois plaintes distinctes de femmes. L'enquête préliminaire a été ouverte le 5 juillet et confiée au premier district de la police judiciaire de Paris, a indiqué mardi le parquet, confirmant une information de Mediapart . Contactée, l'avocate de Nicolas Bedos, Me Julia Minkowski, n'a pas souhaité réagir. Cette nouvelle enquête est distincte de la plainte pour "agression sexuelle" déposée le 12 juin. Ce délit est passible de 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Nicolas Bedos est convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris en février 2024.

Une comédienne de 50 ans témoigne

Deux des femmes qui disent avoir adressé un signalement fin juin au parquet de Paris ont raconté auprès de Mediapart les faits de nature sexuelle dont elles accusent Nicolas Bedos. L'une d'elle, une comédienne et scénariste âgée aujourd'hui de 50 ans qui se fait appeler Chloé, accuse le réalisateur de l'avoir violée au domicile des Bedos à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) une nuit de 1999.

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Agée à l'époque de 26 ans et serveuse, Nicolas Bedos avait 20 ans, elle avait accepté de suivre chez des amis puis chez ses parents Nicolas Bedos avec qui s'était instaurée une "forme de relation amicale". "Toutes ces années, j’ai espéré qu’une femme plus courageuse que moi porte plainte, il semble que cela soit arrivé", écrit-elle. Elle témoigne auprès de Médiapart. Nicolas Bedos l’aurait "attrapée à la gorge, plaquée contre le mur", puis lancé cette phrase : "Tu te prends pour qui, t’es pas Catherine Deneuve !"

Une deuxième femme, sous le prénom de Marion, a décrit au média en ligne une agression sexuelle commise par le cinéaste en août 2017 dans une maison de vacances alors qu'elle était adolescente. Les faits dénoncés dans la troisième plainte n'ont pas été précisés.

Une garde à vue en juin dernier

C'est la révélation de la garde à vue du comédien et de l'annonce de son procès qui ont décidé les deux premières femmes, qui se connaissent, à témoigner auprès de la justice, précise Mediapart. Le réalisateur a été placé en garde à vue le 21 juin après la plainte d'une femme l'accusant d'avoir touché ses parties intimes par-dessus son pantalon, dans un club parisien dans la nuit du 1er au 2 juin.

Dans sa plainte, elle indiquait s'être rendue avec son grand-frère et sa compagne ainsi que deux amis dans la discothèque le "Sauvage" dans le 1er arrondissement de Paris. Selon le parquet, les faits ont été commis le 2 juin. Cette jeune femme accusait Nicolas Bedos d'avoir tendu sa main droite au niveau de ses parties intimes, par-dessus son pantalon. Elle dit alors l'avoir repoussé, et se souvient que celui-ci lui avait dit "tu vas pas me frapper, là ?".

"Modus operandi"

A l'issue de son audition, il a été convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris en février 2024 pour agression sexuelle en état d'ivresse manifeste, un délit pour lequel il encourt cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

"Il ne veut pas remettre en doute la parole de la plaignante qui décrit un geste déplacé de quelques secondes par dessus son jean", avait expliqué il y a quelques semaines son avocate, Me Julia Minkowski. "Mais un tel geste, dont il n'a pas le souvenir, qui se serait produit sur la piste de danse d'une boîte de nuit, n'a pu être qu'accidentel sous l'effet de l'ébriété", avait-elle ajouté.

Selon Mediapart, la femme qui se fait appeler Chloé a précisé "être allée témoigner (auprès de la justice) pour dire que ce n'est certainement pas un accident". Marion, elle, dénonce le prétexte de l'alcool avancé par le comédien qui relève, selon elle, "plus du modus operandi que de l'excuse". L'enquête préliminaire devra notamment déterminer si les faits dénoncés ne sont pas prescrits et s'il n'existe pas d'autres victimes. Avant 2017, le délai de prescription pour une agression sexuelle était de trois ans et de dix ans pour un viol. La loi prévoit désormais un délai de prescription de six ans et vingt ans.

Source: France Inter