Pour ce remaniement, Emmanuel Macron ne débauche plus à droite

July 20, 2023
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Le président du groupe LR, Olivier Marleix, discute avec le député apparenté LR Meyer Habib, et la députée LR Annie Genevard, à l’Assemblée nationale, le 18 juillet 2023. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Chez Les Républicains (LR), le téléphone a peu sonné avant le remaniement gouvernemental annoncé le 20 juillet. Certains ont bien ironisé sur « l’attente fébrile du côté de Rillieux-la-Pape », la ville d’Alexandre Vincendet, député du Rhône et partisan déclaré d’un accord politique avec l’exécutif. Mais, en réalité, même les plus « macroncompatibles » des élus LR ne figuraient pas dans les petits papiers de la majorité pour rejoindre le nouveau gouvernement constitué autour d’Elisabeth Borne. « Honnêtement, il n’y a rien qui tournait à ce sujet ces derniers jours, souffle le député des Alpes-Maritimes Eric Pauget. C’est un serpent de mer qui resurgit depuis la dernière présidentielle, mais depuis les départs d’Eric Woerth et Damien Abad, il ne se passe presque plus rien dans le sens des départs. »

M. Abad reste donc la dernière prise de guerre à droite par la majorité. Alors président du groupe LR à l’Assemblée nationale, il avait été un très éphémère ministre des solidarités entre le 20 mai et le 4 juillet 2022, avant de quitter son poste en raison d’accusations de viol qu’il conteste toujours. « Je pense que ce grand exemple ne donne pas forcément envie aux gens de se bousculer », avait ironisé, mardi 18 juillet, Olivier Marleix, le patron du groupe LR au Palais-Bourbon. De son côté, Eric Woerth, ancien ministre de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy, avait rallié Emmanuel Macron dès la campagne présidentielle de 2022.

Avant même que la question lui soit posée lors de son point presse hebdomadaire, Olivier Marleix avait dit tout le mal que lui inspiraient de potentielles tentatives de débauchage. « Il n’y a pas beaucoup de candidats à droite pour entrer au gouvernement, mais ce serait profondément irrespectueux d’aller juste flatter les plus vils instincts humains », a déclaré le député d’Eure-et-Loir. Un message autant adressé aux recruteurs qu’aux recrutés possibles. Dans le petit groupe d’une dizaine de députés LR présentés comme « macroncompatibles », certains se sont sentis visés et n’ont pas apprécié les termes choisis par leur chef de file, jamais avare d’une critique acerbe contre le président de la République.

Fiabilité douteuse de LR

De son côté, Emmanuel Macron semble ne plus compter autant qu’avant sur la droite pour renforcer son gouvernement, après les prises remarquées d’Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou Sébastien Lecornu, lors de son premier quinquennat. « Ces débauchages individuels avaient aussi pour but la fragmentation de LR, note Antoine Vermorel-Marques, député LR de la Loire. Mais, aujourd’hui, le pouvoir regarde surtout le nombre de députés que pourrait lui garantir la venue de quelqu’un de chez nous. »

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Source: Le Monde