L'orgueil d'Asgreen, les préjugés du peloton

July 20, 2023
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Le fait du jour

Ce jeudi à Bourg-en-Bresse, il n'y a qu'un vainqueur officiel. Mais le succès de Kasper Asgreen n'est-il pas, un peu, celui de tous les échappés de ce Tour de France 2023 qui ont sérieusement été rudoyés par le peloton ? Celui-ci ne leur a pas laissé beaucoup de liberté depuis Bilbao, ailleurs qu'en montagne et encore quand la Jumbo-Visma n'avait pas un plan et une cadence à tenir.

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Trouver des courageux pour partir à l'aventure sur les étapes plates n'était d'ailleurs pas chose aisée depuis deux semaines. Puisque le chat n'avait pas même envie de jouer avec les souris, à quoi bon ? Ce jeudi, à la sortie des Alpes, ils étaient trois, puis quatre quand Pascal Eenkhoorn a rejoint Kasper Asgreen, son coéquipier Victor Campenaerts et Jonas Abrahamsen. Ce dernier a d'ailleurs un temps voulu se relever pour reprendre sa place dans le peloton. On lui en aurait un peu voulu mais à quoi bon s'arracher ? Cette échappée n'avait que… 28 secondes d'avance à 66 kilomètres de l'arrivée !

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Soucieux de contrôler à outrance les fuyards, le peloton a franchement l'air bête au soir de cette 18e étape tant il apparaît difficile, voire impossible, d'expliquer qu'il n'ait pas rejoint ce quatuor avant la ligne. Le tout tient en plusieurs raisons. La force d'abord des hommes de tête, la présence de deux Lotto-Dstny, dont un (Campenaerts) qui s'est sacrifié pour l'autre, et la fatigue accumulée par les équipiers des sprinteurs depuis bientôt trois semaines.

Autant de raisons qui ont permis à une échappée de tenir en respect en peloton et le public en haleine dans une d'étape qui a vu le Tour de France retrouver un rythme tranquille bien mérité après la folie qui durait depuis une semaine au moins. Le bonheur, c'est pour Asgreen, les regrets pour Philipsen et les autres.

Le grand perdant : Jasper Philipsen

Qui d'autre ? Le meilleur sprinteur du peloton, et de loin sur ce Tour, espérait reprendre sa marche en avant après la longue parenthèse en altitude. Jasper Philipsen a bien remporté le sprint à Bourg-en-Bresse mais malheureusement pour lui, ce n'était que pour la 5e place. Dommage pour la flèche de l'équipe Alpecin – Deceuninck, qui n'a pu être emmenée de façon aussi limpide que d'habitude dans les 20 derniers kilomètres. Tant mieux pour l'échappée, tant pis pour lui. Mais avec quatre victoires en poche, on ne l'imagine pas déprimer trop longtemps...

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On a aimé

Voir une échappée aller au bout sur un terrain aussi plat pour une étape qui semblait promise aux sprinteurs. Avec un petit sourire en coin en repensant au fait que jamais le peloton n'a laissé plus d'une minute aux hommes de tête.

Le travail de Julian Alaphilippe, filou et malin comme pas deux dans le final. On a vu le double champion du monde se glisser plusieurs fois dans les premières positions pour casser le rythme de la poursuite du peloton. Cela n'a l'air de rien, mais s'il a manqué une poignée de secondes au peloton pour revenir sur l'échappée, elles sont aussi en partie là. Alaf' a sa part de mérite dans la victoire de son coéquipier Asgreen.

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On n'a pas aimé

Quand il est en forme, Simon Geschke (Cofidis) est capable de peser sur le Tour de France, il avait d'ailleurs remporté une étape en 2015. Huit ans plus tard, l'Allemand n'a pas les jambes. Lâché quand le rythme s'est un peu accéléré, d'abord aidé par son coéquipier Victor Lafay, il a fini par jeter l'éponge. A quatre jours de Paris, ça doit être dur.

L'attitude plus que limite de Jasper Philipsen envers Pascal Eenkhoorn (Lotto Dstny), à qui il a presque intimé l'ordre de ne pas attaquer, alors que ce dernier essayait de relancer la course derrière un trio de tête. Une petite crise d'autoritarisme ? Eenkhoorn, heureusement, a fini par sortir pour rejoindre la tête et prendre la 2e place de l'étape.

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La stat' : 11

On commençait à ne plus y croire pour les hommes de Patrick Lefévère mais ils ont eu le grand mérite d'essayer jusqu'au bout. Ils sont récompensés avec la victoire de Kasper Asgreen, qui permet à la formation belge de poursuivre sa formidable série : depuis 2013, elle avait toujours remporté au moins un succès sur les routes du Tour. A noter qu'il est également le troisième coureur différent venu du Danemark à glaner une étape sur ce Tour après Mads Pedersen et Jonas Vingegaard. Trois, comme l'an passé (Vingegaard, Pedersen et Cort Nielsen).

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La décla : Jonas Vingegaard

"C'était une journée pas trop stressante mais rapide. Je ne dirais pas que c'était une journée facile, mais les équipes de sprinteurs ont essayé d'aller chercher la victoire. Pas de chance pour elles, elles n'ont pas pu aller chercher l'échappée. J'arrive à rester concentré et je me détendrai quand on arrivera à Paris, pas avant. Les journées comme celles-ci c'est celles où on peut vraiment perdre le tour, il faut vraiment rester concentré."

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Juste pour savoir...

Le peloton a-t-il fait n'importe quoi ou franchement n'importe quoi jeudi ?

La victoire de son pote Kasper Asrgeen peut-elle donner des idées à Julian Alaphilippe pour vendredi ?

Les sprinteurs auront-ils leur revanche vendredi à Poligny, même si l'étape est a priori un peu moins favorable pour eux ?

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Le quiz

La réponse à la question de mercredi était Vincenzo Nibali en 2014, qui avait devancé Jean-Christophe Péraud à Paris de 7 minutes et 39 secondes.

Source: Eurosport FR