Fête de l’Aïd financée par les dealers à Nice: la copropriété dépose plainte, le bailleur écrit au procureur

July 21, 2023
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"On ne se sent pas en sécurité quand il y a la police. Je ne me sens pas libre. À tout moment, ils trouvent quelque chose et ils nous le mettent sur le dos", bredouille Meydin, 16 ans, une glace à la main. Avec deux copains plus âgés, il inspecte, mi-inquiet mi-amusé, les dizaines de forces de l’ordre qui ont investi sa cité des Liserons, jeudi après-midi. Au pied du bâtiment 6, les policiers farfouillent dans le moindre recoin, aidés du chien renifleur qui ne cesse de marquer sur des produits stupéfiants.

En face, sur le mur, le visage de Maïcol, 20 ans, s’affiche en couleurs. "Ben oui, on le connaissait, il était gentil, et il a été tué par les flics", souffle Ali, la vingtaine. C’était en janvier 2021: le jeune homme sur sa moto a refusé d’obtempérer. Une voiture de police le prend en chasse à très vive allure. Jusqu’à l’accident fatal. La mort de Maïcol avait suscité une très vive émotion aux Liserons, le quartier où il avait grandi.

"Qu’ils montent dans les étages!"

Photo P. L.

Un peu plus loin, près d’un autre bâtiment, un grand gaillard tout juste majeur reste les bras croisés face à la démonstration de force. Et de com’...

"On peut rester des semaines entières sans voir la police et, tout d’un coup, ils arrivent de tous les côtés, ça ne sert à rien. Ils vont repartir, le trafic va être un peu timide pendant un jour ou deux, et ça va repartir de plus belle", lâche le jeune homme en tournant les talons, directionl’entrée de l’impasse, où une dame est folle de rage.

"Ils viennent à cause de l’Aïd, mais le reste du temps on ne les voit pas. Les politiques, pareil. Qu’ils montent plutôt dans les étages pour voir la moisissure, les bêtes, les fuites!", lâche-t-elle avant de pénétrer dans le hall de son immeuble. L’un de ceux qui vont être démolis dans le cadre du Plan de renouvellement urbain. "D’ici un an", espère Côte d’Azur habitat, par la voix de son président, Anthony Borré, également premier adjoint au maire de Nice Christian Estrosi.

C’est un long travail qui a déjà commencé: trouver un relogement aux locataires dont l’appartement va partir en gravats. 190 logements vont être détruits. Les autres seront réhabilités, jure Anthony Borré. Et Les Liserons vont être désenclavées, pour des raisons de sécurité.

"De l’argent dans les associations"

"Dans un an, tu parles, jamais de la vie, ils se foutent de nous", hurle une autre habitante… "Calme-toi", tente sa jeune voisine, plus apaisée. "S’ils mettaient de l’argent dans les associations pour que nos jeunes aient quelque chose à faire d’autre que tourner en rond, ça irait mieux ici", dit-elle, en s’essuyant le front.

La fête de l'Aïd du 28 juin qui aurait été financée par les dealers, elle ne veut pas en parler. "Je n’y étais pas et je crois que c’était un collectif de parents qui a payé, pas les dealers", bégaie-t-elle.

Une plainte, une lettre au procureur

Le préfet des Alpes-Maritimes affirme, de son côté, qu’il veut faire toute la lumière sur cette affaire et que des investigations vont être menées. La copropriété va, selon la Ville, déposer une plainte dès lundi. Ils sont propriétaires de la cour où le barbecue et la structure gonflable ont été installés. Côte d’Azur Habitat, le bailleur social de la cité, a écrit au procureur de la République "pour annoncer un dépôt de plainte".

Source: Nice matin