JO de Paris 2024 : La " billetterie solidaire ", la solution pour des Jeux vraiment populaires ?
Des Jeux pour tous, vraiment ? Le comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 (Cojo) n’en démord pas, en tout cas. Si les critiques du grand public n’ont pas manqué lors des premières phases de mises en vente de billets, la nouvelle étape en train de s’ouvrir en coulisses devrait permettre aux habitants des territoires concernés par les épreuves de ne pas rester sur la touche en raison d’un manque de moyens, comme cela avait été le cas pour la Coupe du monde de foot 1998 par exemple. Le Cojo a en effet lancé les tractations avec les collectivités et commencé à leur octroyer des places, dont une grosse partie à 24 euros, dans le cadre de sa « billetterie sociale », comme nous le confirment le département de la Seine-Saint-Denis ou la mairie de Saint-Ouen.
Les collectivités vont se partager le million de places de la billetterie solidaire, mises de côté par le Cojo. Certaines précisent déjà la répartition entre Jeux olympiques et paralympiques, d’autres espèrent encore obtenir des tickets supplémentaires, plus proches de leurs attentes. Bref, après la course individuelle, voici venue la course collective pour être celle qui fera des heureux sur son territoire en distribuant de précieux sésames gratuitement.
Encore des attentes
Le département de Seine-Saint-Denis a d’ores et déjà obtenu 13.500 tickets pour les JO et en espère quelque 26.000 pour les paralympiques. A la mairie de Saint-Ouen, le maire Karim Bouamrane (PS) a 6.800 billets et en voudrait 10.000 pour les seuls JO. La région Île-de-France table sur 45.000 sésames, 30.000 pour les Jeux olympiques et 15.000 pour les paralympiques. A la métropole du Grand Paris, c’est 40.000 billets qui seront achetés. Et l’Etat s’est aussi positionné sur 400.000 places, 100.000 pour les JO et 300.000 pour les paralympiques. Des tickets qui ne pourront être revendus sur la plateforme dédiée évidemment.
« On avait sanctuarisé un million de billets pour cette billetterie à vocation sociale, 500.000 pour les Jeux olympiques et 500.000 pour les paralympiques, développe Michaël Aloïsio. Aujourd’hui, plus de 350.000 tickets olympiques ont été achetés par les collectivités ». C’est le cas de Chelles, deuxième commune la plus peuplée de Seine-et-Marne, qui a obtenu ce qu’elle avait demandé : 650 billets pour les épreuves de canoë et d’aviron et 500 billets pour les paralympiques. Le tout sur la base nautique de Vayres, dont une partie se trouve sur le territoire de la commune. « Ces 1.150 places, c’est le maximum que nous pouvions faire, donc on a privilégié les places chez nous. On a dépensé 32.000 euros, c’est un budget vraiment conséquent, le maximum possible, surtout avec les contraintes budgétaires actuelles : baisse des dotations de l’Etat, inflation, coût de l’énergie, augmentation du point d’indice », confie le cabinet du maire.
A destination majoritairement des plus jeunes
Du côté de la région Île-de-France, les 45.000 billets coûteront environ « huit millions d’euros, à destination uniquement des plus jeunes », insiste la présidente Valérie Pécresse. Et la tendance est clairement à la jeunesse. « C’est une façon de s’inscrire dans l’héritage des Jeux, au même titre que le label Génération 2024 ou de la semaine olympique à l’école, affirme encore le directeur général délégué de Paris 2024. Notamment sur les Jeux paralympiques, qui se dérouleront pendant la période scolaire et qui permettront aux plus jeunes de changer de regard sur le handicap ».
« La possibilité de vivre la compétition de près est essentielle pour que les habitantes et habitants de la Seine-Saint-Denis se sentent partie intégrante des Jeux de 2024, au-delà même de l’héritage matériel et immatériel, partage de son côté Stéphane Troussel, le président du 93. L’accès aux billets est à ce titre un point de vigilance et de mobilisation majeur, en particulier pour les publics les plus jeunes et les plus fragiles de la Seine-Saint-Denis ». Et le département, qui a prévu un budget d’un million d’euros pour un total de quelque 40.000 places, confie avoir aussi demandé les sports urbains de la Concorde, et quelques places pour les cérémonies d’ouverture et de clôture, « au vu de la physionomie de la population du territoire ». Un quart seulement des demandes a pu néanmoins aboutir, alors que sur l’athlétisme et le rugby à sept notamment, il y a eu plus de places octroyées que le nombre demandé.
« La distribution n’est pas urgente »
Pour l’heure, difficile de savoir comment les collectivités distribueront ces billets, ni dans quelles conditions, sachant qu’il sera impossible d’entrer dans une enceinte olympique sans un billet nominatif. « La distribution n’est pas urgente, souffle-t-on au département de la Seine-Saint-Denis. Il y a désormais un travail fin à mener pour éviter les doublons et permettre au plus grand nombre d’en profiter ». Seule la mairie de Saint-Ouen a commencé pour l’heure à lever le voile sur le processus : « Nous tablons sur 65 % à destination des publics les plus éloignés, 20 % pour les scolaires et la jeunesse, 5 % pour les agents municipaux, 5 % pour les citoyens concernés directement par les chantiers et épreuves olympiques et 5 % pour les commerçants et acteurs locaux. »
Elle a aussi assuré qu’un seul billet par habitant serait offert, d'une valeur de 24 euros, ou 30 euros pour le tennis. Une parité sur les compétitions masculines et féminines et une proximité géographique pour éviter un surcoût de déplacement seront aussi appliquées.
« Il y a des personnes qui ont passé leur vie à porter des sacs, à transporter des gamins en voiture, sans jamais demander à se faire rembourser l’essence. Demain, elles auront un événement planétaire devant chez elles et la puissance publique doit dire : voilà une place en guise de remerciement et de reconnaissance », clame Karim Bouamrane.
« On est ravis d’avoir fait ce choix, conclut Michaël Aloïsio. Ce sont des billets qu’on aurait pu vendre plus cher, mais on préfère notre pari d’équilibre des comptes pour en faire bénéficier les acteurs éloignés des Jeux ». Et rendre ces JO populaires pour de bon ?
Source: 20 Minutes