Un butin de 200 000 euros dérobé dans un château en Dordogne, trois personnes comparaîtront devant la justice
Des tableaux de maître et des objets de valeur ont été dérobés au château de Bellevue, à Razac-de-Saussignac, en Dordogne, entre novembre 2022 et mai 2023. Deux hommes et une femme ont été interpellés lundi 24 juillet. Ils seront jugés le 19 décembre au tribunal de Bergerac.
"C’est une affaire extraordinaire en tout point", selon le commandant Cyril-Marie Gibiot de la compagnie de gendarmerie de Bergerac.
Butin "surprise"
"Extraordinaire" d'abord par les faits. Entre novembre 2022 et mai 2023, le château Bellevue, situé à Razac-de-Saussignac, a été pillé par des individus durant les absences de la propriétaire, une dame experte en peinture qui vend des toiles dans des établissements dédiés aux objets d'art.
Le château abritait 398 tableaux de maître, tous signés de la main d'un peintre français du 20ᵉ siècle, Jac Martin-Ferrières. Tous volés. Valeur estimée à plus de 200 000 euros. Les voleurs en ont profité pour dérober également des objets appartenant à la victime ainsi que ses données bancaires pour spolier ses comptes.
En cambriolant ce château la première fois, les voleurs ne s'attendaient pas à un tel butin, c'était une vraie surprise pour eux. Cyril-Marie Gibiot, commandant de gendarmerie de Bergerac (24) à la Rédaction web - France 3 Aquitaine
"Courses de noël"
"Extraordinaire" par le travail des enquêteurs avec la volonté de restituer les tableaux à la victime pour leur valeur financière et aussi affective. Par ailleurs, avec l'argent spolié sur les comptes de cette dernière, les voleurs ont acheté des objets de luxe.
C'étaient un peu les courses de noël, ils ont acheté tout et n'importe quoi, comme des chaussures de marque à 600 euros, un moto-cross, du champagne, des enceintes Bluetooth, etc., le tout pour une valeur de 40 000 euros. Cyril-Marie Gibiot, commandant de gendarmerie de Bergerac (24) à la Rédaction web - France 3 Aquitaine
Course-poursuite durant les interpellations
"Extraordinaire" enfin lors de la course-poursuite lancée pour les interpellations en début de semaine. Les personnes ont été identifiées. Il s'agit de deux hommes âgés d'une vingtaine d'années et d'une femme du même âge, conjointe d'un des deux hommes. "Un premier individu a été interpellé en Dordogne lundi 24 juillet. Puis de cache en cache, de maisons en maison, la femme a été interpellée à son tour. Et nous avons fait appel à nos collègues gendarmes du Gard, car le troisième individu s'était enrôlé dans l'armée et il était en entraînement à Nîmes", raconte Cyril-Marie Gibiot. "
C'était la course contre-la-montre pour respecter les règles de garde à vue, et puis nous avions la crainte que les toiles aient été brûlées par les voleurs par manque de connaissance de leur valeur et pour les faire disparaître. Finalement, on les a tous retrouvés intactes dans un garde-meuble en location". Les tableaux actuellement sous scellés seront ensuite rendus à leur propriétaire.
Carte de la commune de Razac-de-Saussignac, un secteur de Dordogne riche en châteaux et belles demeures :
Valeur criminelle
Les 398 tableaux seront donc restitués à leur propriétaire. La gendarmerie insiste sur la valeur criminelle des objets achetés avec l'argent volé. "Dans cette affaire, la captation de valeur criminelle est remarquable, elle est de 40 000 euros qui seront saisis sur les avoirs des trois individus pour être ensuite reversés pour une partie à la victime, mais aussi au fonds de la gendarmerie nationale".
Cette mesure gouvernementale à vocation pédagogique a été mise en place pour lutter contre la délinquance et faire passer le message : le crime ne paie pas. Cyril-Marie Gibiot, commandant de gendarmerie de Bergerac (24) à la Rédaction web - France 3 Aquitaine
En 2021, la valeur criminelle captée par les gendarmes de Dordogne s'élevait à un million d'euros (dont 80 000 euros par la seule compagnie de Bergerac) ; en 2022, elle était de quatre millions d'euros (dont 700 000 euros par la compagnie de Bergerac).
Le procès
Les chefs d'accusation retenus contre les trois personnes sont les cambriolages et la captation de données bancaires. Le procès doit se tenir le 19 décembre au tribunal de Bergerac (24). Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rencontrer avant le procès.
"Cette affaire est importante pour nous, car la Dordogne, c'est le pays aux mille et un châteaux qui peuvent être convoités par les cambrioleurs. Nous avons prouvé avec cette enquête que nous réagissons vite", conclut le commandant de gendarmerie.
Source: France 3 Régions