Embourbée dans un conflit social, la compagnie Air Antilles risque la liquidation
Deux semaines après le début de la grève des pilotes d’Air Antilles et d’Air Guyane, le conflit n’en finit pas de s’enliser au sein de ces deux filiales de la Compagnie aérienne interrégionale express, ou Caire. Déclenchée le 14 juillet, à l’appel des membres du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) pour une durée initiale de cinq jours, la grève a par la suite été prolongée pour une durée illimitée. Jeudi 27 juillet, le personnel navigant commercial (PNC) leur emboîtait le pas, à la suite d’un préavis de grève déposé trois jours auparavant par le Syndicat national des PNC, affilié à Force ouvrière.
Deux autres syndicats ont également appelé à des débrayages au sein de cette compagnie régionale qui opère entre les Antilles et la Guyane. Fort de trois cents salariés, le transporteur propose une vingtaine de destinations dans l’archipel caribéen, ainsi qu’en Guyane, où il jouit d’une délégation de service public pour desservir les communes amazoniennes enclavées.
Si les doléances des grévistes sont nombreuses, la revalorisation des salaires figure en bonne place parmi les vingt-neuf points de revendications du syndicat de PNC. « La réalité à Air Antilles, c’est qu’on a des conditions salariales atroces : on a des salaires qui sont en dessous du smic par moments », s’indigne Mélissa Germé, déléguée syndicale SNPNC-FO, au cours d’une conférence de presse, organisée jeudi dans les locaux de l’antenne martiniquaise de Force ouvrière, à Fort-de-France. En cause, une rémunération fixe de l’ordre de 845 euros par mois pour les PNC et de 1 086 euros pour les chefs de cabine, à laquelle s’ajoute une part variable.
« Si nous ne faisons pas les cinquante heures de vol, nous pouvons ne pas toucher cette part variable », précise Sabrina Chalono, déléguée du personnel d’Air Antilles. Cette hôtesse de l’air déplore l’absence de grilles salariales dans les deux sociétés sœurs, fondées en 2002.
« Le divorce est consommé »
Même son de cloche chez les pilotes. « On est l’avant-dernière compagnie en termes de rémunération à l’échelle nationale », déplore Brieuc Hardy, délégué syndical du SNPL Caire. Le syndicat exige la mise en place d’un accord définissant les conditions d’emploi et de rémunération au sein de l’entreprise. Le précédent accord, datant de 2014, était devenu caduc en décembre 2022. Le SNPL avait alors déposé un préavis de grève juste avant les vacances de Noël, puis l’avait retiré in extremis, compte tenu des engagements pris par la direction, qui avait promis entre autres une augmentation de 5,5 % des salaires.
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Source: Le Monde