Atos : Après avoir brûlé près de 1 milliard d'euros de cash au premier semestre, Atos s'effondre en Bourse
(BFM Bourse) - L'entreprise de services numériques à publier des résultats au premier semestre sans énorme point noir. Mais, sur le tableau de flux de trésorerie, le décaissement de trésorerie de 969 millions d'euros dû à des variations de besoins en fonds de roulement et de des coûts associés au plan de scission de la société plombe le titre.
C'est la grande sanction boursière du jour: Atos accuse une plongeon vertigineux de 21,7% à 11,55 euros, accusant la plus forte baisse du SBF 120, après la publication de ses comptes du premier semestre.
Le compte de résultat ne présente rien de très alarmant. Les revenus globaux sur l'ensemble du premier semestre se sont inscrits à 5,55 milliards d'euros soit 0,8% de moins que les 5,593 milliards d'euros attendus par le consensus, cité par Stifel. Mais la marge opérationnelle a été multipliée par plus de trois à 212 millions d'euros pour un taux correspondant de 3,8%. Le consensus lui tablait sur un montant de 174 millions d'euros et un taux de 3,1%.
La perte nette, de 600 millions d'euros s'est un peu creusée par rapport à la même période de 2022 (503 millions d'euros).
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Mais c'est sur la génération de cash que le bât blesse. Sur les six premiers mois de l'année, le flux de trésorerie libre a été négatif, à hauteur de 969 millions d'euros, contre -555 millions d'euros au premier semestre. Or le consensus attendait un décaissement de 680 millions d'euros. La dette nette a en conséquence augmenté à 2,32 milliards d'euros à fin juin contre 1,8 milliard un an auparavant.
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"Normalisation" du besoin en fonds de roulement
Si le flux de trésorerie opérationnel du groupe s'est amélioré au premier semestre, le flux de trésorerie libre a lui été pénalisé des coûts liés à la préparation de la scission d'Atos en deux sociétés: Atos, qui conservera ses métiers traditionnels ("Tech Foundations"), comme l'infogérance, et Eviden, qui regroupera des activités dynamiques (transformation numérique, cybersécurité, big data) et doit être introduit en Bourse sur la seconde partie de l'année. Ces coûts se sont élevés à 274 millions d'euros au premier semestre.
En sus, Atos dû faire face à "normalisation" de son besoin en fonds de roulement, par rapport à la même période de 2022, qui a pesé à hauteur de 250 millions d'euros.
L'an passé Atos était parvenu à compresser son besoin en fonds de roulement, via les délais de paiements de ses clients et à ses fournisseurs. Mais cet effet se renverse cette année, alors qu'avec la transformation du groupe et l'inflation, les clients et les fournisseurs peuvent se montrer plus exigeants ou moins souples sur les échéances de paiements.
La directrice financière, Nathalie Sénéchault a rappelé aux analystes, visiblement un peu surpris, que le groupe avait indiqué dès sa journée investisseurs de juin 2022, qu'il anticipait un impact de 400 millions d'euros sur son flux de trésorerie en raison de cette "normalisation". La dirigeante a aussi expliqué que cet impact se chiffrerait à 400 millions d'euros pour l'ensemble de 2023 (donc le montant signalé en juin 2022). L'impact annuel des coûts de transformation sera lui autour d'environ 500 millions d'euros au niveau du cash, a-t-elle également précisé.
Un cash visé à l'équilibre au second semestre
Concernant ses perspectives pour 2023, Atos a relevé sa prévision de croissance, tablant désormais sur une variation comparable comprise entre 0% et 2%, contre une fourchette de -1% à +1% auparavant. La société vise une marge opérationnelle pour 2023 entre 4% et 5%. Au sujet du cash, le groupe s'attend à ce qu'il soit similaire sur l'ensemble de l'année à celui du premier semestre. Ce qui signifie qu'Atos vise l'équilibre sur le deuxième semestre.
Au final, la publication d'Atos "est contrastée entre d’un côté de bonnes réalisations pour Tech Foundations (le périmètre historique d'Atos, NDLR) et une amélioration des prises de commandes et de l’autre, une performance légèrement plus faible qu’attendu pour Eviden et surtout un flux de trésorerie bien plus négatif que prévu", souligne Invest Securities. Stifel évoque des résultats "mitigés au mieux".
Au regard de la chute du cours de Bourse, un analyste parisien fait, lui, preuve de nuance. "Franchement le marché est dur car il fallait s'attendre à cet impact sur le cash, qui aurait pu être anticipé à la lecture des comptes 2022. Et dans le même temps les comptes sont plutôt bons et il y a un même un relèvement d'objectif de croissance. La nouvelle direction du groupe (depuis l'été 2022, NDLR) fait du bon travail au sein d'une société dans une situation compliquée", juge-t-il.
Concernant sa scission, le groupe a indiqué avoir finalisé "sa séparation opérationnelle interne", ce qui constitue une étape importante. "Par conséquent, Tech Foundations et Eviden sont dorénavant entièrement opérationnelles en tant qu’entités séparées au sein du groupe Atos", a ajouté l'entreprise. L'entreprise travaille actuellement sur la répartition de la structure du capital (pour simplifier la répartition de la dette et des fonds propres") de chaque entité, a indiqué Nathalie Sénéchault.
Par ailleurs, après avoir entièrement sécurisé son programme de cessions de 700 millions d'euros, Atos a annoncé un nouveau programme de cessions additionnelles de 400 millions d'euros. Dans cette optique, le groupe explique avoir d'ores et déjà reçu des marques d'intérêt pour de nouvelles ventes d'actifs.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse