Gérald Darmanin appelé à la démission après la fronde des policiers, et c’est tout sauf une première

July 28, 2023
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POLITIQUE - Des pancartes au collier de Sandrine Rousseau : la petite musique « Darmanin démission » est déjà l’un des grands classiques de la présidence Macron. Trois ans après son arrivée Place Beauvau, le Parti socialiste et la France insoumise lui offrent un nouveau couplet : ils réclament, en chœur, le départ du numéro 3 du gouvernement après la fronde des policiers.

Olivier Faure estime par exemple que le premier flic de France n’a plus sa place au gouvernement tant il « défie la République » avec son soutien au Directeur de la police nationale et au préfet de police de Paris. Le duo Veaux-Nunez a déclenché une vive polémique en appuyant la revendication d’une partie des policiers qui souhaite un statut juridique propre à les différencier des citoyens lambda, sur la détention provisoire en particulier. De quoi faire planer un risque de « sédition », pour la gauche.

« Tous les trois défient les règles républicaines, les grands principes qui nous régissent, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, l’égalité des citoyens devant la loi », a ainsi martelé Olivier Faure, ce vendredi 28 juillet sur France 2, au lendemain d’une rencontre entre Gérald Darmanin et des syndicats de police particulièrement satisfaits de l’engagement « très fort » de leur ministre de tutelle.

La demande originelle

Dans ces conditions, que faut-il attendre de ces nouveaux appels au départ ? Pas grand-chose, si l’on se fie aux trois dernières années durant lesquels les couplets entonnés par les oppositions n’ont pas modifié la partition du puissant ministre.

En réalité, Gérald Darmanin est sous la pression des oppositions depuis le premier jour, bien avant les polémiques le maintien de l’ordre. Le soir même de son arrivée place Beauvau le 7 juillet 2020, des dizaines de militants féministes descendent dans la rue pour demander à Emmanuel Macron de renoncer à son choix. Impossible, pour eux, de voir nommer à la tête des policiers un homme alors visé par une enquête pour viol.

À l’époque, plusieurs voix à droite (Rachida Dati ou Valérie Pécresse) se joignent à celles de gauche pour dénoncer la nomination du ministre et demander son départ immédiat. Il n’en sera rien. Gérald Darmanin a depuis bénéficié d’un non-lieu - et du soutien constant d’Emmanuel Macron. Mais sans parvenir toutefois à faire taire les exigences originelles de ceux qui réclament une République et des personnalités politiques exemplaires.

De fait, les mois suivants n’ont pas été plus calmes pour le ministre. Au-delà de ces démêlés avec la justice, Gérald Darmanin s’est retrouvé dans l’œil du cyclone à intervalle régulier, au fil de la multiplication des cas documentés de violences policières. Un terme qu’il réfute par ailleurs.

Les violences policières et Sainte-Soline

Ce fut le cas par exemple au moment de l’affaire Michel Zecler, un producteur de musique tabassé gratuitement par des policiers dans son local de travail en novembre 2020 à Paris. La réaction du ministre se bornant à pointer du doigt quelques éléments policiers qui « déconnent », suscite alors de vives réactions dans la sphère politique, certains estimant qu’elle relève d’une forme de déni des abus dans l’institution. Alors que les images du trentenaire roué de coups font le tour du monde, la gauche demande en vain le départ du ministre et du préfet de police de Paris Didier Lallement.

Bis répéta, deux ans plus tard avec les événements de Sainte-Soline. Le 25 mars dernier, plusieurs milliers de militants se retrouvent dans les Deux-Sèvres pour protester contre un projet emblématique de méga bassine. Les esprits s’échauffent et les affrontements se font très violents entre les participants et les forces de l’ordre mobilisés en masse. Deux activistes sont gravement blessés, plongés dans le coma, tandis que les autorités policières sur place sont accusées d’avoir entravé l’intervention des secours.

Sommé de s’expliquer, le ministre de l’Intérieur - toujours prompt à s’afficher en appui de ses troupes - prend alors quelques libertés avec la vérité et les conditions d’utilisation de lanceur de balles de défense. Contrairement à ce que le locataire de la Place Beauvau affirmait d’emblée, des LBD ont bien été utilisés depuis des quads. Résultat : la gauche, excédée par les « mensonges », sort de nouvelles flèches et tir à vue. « On a un problème majeur de crédibilité. Darmanin doit quitter ses fonctions parce qu’il n’est pas à la hauteur de la crédibilité que doit avoir un ministre de l’Intérieur », peste par exemple l’écologiste Yannick Jadot, pourtant pas le plus enflammé des élus de la NUPES.

Le fiasco du Stade de France

En somme, rares sont ceux, en dehors du camp présidentiel, à n’avoir pas réclamé la démission du ministre de l’Intérieur à un moment ou à un autre de son passage au gouvernement. Le signe de la prégnance des enjeux politiques en France ? Sans doute, à l’heure où le ministre - pièce maîtresse de la Macronie - est cité comme un possible prétendant à l’Élysée en 2027. Mais pas seulement, comme le montre le tollé international provoqué par la gestion de la finale de la ligue des champions au Stade de France en mai 2022.

La presse fustige alors le fiasco des autorités françaises dans la gestion de ce match. Bon nombre de spectateurs espagnols et anglais, venus pacifiquement assister à une rencontre de football, vivent un calvaire : ils se font agresser par des délinquants, subissent des tirs de gaz lacrymogène et manquent d’être écrasés contre des grilles par les mouvements de foule. Le match doit d’ailleurs commencer avec une demi-heure de retard, du jamais vu.

En réponse, Gérald Darmanin réfute toute responsabilité et pointe du doigt, entre autres, l’attitude des supporters anglais et la fabrication massive de faux billets. Raté, il n’en existe nulle trace, comme le confirmeront plusieurs instances indépendantes.

Parmi ces enquêtes, le rapport demandé par l’UEFA rend des conclusions accablantes en février 2023. Le document, qui met en cause le dispositif de sécurité à chaque étape du parcours, stipule notamment que « les ministres, la Préfecture de police, l’UEFA et la FFF ont agi de manière irresponsable » afin de « s’exonérer de la responsabilité des défaillances ». Gérald Darmanin garde alors le silence : l’orage est passé depuis plusieurs mois. Les supporters de Liverpool n’ont pas réussi, non plus, à obtenir la démission du ministre Français.

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Source: Le HuffPost