Dans les Alpes-Maritimes, une ville peint son gazon en vert pour masquer les effets de la sécheresse

July 28, 2023
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Sur cette photo fournie par la mairie, un agent de l’entreprise Bioassays peint le gazon d’un rond-point de la ville de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), le 25 juillet 2023. BIOASSAYS

La vidéo, publiée le 26 juillet sur Twitter (désormais X) par Sébastien Leroy, maire (LR) de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), a été visionnée plus d’un million et demi de fois en à peine 48 heures. On y voit un homme pulvériser sur le gazon jauni d’un rond-point une peinture verte afin d’y colorer l’herbe. Enthousiaste, l’élu vante dans son message une innovation « insolite et vertueuse » et assure que sa ville de 22 000 habitants est la première à la « déployer sur la Méditerranée ».

Le tweet a rapidement suscité de nombreuses critiques. « Greenwashing : une allégorie » s’est par exemple empressée de commenter Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts. D’autres y ont vu une forme de « mal adaptation » au changement climatique.

« Nous n’avons pas souhaité mettre du gazon de synthèse, mais conserver la nature afin qu’elle offre un îlot de fraîcheur », se défend Sébastien Leroy. « Dans le Sud, malgré l’interdiction de l’arrosage, on a quand même voulu garder l’herbe verte, qui est un bénéfice pour le citoyen », ajoute l’édile. La mesure coûte environ 30 centimes par mètres carrés, soit 600 euros pour le rond-point, fait savoir la mairie. Satisfait de l’opération, Sébastien Leroy souhaite étendre cet été la mesure à d’autres ronds-points de la ville, sur près de 15 000 mètres carrés.

Le gazon en « dormance »

Le produit utilisé, fabriqué à base d’algues, est décrit par le maire de Mandelieu-la-Napoule sur Twitter (X) comme « sans danger pour l’homme et l’environnement ». Il permet, selon lui, de « protéger la plante de la chaleur, en absorbant une partie des rayonnements, et lui donne de la force, grâce aux nutriments présents dans la solution ».

Une protection qui laisse dubitatif Jean-Paul Sampoux, ingénieur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement au département biologie et amélioration des plantes. « A priori, mettre de la teinture sur les plantes empêche la photosynthèse et l’évapotranspiration, je vois mal comment ça peut la protéger », explique-t-il.

L’apport de ce type de solution est principalement « esthétique en été », note Bertran Brasselet, le président de l’entreprise EdenColor qui fabrique une teinture d’herbes, différente de celle utilisée à Mandelieu-la-Napoule. En période de sécheresse, le gazon entre en « dormance » afin de se protéger. L’herbe arrête alors son métabolisme, ce qui lui confère son teint jaunâtre. Pour qu’il conserve son aspect vert jugé esthétique, le gazon doit être arrosé quotidiennement mais un arrosage hebdomadaire suffit à le maintenir en bonne santé.

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Source: Le Monde