Daphné Patakia, actrice : " Les rôles féminins sont moins stéréotypés "

July 29, 2023
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Mimi (Daphné Patakia) et Paul, l’avocat (Benoît Poelvoorde) dans « Sur la branche », de Marie Garel-Weiss. PATHÉ DISTRIBUTION

« “Hameçon”, c’est un mot que j’ai appris il n’y a pas si longtemps », dit en souriant Daphné Patakia, actrice d’origine grecque, installée à Paris depuis huit ans. De son propre aveu, elle craint toujours de passer pour une Française qui fait des fautes. On reconnaît surtout son phrasé si particulier qui détache chaque syllabe et fait l’effet d’un petit suspense. Il y a aussi son regard or, écarquillé, comme s’il venait de voir quelque chose de tout à fait hallucinant. « On dit souvent que j’ai les yeux de mon grand-père maternel, professeur de mathématiques de son vivant. J’ai gardé son nom de famille, car mon patronyme était vraiment trop compliqué à prononcer à l’étranger… »

Il faut dire que la jeune comédienne de 31 ans a tourné un peu partout en Europe, depuis ses débuts en Grèce. Vue chez Tony Gatlif (Djam, 2017), Léa Mysius (Les Cinq Diables, 2022) et Paul Verhoeven (Benedetta, 2021), elle s’est fait un nom dans la première saison d’Ovni(s), série de science-fiction fantaisiste (Canal+), dans le rôle d’une jeune femme candide qui n’a rien contre les extraterrestres.

Elle est l’une de ces rares actrices à savoir mêler un jeu peu naturaliste et une franche authenticité. « Daphné est une funambule, on ne sait jamais à quel moment la magie va opérer, mais elle opère. C’est systématiquement gracieux et surprenant avec elle », décrit Marie Garel-Weiss, qui lui a offert un rôle tout feu, tout flamme dans Sur la branche : en proie à des problèmes psy non identifiés, Mimi avance sans filtre et sans chichis. Elle ose tout et ne voit le mal nulle part.

Pourquoi avez-vous eu envie de défendre ce personnage fantasque ?

J’ai été touchée par son côté obsessionnel. C’est une fonceuse. Elle est socialement inadaptée, mais elle enfonce toutes les portes qu’on lui ferme. Moi, je suis beaucoup plus peureuse et cynique. Ce genre de rôle me fait du bien. A la lecture du scénario, j’ai aimé le mélange des genres : c’est une comédie mais aussi une enquête… Cela m’a fait penser à Punch-Drunk Love [2003], de Paul Thomas Anderson. Il y a des personnages qui souffrent, mais c’est drôle et bienveillant.

Mimi est une éponge… Parlant rapidement la langue des étudiants étrangers qui croisent son chemin, elle semble venir de partout. C’est un peu votre cas, non ?

Ce n’est pas faux… J’ai grandi à Bruxelles, où j’ai reçu une éducation 100 % helléniste. Mes parents, fonctionnaires à la Commission européenne, aujourd’hui retraités, ont fui après le coup d’Etat des colonels. Je ne parlais pas vraiment le français, car j’étais inscrite dans une école grecque. A la maison, on regardait la télévision grecque… Je voyais du soleil à la météo et de la pluie par la fenêtre. On écoutait de la musique grecque, surtout Mikis Theodorakis, symbole de la résistance à la dictature. Le week-end, je jouais des pièces d’auteurs grecs, d’Aristophane à Kambanellis, dans la troupe amateur de mes parents. L’été, j’allais à Syros, où je retrouvais mes deux grand-mères, qui passaient les vacances dans la même chambre. En Grèce, j’étais la Belge et en Belgique, la Grecque…

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Source: Le Monde