Maxime Grousset, champion du monde du 100 mètres papillon, un coup d’essai et un coup de maître
Maxime Grousset, après sa victoire sur 100 m papillon, samedi 29 juillet aux Mondiaux de Fukuoka (Japon). PHILIP FONG / AFP
C’est l’histoire d’un sprinteur qui nage pour la première fois un 100 m papillon dans des championnats du monde et qui se retrouve médaillé d’or moins d’une minute plus tard. Cinquante secondes 14 précisément. Samedi 29 juillet, Maxime Grousset a réussi un coup de maître pour son coup d’essai, au Marine Messe de Fukuoka (Japon) – devançant le Canadien Josh Liendo (50 s 34) et l’Américain Dare Rose (50 s 46).
« Ça y est, voilà enfin la médaille d’or tant attendue, a réagi Grousset, qui avait pris l’argent (sur 100 m) et le bronze (sur 50 m) aux Mondiaux 2022 de Budapest. Je n’avais pas vraiment préparé cette course, voire pas du tout. »
Au départ, ce 100 m papillon, ça ne devait être qu’une récréation cette saison pour le sprinteur de 24 ans, pas vraiment un axe de travail – contrairement au 50 m papillon, distance sur laquelle il a pris la 3e place dans le bassin japonais –, encore moins un horizon de podium. Et puis, il y a six semaines, une simple course a fait voler toutes ses certitudes en éclats. Le 16 juin, aux championnats de France, à Rennes, le nageur de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) bat le record de France de Mehdy Metella en nageant en 50 s 61 dans le chaudron breton.
Ce chrono le place surtout au deuxième rang mondial de la saison, derrière le Canadien Joshua Liendo (50 s 36). « C’est une dinguerie », soufflait-il, à Rennes, encore dégoulinant. Car ce temps lui aurait tout simplement offert une médaille d’argent mondiale à Budapest en 2022, derrière Kristof Milak (50 s 14). Le Hongrois, qui avait réalisé le doublé à domicile en étant sacré champion du monde du 200 m papillon, est l’un des grands absents au Japon, en proie à des problèmes de santé mentale, comme le Britannique Adam Peaty et l’Américain Caeleb Dressel, qui sort tout juste la tête de l’eau.
« J’ai fait un choix et je vais l’assumer »
Alors, quand l’élève de Michel Chrétien est monté dans l’avion pour le Japon, dans sa tête, il était bien décidé à cocher ce 100 m papillon à son programme déjà copieux, avec le 50 m papillon et les 50 m et 100 m nage libre. Son coach s’est aussitôt tourneboulé le cerveau devant une équation à deux inconnues. Comment son nageur – qui n’avait encore jamais enchaîné trois courses sur 100 m papillon – allait-il réussir à concilier la finale du 100 m papillon et celle du 50 m nage libre, programmées dans le bassin de Fukuoka à trente-trois minutes d’écart ? Fallait-il privilégier une épreuve aux dépens de l’autre ou bien emmagasiner de l’expérience en enchaînant les deux, au risque de passer à côté d’une médaille ?
Les deux hommes n’ont tranché que vendredi matin, à quelques heures des séries du 50 m nage libre et après sa médaille de bronze sur la « course reine » la veille. Le dilemme a été cornélien. « Ça a été dur, oui, de prendre cette décision, en sachant que j’ai fait un podium l’année dernière à Budapest sur 50 m crawl », admettait Grousset. Mais il a finalement choisi de papillonner sur l’aller-retour plutôt que de crawler sur l’aller simple « parce qu’[il sentait] qu’il y [avait] quelque chose à faire ». « Et que je prends du plaisir cette année sur 100 pap. J’ai fait un choix et je vais l’assumer », justifiait-il encore.
Le pari a été gagnant. Samedi soir, il a été le premier surpris par son chrono. « C’est un très gros temps. Et encore, je ne fais pas une course parfaite, il y a encore des choses à améliorer pour vraiment écraser la concurrence, disait-il, les yeux pétillants déjà rivés sur les Jeux de Paris 2024. Ça donne une petite idée oui, je vais peut-être l’ajouter à mon programme d’entraînement... »
C’est peu dire que le jeune homme apprend vite. D’un battement d’ailes, la chenille Grousset s’est transformée en papillon.
Source: Le Monde