La mairie de Paris abat cinq arbres dans le 6e arrondissement, pour "préserver la sécurité des usagers"
Cette décision, qui a touché notamment un arbre place de Furstemberg dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, a suscité un certain émoi parmi les habitants du quartier.
«Une nouvelle atteinte au patrimoine» ? L’abattage de cinq arbres dans le sixième arrondissement de Paris a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. «Le plus majestueux des arbres du carré central de la rue de Furstemberg, endroit le plus charmant de Paris, que je connais depuis mon enfance, vient d'être abattu sans autre forme de procès», a notamment grincé l’historien Eric Anceau sur Twitter, rebaptisé X. D’autres internautes n’ont pas hésité à vilipender un «écocide» ou encore à ressusciter le mot dièze #saccageParis inventé par des habitants parisiens pour dénoncer l'encrassement et la dégradation de la capitale.
En plus de cet arbre, quatre autres «d’une hauteur de 13 à 16 mètres seront abattus Place Laurent Terzieff et Pascale de Boysson», avait pourtant précisé le 24 juillet dernier la mairie du 6e arrondissement dans un communiqué qui relaie la décision du service de l’Arbre de la ville de Paris. «Ces arbres sont malades et ont un défaut d'ancrage, ce qui pourrait entraîner leur chute», précise aussi le communiqué qui invoque «la sécurité des usagers».
Selon un document rédigé par un agent présent lors des abattages et consulté par Le Figaro, l'intervention pour les quatre paulownias de la place entre rue Vavin et rue Brea «s'est relativement bien passée malgré le refus de comprendre de certaines personnes». «Bien que triste de voir ce changement de paysage brutal, une grande partie des personnes ont compris l'intérêt de cette opération réalisée en urgence».
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«C’est vrai que les images sont spectaculaires et suscitent logiquement de l’émotion», rapporte le maire du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq d’autant plus que l’arbre de la rue de Furstemberg était le plus gros et le plus âgé de tous les paulownias parisiens, avec 355 cm de circonférence. Le replantage devrait intervenir au cours de l’hiver prochain.
Agressivité ambiante
«Au-delà de l’émotion, il faut dire qu’être un arbre à Paris, ce n’est pas avoir une vie facile», précise aussi le maire, contacté par Le Figaro. Sur l’arrondissement, 20 à 30 arbres sont changés chaque année, victimes d’un mauvais développement en raison de la pollution ou des parasites, «surtout ceux qui sont en bordure de la voie publique et qui subissent l’agressivité ambiante… dans notre monde occidental ou le risque zéro est de rigueur.»
«Les marronniers sont l’espèce la plus abîmée», rapporte aussi le maire. Les arbres aujourd’hui abattus sont des paulownias, une espèce importée en Europe de Corée et de Chine au XIXe siècle. Ces beaux arbres aux fleurs violettes peuvent mesurer jusqu’à 20 mètres de haut et ont l’inconvénient d’avoir une assise racinaire réduite. «En choisissant de grandir très vite vers la lumière durant ses premières années, cet arbre ne prend pas le temps de bien stabiliser son équilibre, contrairement à d'autres espèces», explique notamment l’architecte Tangui Le Dantec.
«J’ai été les voir. Il y en avait un qui penchait beaucoup notamment rue Vavin où passent les piétons, les automobilistes et les vélos», détaille aussi Jean-Pierre Lecoq, qui s’interroge sur la question de la prochaine espèce. «Les paulownias nécessitent beaucoup d’entretien et de surveillance, et on manque de bûcherons à Paris, on a du mal à recruter.» Paris «n'a pas les moyens humains ou techniques de réduire ces risques de chute, même avec un arbre classé remarquable», a estimé pour sa part Tangui Le Dantec, justifiant l’abattage de ces arbres fragiles.
Source: Le Figaro