A Hollywood, les scénaristes en grève protestent contre les changements liés au streaming
Lors d’une précédente grève du syndicat des scénaristes, à Hollywood, le 20 novembre 2007. CHRIS DELMAS/AFP
Les fans des émissions satiriques du soir, les late-night shows, ont dû se contenter de rediffusions : la grève des scénaristes de Hollywood a commencé mardi 2 mai après l’échec des négociations entre leur syndicat, la Writers Guild of America (WGA), et l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP) sur les salaires et les conditions de travail des auteurs à l’heure du streaming.
La WGA représente quelque onze mille scénaristes. Toute la journée, des grévistes se sont postés devant le siège des studios de Los Angeles et des plates-formes de streaming pour dissuader les employés d’y entrer, plongeant Hollywood dans un rythme au ralenti, sans précédent depuis la fermeture des studios due au Covid-19.
Devant le siège de Netflix, la présidente du syndicat, Meredith Stiehm, encourageait les troupes défilant avec des pancartes « Pas de pages sans salaire décent » ou « Montrez l’argent ». La « guilde » a diffusé un tableau affichant les salaires perçus par les PDG de l’industrie du divertissement en 2022. Bob Iger, de Disney, a touché 45,9 millions de dollars (41,6 millions d’euros), Reed Hastings et Ted Sarandos, de Netflix, respectivement 51,1 millions et 50,3 millions (en augmentation de 32 % en un an). La rémunération des scénaristes de télévision, ajustée de l’inflation, a en revanche baissé de 23 % en dix ans, selon le syndicat.
« Notre salaire minimum (négocié par le syndicat) est devenu notre plafond », a dénoncé Brittani Nichols, scénariste de la très populaire comédie Abbott Elementary sur ABC et l’une des responsables de la « guilde », en notant que l’industrie a enregistré des bénéfices de 19 milliards en 2022 et continue à consacrer des milliards de dollars à la création de contenu. « Les studios se comportent comme si la seule chose à laquelle ils faisaient attention, c’était Wall Street, a-t-elle expliqué à Amy Goodman, de l’émission “Democracy Now !” Ils poursuivent un lapin qu’ils n’attraperont jamais et, au passage, ils écrasent ceux qui font cette industrie. »
Sentiment de dévalorisation
Les scénaristes ont cessé le travail six fois seulement depuis la création de la WGA en avril 1933. La première grève, en 1960, avait duré près de cinq mois. La plus longue, en 1988, a duré exactement cinq mois. Le mouvement actuel n’est pas sans rappeler celui de 2007-2008, qui s’est prolongé pendant cent jours, coûtant plus de 2 milliards à l’industrie du divertissement.
A l’époque, comme aujourd’hui, il traduisait l’inquiétude des scénaristes devant le développement d’une nouvelle technologie. Dans un communiqué annonçant l’échec des négociations, la WGA a évoqué, mardi 2 mai, la « crise existentielle » subie par les créateurs, pratiquement réduits au statut de contractuels de la gig economy, l’économie du travail à la tâche – et leur sentiment de dévalorisation.
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Source: Le Monde