" Bullet Train ", sur Canal+ : huis clos meurtrier mené à un train d’enfer

July 30, 2023
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Ladybug/Coccinelle (Brad Pitt) et Lemon/Citron (Brian Tyree Henry) dans « Bullet Train » (2022), de David Leitch. 10.7 PRODUCTIONS

CANAL+ – DIMANCHE 30 JUILLET À 22 H 40 –FILM

Ancien cascadeur et chorégraphe de combats (Ocean’s Eleven, de Steven Soderbergh, 2001 ; Jason Bourne. L’héritage, de Tony Gilroy, 2012), David Leitch a finalement choisi de mettre son métier au service de ses propres films. Après un peu convaincant Atomic Blonde (2017) et un plus réussi Deadpool 2 (2018), Bullet Train s’évertue cette fois à user, à contourner et à faire exploser les contraintes du huis clos.

Ce huis clos est servi par le Shinkansen, le train à grande vitesse japonais, dans lequel, entre Tokyo et Kyoto, sept personnages plus ou moins sanguinaires sont amenés à voyager. Tous sont chargés d’une mission différente, qui les relie les uns aux autres. Un point qu’ils ignorent et découvriront, au fil des événements, lancés à pas moins de 400 kilomètres-heure.

Adapté du thriller du même nom du romancier japonais Kotaro Isaka (Presses de la Cité, 2010), Bullet Train nous asphyxie d’emblée par un flot d’informations – dont une partie en flash-back. D’abord au sujet de Coccinelle (Brad Pitt), agent doué, pas méchant, mais flanqué d’une telle poisse qu’il souhaite lever le pied sur ses missions. A l’exception de celle-ci, apparemment sans danger, puisqu’elle consiste à acheminer une mallette.

Ensuite, les autres personnages, dont les présentations successives accaparent les vingt premières minutes du film : ce temps accordé pour donner chair à chacun est la première qualité du film. Parmi eux, Mandarine (Aaron Taylor-Johnson) et Citron (Brian Tyree Henry), deux terreurs inséparables à l’efficacité approximative. Leur mission ? Assurer la sécurité d’un jeune homme hirsute, Minegishi Junior, fils d’un épouvantable truand.

Télescopages et coups foireux

A bord du Shinkansen se trouvent aussi Prince (Joey King), tueuse psychopathe, Kimura (Andrew Koji), alcoolique déterminé à retrouver celui qui a tué son fils, Elder (Hiroyuki Sanada), père de Kimura, un vieux sage qui veille sur la famille, Le Frelon (Zazie Beetz), une tueuse à gages redoutable. Tout ce beau monde croit tout savoir mais ne maîtrise rien, comme ne cessera de l’illustrer la suite de l’aventure : une somme invraisemblable de télescopages et de coups foireux va conduire les uns et les autres à se tirer dans les pattes, voire à se zigouiller, avec les moyens du bord (pistolet, sabre, couteau de cuisine, gel nettoyant). Le tout orchestré avec précision : David Leitch sait faire.

La verve, l’humour, la fantaisie potache, le désamorçage quasi systématique des situations dites « sérieuses », l’esprit cartoonesque qui avaient animé Deadpool 2 sont ici remis en scène dans un espace confiné et un temps que le réalisateur distord sans jamais nous perdre ni nous lasser. Bullet Train tient l’équilibre, mené sur les rails par une joyeuse troupe d’acteurs. En premier lieu, Brad Pitt, à qui l’autodérision, décidément, sied comme un gant.

Source: Le Monde