JMJ 2023 : François, ce pape qui veut que les jeunes mettent la " pagaille "

July 31, 2023
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C’était il y a dix ans, en 2013. L’un des premiers discours de celui qui vient d’être élu pape. Tout du moins l’un des premiers devant des jeunes. Nous sommes aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) organisées à Rio de Janeiro, au Brésil, et l’homme dont il s’agit est le pape François. Ce jour-là, le 25 juillet, l’ancien archevêque de Buenos Aires (Argentine), qui a succédé quatre mois plus tôt à Benoît XVI, est allé à la rencontre de ses compatriotes. Dans la cathédrale de Rio et tout autour, 30 000 Argentins se sont pressés pour retrouver « leur » pape.

Mais le message qu’il leur délivre ce jour-là va bien au-delà des frontières de l’Argentine. « Mettez la pagaille ! », leur lance-t-il alors. « Je veux de la pagaille dans les diocèses, je veux que l’Église descende dans la rue, je veux que nous nous défendions de tout ce qui est mondain, de tout ce qui est installation, de tout ce qui est confort, de tout ce qui est cléricalisme, de tout ce qui est fermeture sur nous-mêmes. » Ce conseil, que les traducteurs du Vatican ont sagement traduit en italien en remplaçant le mot « pagaille » (de l’espagnol très familier « lío ») par celui de « bruit », le pape François en a fait l’un de ses fils rouges lorsqu’il s’adresse, depuis le début de son pontificat, à la jeune génération.

Les liens entre les générations

Depuis, le pape n’a cessé d’encourager les jeunes à se mobiliser, en dehors de l’Église et en son sein, comme il le fit en 2016, lorsqu’il invita les fidèles présents aux JMJ de Cracovie (Pologne) à troquer « le canapé » où ils peuvent être tentés de s’installer confortablement pour « une paire de chaussures ». Des chaussures qui les aideront, avait alors poursuivi le pape, à « marcher sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu ». Dans le message publié à l’occasion des JMJ de Lisbonne, François vante aussi les « jeunes en mouvement, non pas immobiles devant le miroir à contempler leur propre image, ou “pris au piège” dans des réseaux ».

« Il y a, chez le pape François, une volonté de voir en nous autre chose que des acteurs secondaires. Il nous voit comme des protagonistes à part entière, qui ont à exercer une responsabilité », se félicite Mariano German García, 42 ans, professeur de religions à Buenos Aires, qui a participé en 2019 au synode sur les jeunes, convoqués à Rome par le pape. Lui, qui est aussi engagé à Caritas Argentine, fait partie de ceux qui échangent régulièrement avec François. « Je lui écris trois fois par an, pour lui parler de la jeunesse, de ses défis, lui dire ce que j’observe dans mon pays », explique-t-il.

Deuxième point d’insistance pour François, lorsqu’il s’agit de parler de la jeunesse : les liens entre les générations. En juillet, le pape a de nouveau vanté l’importance des contacts entre petits-enfants et grands-parents. Comme il l’avait fait quelques jours plus tôt avec les enfants du centre de vacances des employés du Vatican, devant lesquels il a décrit les grands-parents comme des « héros ».

Faire l’expérience des autres

Cette ouverture des jeunes générations sur l’extérieur est, de fait, omniprésente chez François, comme le montre l’exhortation apostolique publiée après le synode pour les jeunes, Christus vivit. Dans ce texte, il va jusqu’à inviter ses lecteurs à dépasser la question existentielle « qui suis-je », qui est celle de tant de jeunes. « Tant de fois, dans la vie, nous perdons du temps à nous demander : “Qui suis-je en fait ?” Mais tu peux passer toute ta vie à te demander et à chercher qui tu es ! Demande-toi plutôt : “Pour quisuis-je ?” », interpelle le pape. Avant de poursuivre : « Tu es pour Dieu, sans aucun doute. Mais il a voulu que tu sois aussi pour les autres, et il a mis en toi beaucoup de qualités, des inclinations, des dons et des charismes qui ne sont pas pour toi, mais pour les autres. »

C’est à cette expérience des autres, plus encore qu’à celle de soi-même, que François devrait d’ailleurs inviter les participants des JMJ de Lisbonne, la capitale portugaise. « En ces temps de guerre, il y a évidemment un thème à développer autour de la question de la miséricorde entre les cultures, insiste une source vaticane. Le pape dit souvent que les autres cultures constituent une richesse. Ces JMJ seront l’occasion d’être un signe de paix. »

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Source: La Croix