Avale-t-on vraiment huit araignées chaque année en dormant ? On décrypte cette " légende urbaine "
Avale-t-on vraiment huit araignées chaque année en dormant ? On décrypte cette « légende urbaine »
Par l’édition du soir.
Selon une obscure statistique qui a la vie dure, nous avalerions huit araignées par an pendant notre sommeil. Une idée qui fait frémir les plus phobiques d’entre nous. Mais s’agit-il d’une légende urbaine ou y a-t-il une part de vérité ?
Sur internet ou dans les conversations autour de la machine à café, l’hypothèse surgit parfois. Nous avalerions, à notre insu, durant notre sommeil, huit araignées par an en moyenne. Un chiffre effarant, d’autant que les arachnides, malgré leur petite taille, ne sont pas franchement les animaux les plus appréciés des humains. Mais que l’on se rassure : cette information n’est qu’une légende urbaine ! L’édition du soir vous explique pourquoi.
Petites et grandes bêtes
Vous avez sûrement déjà entendu l’adage : « Ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse. » C’est sûrement la meilleure réponse que l’on peut trouver à cette idée reçue. « La plupart des prédateurs ne s’attaquent pas à plus grand qu’eux, car ils savent qu’ils ne s’en sortiraient pas », rappelait en 2017 Dave Clarke, responsable des invertébrés au zoo de Londres, interrogé par la BBC.
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« Nous sommes si grands, qu’on fait partie du paysage » pour les araignées, renchérit dans le magazine Scientific American Bill Shear, professeur de biologie à l’Université Hampden-Sydney de Virginie et ancien président de la Société américaine d’arachnologie.
Les hommes ne sont pas attirants
Beaucoup sont dégoûtés ou effrayés par ces bestioles à huit pattes. Mais les araignées, elles, sont sûrement plus « humanophobes » que nous ne sommes arachnophobes.
Tout d’abord, les arachnides sont très sensibles aux vibrations. « Les vibrations ont une part importante dans l’univers sensoriel des araignées, explique Rod Crawford, conservateur des araignées au Musée de culture et d’histoire naturelle de Burke, à Seattle. Une araignée n’approcherait pas volontairement une personne endormie », précise-t-il.
Selon des arachnologues américains cités par le magazine Scientific American, le fait d’avaler une araignée dans son sommeil est possible, mais reste « un événement strictement aléatoire ». Et, de fait, tout le monde ne dort pas la bouche ouverte. Si tel est le cas, les ronflements ne peuvent pas être un élément attractif pour cet arachnide, qui voudrait s’approcher d’un visage humain. Enfin, la sensation d’une petite bête rampant sur le visage, et a fortiori jusque dans la bouche, suffirait à réveiller même les personnes au sommeil le plus lourd.
D’où vient cette histoire ?
La fameuse moyenne de huit araignées avalées par an n’est pas sortie de nulle part. C’est la chroniqueuse Lisa Holst qui en est à l’origine, selon la BBC. Dans un article du magazine allemand PC Professionell publié en 1993, elle invente plusieurs anecdotes et histoires « bidonnées », afin de démontrer la crédulité des internautes. Parmi ces « fake news », il y a l’histoire des araignées avalées par les dormeurs à leur insu la nuit…
Pour autant, impossible de retrouver sur internet la trace de l’article ni de son auteure, Lisa Holst. S’il est difficile d’établir l’origine de cette légende urbaine, il n’existe en tout cas aucune preuve scientifique permettant d’affirmer que nous avalons dans notre sommeil en moyenne huit araignées par an !
Source: L'édition du soir