"Vous comptez dépenser combien?" À Saint-Tropez, des restaurants filtrent les clients selon l'épaisseur de leur porte-monnaie

August 01, 2023
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Sélection par le porte-monnaie. Ou tout du moins, en fonction des dépenses, enregistrées grâce à de petits logiciels bien indiscrets. Voilà la tendance qui se dessine au sein de plusieurs adresses en vue à Saint-Tropez, qui ont décidé de maximiser la machine à cash.

Les techniques de fichage du bon vieux "Big Brother" sont ici recyclées au service du système de réservation de restaurants, où dégustation rime avec grosses additions.

Il vous vient à l’esprit d’aller festoyer dans cette adresse fréquentée par les people sur le vieux port? Mieux vaut avoir la CB bien accrochée, car sinon aucune chance d’y entrer. L’affaire débute lors de l’appel pour réserver.

"On vous demande vos nom et prénom. Il est vérifié si vous êtes enregistrés dans leur fichier. C’est à ce moment-là qu’est évalué ce que vous avez déjà dépensé, commandé en boissons... jusqu’au pourboire", détaille un insider.

"Dépenses minimums"

Bref, il s’agit de mesurer si l’on a affaire à un "gros client" potentiel ou au "menu fretin".

"Si le nom ne fait pas tilt et que vous n’êtes pas dans la première catégorie, on vous répond que le restaurant est complet jusqu’à fin août. On vous dirige alors aimablement vers un des autres restaurants du groupe", poursuit l’informé.

Cette trentenaire tropézienne, pourtant bien connue au sein de la vie culturelle dans la presqu’île, s’y est heurtée début juillet, lorsqu’elle a voulu réserver une table pour deux en vue de son anniversaire de mariage, dans une adresse gastronomique branchée de Ramatuelle.

Après avoir décliné son identité et celle de son conjoint, on lui a aimablement répondu qu’il n’y avait pas de place libre avant... septembre, là où un autre couple avait un placement assuré dans la semaine.

"Même les services de conciergerie de luxe n’hésitent plus à parler en termes de minimum spending lorsque vous faites appel à leurs services. C’est-à-dire qu’il faut leur assurer un montant de dépenses minimum, bien entendu le plus élevé possible, pour espérer décrocher une table dans un des restaurants-clubs les plus courus de Saint-Tropez", relève cette commerçante du vieux port.

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Une table à 5.000 euros ou rien

Une technique qui fait tiquer même les plus fortunés, vexés de devoir ainsi annoncer l'épaisseur de leur porte-monnaie, avant même de s’être attablés et d’avoir parcouru le menu du lieu convoité.

"C’est simple, au moment de réserver on vous dit clairement 'nous avons une table à 5.000 euros, OK pour vous?'. Si c’est non, eh bien, il n’y a plus de table! Cette façon de tout le temps pousser les dépenses à la hausse ne fait pas du bien au village", estime un autre témoin.

La logique des pourboires "forcés", ou "généreusement" arrondis au millier d’euros supplémentaires au moment d’insérer sa carte bancaire, ne ravit pas davantage la clientèle dorée, pour qui l’art de se faire pigeonner - même en beauté sur les quais - a ses limites.

"L’autre soir, un ami italien s’est fait rattraper sur le parking parce que le tip de 500 euros n’était pas assez élevé. Le personnel lui a demandé de laisser 20% de la note. Et que 'c’était comme ça'. Quelle est cette manière de faire? Nous devenons les otages de ces gens-là!", conclut cette (très) fortunée cliente, qui jure que l’on n’y reprendra plus.

Source: Var-matin