La politique de l’Etat d’Israël, récurrent sujet de division pour la gauche française

May 03, 2023
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Le député communiste Jean-Paul Lecoq et son collègue Pierre Dharréville, à l’Assemblée nationale, le 19 octobre 2022. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Le député communiste de Seine-Maritime Jean-Paul Lecoq y tient. Sa résolution « condamnant l’institutionnalisation par l’Etat d’Israël d’un régime d’apartheid consécutif à sa politique coloniale », déposée en avril au bureau de l’Assemblée nationale, sera examinée en premier lors de la niche parlementaire du groupe Gauche démocrate et républicaine, jeudi 4 mai. Après un parcours contrarié et avec peu de chances d’être adoptée.

En juillet 2022, le texte avait suscité la condamnation du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et des critiques du député socialiste Jérôme Guedj, pour qui le texte « transpire la détestation d’Israël ». Depuis, la résolution a été amendée. Elle affiche dès son titre la « nécessité d’une solution à deux Etats » et ne dit plus que « les autorités israéliennes traitent les Palestiniens comme un groupe racial inférieur ». « Chez les collègues communistes, cette référence avait été mal comprise », reconnaît M. Lecoq.

Après les crispations de l’été, le texte a perdu des signataires. Plus aucun nom socialiste ne figure en bas de page. Au bureau national du Parti socialiste (PS), mardi 2 mai au soir, la position unanime qui s’est dégagée est celle d’un vote contre. Le bureau devrait, en outre, adopter une résolution interne demandant la reconnaissance de la Palestine, condamnant la politique de colonisation, la « dérive illibérale » du gouvernement de droite allié à l’extrême droite, et récusant le terme d’« apartheid ». En l’utilisant, « de manière consciente ou subliminale on avaliserait une inacceptable et contre-productive délégitimation de l’Etat d’Israël », estime le député PS de l’Essonne Jérôme Guedj. Quant aux écologistes, qui comptent deux députés signataires, ils s’interrogent sur le choix du mot « apartheid », et sur son pouvoir clivant.

Dialogue ardu

Le communiste Jean-Paul Lecoq, avec sa résolution, dit vouloir amener la gauche à ce qu’il estime être ses fondamentaux : « J’espère qu’il reste encore des choses à gauche sur la solidarité avec le peuple palestinien. Toutes les campagnes nous accusant d’antisémitisme interpellent et peuvent faire peur à certains mais j’espère que la liberté d’analyse et d’expression des députés de gauche ira au-delà. »

Du côté de La France insoumise (LFI), le texte est vu de manière favorable, quoique avec plus ou moins de prudence selon les députés. Le député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel ne l’a pas signé. « Il ne faut jamais rien céder à l’antisémitisme, et rien non plus aux discours d’amalgame où toute critique du gouvernement israélien vaut antisémitisme », estime-t-il, jugeant « insupportable » cette assimilation. Depuis au moins 2019 et les déclarations d’Emmanuel Macron estimant que l’antisionisme constitue l’« une des formes modernes de l’antisémitisme », la gauche peine à trouver un espace de parole où tenir sa ligne sans se faire accuser d’antisémitisme.

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Source: Le Monde