Casino guichard : La dette de Casino en France ne descend pas, son action s'effondre à la Bourse de Paris
(BFM Bourse) - Les ventes du groupe sont passées dans le rouge en France en données comparables au premier trimestre, plombées par les hypermarchés et supermarchés. La dette en France, elle, se maintient à 4,5 milliards d'euros, suggérant que le distributeur a brûlé beaucoup de cash sur la période.
Casino continue d'afficher des performances inquiétantes. Le groupe de distribution stéphanois a publié des ventes trimestrielles qui, encore une fois, sont loin d'être satisfaisantes.
Sur l'ensemble des trois premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires s'est établi à 5,4 milliards d'euros, en progression de 1% sur un an en données comparables. Mais cette progression est tirée par l'Amérique latine, où la croissance s'est établie à 9,5%.
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Sur le périmètre "France Retail" – soit les activités en France hors Cdiscount – Casino accuse un repli de ses ventes de 0,4% en données comparables, une baisse marquante au regard de la forte inflation des prix alimentaires dans l'Hexagone (15,9% sur un an en mars, à titre d'exemple). Au quatrième trimestre 2022, les ventes sur ce périmètre "France Retail" étaient stables en données comparables. La mauvaise dynamique du groupe s'est donc amplifiée.
Hyper et supermarchés dans le dur
Si les enseignes parisiennes et de proximité, comme Monoprix et Franprix, restent en croissance, Casino est une nouvelle fois plombé par ses supermarchés et hypermarchés, qui accusent des chutes respectives de 7,8% et 12,4% en données comparables. La société évoque un "contexte difficile" et explique avoir passé "des mesures de réajustement tarifaire significatives depuis le début de l’année" dans ces types d'enseignes.
"Le plongeon du chiffre d'affaires dans les supermarchés et les hypermarchés est problématique et montre que le groupe perd des volumes et des parts de marché", souligne Clément Genelot, analyste chez Bryan Garnier & Co.
Mais au-delà de l'activité du groupe, toute l'attention du marché se focalise sur la dette de la société, en particulier en France, puisque c'est sur ce périmètre que Casino doit respecter des "covenants", c'est-à-dire des engagements en matières d'endettement, auprès de ses créanciers.
Or à fin mars, la dette nette de Casino en France est restée stable, à 4,5 milliards d'euros, avec des covenants toutefois respectés à cette date.
"Ce qui frappe c'est l'ampleur du 'cash burn' sur le premier trimestre. La dette nette en France est quasi stable par rapport à fin décembre alors qu'en face le groupe a vendu pour 800 millions d'euros d'actifs. Sachant que la société a utilisé 100 millions d'euros pour racheter des obligations, cela veut dire que Casino a consommé 700 millions d'euros de trésorerie sur ses activités, en très forte chute", pointe Clément Genelot.
"En France, ils terminent le trimestre avec 286 millions d'euros de trésorerie, ce qui est très peu confortable. La société a précédemment expliqué qu'elle avait besoin d'environ 400 millions d'euros pour fonctionner sereinement", souligne également l'analyste.
Des spéculations sur le titre ces dernières séances
A la Bourse de Paris, l'action, très volatile, s'effondre de 15% vers 10h40. Il convient toutefois de souligner que le titre avait progressé de près de 20% sur les cinq séances précédentes.
Ce dernier mouvement est compliqué à justifier au vu de l'absence de nouvelle réellement positive pour le groupe ces derniers jours. "Il est difficile à expliquer. Cela peut être des rachats de shorts [des investisseurs qui soldent leurs positions de ventes à découvert et qui, donc, rachètent le titre pour clôturer cette position, NDLR] ou encore des particuliers qui peuvent se positionner sur le titre", estime Clément Genelot.
Une autre intermédiaire financier peine également à décrypter ce mouvement évoquant "peut-être des positions techniques de 'hedge funds', des paris" avec en ligne de mire des supputations sur la montée au capital de Daniel Kretinsky.
L'homme d'affaires tchèque a proposé la semaine dernière un plan pour renflouer Casino via une augmentation de capital de 1,1 milliard d'euros, dont 750 millions d'euros seraient apportés via sa société Vesa Equity Investment. Cette opération signifierait que Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino, perdrait potentiellement le contrôle du groupe. L'opération pose par ailleurs pour condition préalable un effacement de la dette brute non sécurisée de Casino d'une ampleur "très substantielle" via une conversion en capital.
Dans un entretien au Point publié mercredi, Daniel Kretinsky a assuré que cette proposition n'était pas "hostile" et que Jean-Charles Naouri pourrait conserver "une place éminente" dans le groupe. Il expliquait également que cette proposition n'entrait pas en contradiction avec le potentiel rapprochement entre Casino et Teract, filiale de la coopérative agricole InVivo qui possède notamment Gamm' Vert et Jardiland.
Le groupement de magasins indépendants Les Mousquetaires s'est récemment joint aux discussions et pourraient effectuer, conjointement avec InVivo, un investissement de 300 millions d'euros dans la potentielle nouvelle entité formée par Teract et Casino.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse