Elections locales en Angleterre : premiers résultats défavorables pour les conservateurs du premier ministre Rishi Sunak

May 05, 2023
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Rishi Sunak devant le siège du parti conservateur, à Londres, le 5 mai 2023. STEFAN ROUSSEAU / AP

Le parti conservateur du premier ministre britannique, Rishi Sunak, se dirigeait, vendredi 5 mai, vers une importante défaite aux élections locales en Angleterre selon les premiers résultats annoncés. Le dépouillement est encore en cours et doit se prolonger jusqu’à vendredi soir, mais, au cours de la nuit, le parti au pouvoir a déjà essuyé d’importants revers dans certains de ses bastions.

Après dépouillement des bulletins dans 61 des 230 conseils locaux en jeu cette année, les conservateurs ont perdu 190 élus, selon les chiffres du Guardian. « Il est toujours décevant pour ces conseillers conservateurs qui travaillent dur » de ne pas être réélus, a réagi le premier ministre Rishi Sunak sur Sky News, répétant ses promesses au niveau national concernant l’économie, la santé ou la lutte contre l’immigration illégale. Il avait dit, mercredi, s’attendre à des élections « difficiles ».

Le parti travailliste remporte, à ce stade, 138 sièges. La coordinatrice nationale de la campagne pour le parti travailliste, Shabana Mahmood, a estimé que « ces résultats sont un désastre pour Rishi Sunak, que les électeurs punissent pour les échecs des Tories [les conservateurs] ». Le parti espère réussir à faire entrer son chef, Keir Starmer, à Downing Street à l’issue des prochaines élections législatives, prévues d’ici à la fin de l’année prochaine. Les libéraux démocrates enregistrent quant à eux un gain net de 59 élus. « Nous dépassons toutes les attentes », s’est quant à lui réjoui leur chef de file, Ed Davey, se félicitant du coup porté au « blue wall » conservateur. Les Verts en remportent 13.

Plymouth et Stoke-on-Trent pour les travaillistes

Le parti d’opposition travailliste a notamment remporté les conseils locaux de Plymouth (Sud) et Stoke-on-Trent (Nord) . Cette ville était considérée dans la presse britannique comme la « capitale » du Brexit – 69 % des électeurs y avaient voté pour le Brexit en 2016. Les conservateurs ont également perdu le contrôle de South Kesteven, dans le Lincolnshire, perdant 12 sièges sur les 36 qu’ils avaient jusqu’alors. Les conservateurs perdent également le conseil local de Hertsmere, au nord-ouest de Londres, où vice-premier ministre Oliver Dowden est député. A la veille du couronnement du roi Charles III, les conservateurs perdent également le contrôle du Royal Borough de Windsor et Maidenhead, au profit des libéraux démocrates.

Au total, les conservateurs pourraient perdre « environ mille sièges », a anticipé John Curtice, politologue à l’université écossaise de Strathclyde, à l’antenne de la BBC, vendredi matin. « Si cette tendance se poursuit, le parti conservateur pourrait essuyer une défaite qui pourrait rivaliser avec [les élections locales] de 1995 » confirme Michael Thrasher, un autre politologue, dans un article publié par SkyNews. Deux ans plus tard, les travaillistes, menés par Tony Blair, remportaient les élections générales.

Le leader du parti travailliste, Keir Starmer (au centre), le 4 mai 2023. STEFAN ROUSSEAU / AP

Ces élections locales visaient à renouveler 8 000 postes de conseillers municipaux. Les partis d’opposition (les démocrates libéraux, au centre, les Verts et les travaillistes, à gauche) comptent profiter des déboires des ex-gouvernements de Boris Johnson et de Liz Truss pour marquer des points.

Ce scrutin est aussi le premier auquel est confronté le premier ministre actuel, Rishi Sunak, depuis qu’il a succédé à Liz Truss en octobre 2022, et le dernier avant les élections générales prévues en 2024 au Royaume-Uni. Il a été marqué par une exigence inédite pour les électeurs : celle de présenter une pièce d’identité pour pouvoir voter. Ce changement a été qualifié par ses détracteurs de manœuvre pour exclure certains électeurs, en particulier les jeunes et les catégories populaires – aucun document équivalent à la carte d’identité nationale à la française n’est mis en place au Royaume-Uni.

Le Monde avec AFP et Reuters

Source: Le Monde