Matières premières : " La fraise ramène sa framboise "

May 07, 2023
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Au marché du Cristal, dans le centre-ville de Toulouse, le 20 mai 2022. FREDERIC SCHEIBER / AFP

Les producteurs de fraises soupirent d’aise. Malgré l’inflation en rayon, personne ne boude le fruit de saison. Et pourtant, début mars, avant les premières livraisons, chacun ressentait les tensions. Et si les Français, contraints dans leur budget, rechignaient à ouvrir leur porte-monnaie pour s’offrir le fruit frais ? Pour l’heure, la fraise n’a pas été sacrifiée sur l’autel de l’austérité, et la gariguette se pousse de la collerette dans les barquettes.

Les fraisiculteurs ont un autre motif de satisfaction. Jusqu’à présent, le feuilleton météo a été favorable aux cultures. Bon ensoleillement, mais pas de coup de chaud synonyme de mûrissement rapide, d’engorgement des marchés et d’inévitable écrasement des prix en marmelade. Un point noir s’est toutefois invité dans ce tableau aux tons rosés.

En début de campagne, les producteurs ont agité le chiffon rouge. Ils ont demandé à la grande distribution de revenir à la raison et de ne pas trop se sucrer sur les fraises françaises. « Au mois de mars, la barquette de 250 grammes était achetée 2,60 euros au producteur et se retrouvait à 7 euros ou 8 euros dans les magasins. Même si cela portait sur de petits volumes, nous craignions que ce soit un frein à la consommation », explique Xavier Mas, producteur dans le Lot-et-Garonne et président de l’Association d’organisations de producteurs nationale (AOPN) Fraises. Si le coup de pression a fait son effet, il regrette toutefois que le prix actuel payé au producteur, quasi identique à celui qui était versé en 2022, ne tienne pas compte de l’inflation des coûts de production, en particulier salariaux.

Rouleau compresseur

Même quand la météo est favorable, la grande distribution fait la pluie et le beau temps. Ainsi, la fraise du Périgord, soumise à son rouleau compresseur, en sort défrisée. Seule à bénéficier d’une indication géographique protégée (IGP), preuve donnée au consommateur qu’elle est bien enracinée dans la terre périgourdine et non pas produite hors sol comme nombre de ses congénères, elle ne peut souvent pas se coiffer de son label distinctif.

« Sur les 3 000 tonnes de fraises du Périgord éligibles à l’IGP, un tiers seulement l’affiche. Les enseignes préfèrent les vendre sous leur propre marque, comme “Nos régions ont du talent” ou “Filière qualité Carrefour”. Tous les efforts que nous avons faits, les distributeurs se les approprient », constate Roland Cabrillac, porte-parole de la fraise du Périgord.

Satisfaits du juteux business de la fraise française, même si gariguette, ciflorette ou mara des bois ne représentent que la moitié des volumes consommés en France, les distributeurs voudraient maintenant étendre l’offre tricolore à la framboise. Une douceur d’été importée, elle aussi, principalement d’Espagne et du Maroc.

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Source: Le Monde