Atos : comment échouer dans un domaine à succès

May 07, 2023
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Atos ce n'est pas l'un des trois mousquetaires mais l'histoire d'un échec industriel français qui pourrait bien résumer un certain nombre de nos travers politico-industriels et c'est justement le Superfail de la semaine avec le journaliste Marc Endeweld, journaliste indépendant.

Un projet de découpage industriel prometteur

Tout d'abord pour comprendre ce projet de découpage raté, il faut s'intéresser au groupe Atos, géant informatique français qui n'emploie pas moins de 110 000 personnes à travers le monde. Mais à la mi-février 2023, le groupe rencontre des difficultés financières et décide de céder sa filiale informatique, du nom d'Evidian. Le groupe Airbus s'est alors rapproché du groupe, intéressé par le rachat de cette filiale : "Evidian renferme les activités de cybersécurité, particulièrement sensibles et stratégiques aujourd'hui et également les activités de supercalculateurs qui est aujourd'hui une activité très importante." explique le journaliste Marc Endeweld.

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Mais les discussions entre Airbus et Atos ont finalement échoué. L'une des raisons qui explique cet échec est la mauvaise santé financière de la filiale Evidian : "Le résultat opérationnel d'Evidian était plus faible que prévu, sa rentabilité plus faible que prévu, aux alentours de 5%, bien en deça de la concurrence.".

Non-sens industriel et manque de vision

Mais en réalité, la volonté de céder la filiale Evidian était parfaitement illogique du point de vue de la viabilité générale du groupe ATOS, c'est ce qu'explique le journaliste Marc Endeweld : "Toutes ces compétences qui sont aujourd'hui rassemblées dans la filiale Evidian, leur principal client en fait c'est ATOS elle-même dans l'autre branche, Tech Foundations. Plusieurs interlocuteurs m'expliquaient le non-sens industriel de cette opération."

Cette histoire est selon le journaliste assez symptomatique de la gestion de ce genre d'opération industrielle en France : "C'est un cas d'école, à la fois dans le management successif de l'entreprise, de son pilotage à la fois proche et éloigné de l'Etat, souvent les considérations industrielles, et d'anticipation du marché et des besoins, sont mis au second plan, et des considérations hiérarchiques (...), financières, priment." explique Marc Endeweld.

Source: France Culture