Pap Ndiaye justifie la suspension de deux professeurs pour leurs propos sur les réseaux sociaux

May 07, 2023
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France 3 / Capture d’écran France 3 / Capture d’écran

ÉDUCATION NATIONALE - Des sanctions « justifiées ». Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a défendu ce dimanche 7 mai la suspension pour trois mois de deux professeurs de philosophie. L’Éducation nationale leur reproche d’avoir outrepassé leur « devoir de réserve » avec leurs prises de position sur les réseaux sociaux et de perturber « le bon fonctionnement du service public ».

« Nous garantissons le droit de libre expression, mais ce type de propos n’entre pas dans le droit de libre expression », a expliqué le ministre dans l’émission Dimanche en Politique sur France 3, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Pap Ndiaye déplore « des propos outranciers, complotistes, injurieux ».

2 #professeurs ont été sanctionnés pour leurs propos sur les #réseauxsociaux. @PapNdiaye justifie : "des propos out… https://t.co/zRE3nXfem2 — DimancheEnPolitique (@DimPolitique) Voir le tweet

Sortant ensuite de la poche de son costume un bout de papier, Pap Ndiaye s’est mis à lire à haute voix sur le plateau un propos tenu par l’un des professeurs suspendu : « Les députés qui voteront le pass vaccinal sont, à mon sens, les dignes héritiers de ceux qui votèrent le statut des Juifs », a-t-il cité.

Prises de paroles virulentes

Franklin Nyamsi, qui enseigne à Rouen, et René Chiche, près de Marseille, tous deux professeurs agrégés, sont suspendus depuis ce printemps.

René Chiche a été suspendu à partir de la mi-avril, selon un courrier des ressources humaines du ministère de l’Éducation nationale, tweeté par le professeur. Connu dans le milieu enseignant pour ses propos virulents sur une école qu’il juge à la dérive, le professeur est également vice-président d’Action et Démocratie, un syndicat d’enseignants très minoritaire.

« Selon le ministre, mon expression publique et l’audience de mes propos portent atteinte à l’image et la réputation du service public de l’Éducation nationale », a-t-il écrit ce samedi sur son compte Twitter, comptabilisant plus de 100 000 abonnés.

Mes premières pensées vont à mes élèves, que le ministère de l'éducation nationale prive de leur professeur à deux… https://t.co/KcIOmanT9Z — René Chiche (@rene_chiche) Voir le tweet

La commission paritaire réunie en conseil disciplinaire lui avait reproché, il y a quelques semaines, de mettre « en avant sa qualité de professeur dans ses prises de paroles publiques ». La commission avait considéré « que la fréquence de ces propos est de nature à impacter le bon fonctionnement du service public ».

Inquiétudes de l’association des professeurs de philosophie

Suivi par près de 160 000 personnes sur Twitter, Franklin Nyamsi, lui, estime avoir été sanctionné pour ses « critiques contre la politique africaine de la France » et évoque une « persécution politique », selon une publication fin avril.

Samedi encore, il a partagé un article du quotidien local Paris Normandie relatant sa suspension sans versement de salaire, qu’il a contestée devant la justice. Le tribunal administratif de Rouen l’a débouté de sa demande jeudi, selon une décision qu’il a rendue publique vendredi.

« Sans le moins du monde motiver sa décision, un juge administratif de France a rejeté notre recours contre l’exclusion de fonctions professorales que je subis depuis le 14 mars 2023 », a-t-il commenté, alors que la justice doit se prononcer dans un second temps sur le fond de l’affaire.

Dans un communiqué publié vendredi, l’association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (Appep) écrit ne disposer que de « données fragmentaires » à propos de ces deux affaires, mais « suffisantes pour susciter l’inquiétude légitime des professeurs ».

Elle s’interroge sur « l’usage que pourront faire » les professeurs « de leur liberté d’expression sans risquer d’encourir une sanction administrative, y compris lorsqu’ils critiquent les politiques mises en œuvre par le gouvernement ».

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Source: Le HuffPost