Voitures électriques : comment Tesla profite du bonus écologique pour multiplier ses ventes
La Model Y de Tesla était la voiture la plus vendue en France sur les trois premiers mois de 2023, devant la Dacia Spring et la Peugeot e208.
Avec sa stratégie de baisse de prix, Tesla gagne une large part du marché français des voitures électriques. Il se place ainsi devant les constructeurs automobiles traditionnels. Pour multiplier ses ventes, l'Américain n'hésite pas à profiter d'une mesure lancée par le gouvernement français : le bonus écologique.
En quatre mois - de janvier à avril 2023 - la marque états-unienne a baissé les prix de ses deux modèles phares, de 11.000 euros pour sa Model 3, d'entrée de gamme, et de 5000 euros pour son Model Y. La première voiture électrique s'affiche ainsi à partir de 41.990 euros, tandis que la seconde est commercialisée à partir de 44.990 euros.
La marque est devenue incontournable dans l'Hexagone
Les acheteurs de ces modèles ont la possibilité de bénéficier du bonus écologique, instauré en France en janvier dernier. Celui-ci permet de recevoir une aide de 5000 euros pour les véhicules 100% électriques de moins de 47.000 euros, avec une masse inférieure à 2,4 tonnes. Mais les consommateurs n'ont aucune obligation d'acheter une voiture française, ce qui fait les affaires de Tesla.
La Tesla Model Y à gauche et la Model 3, à droite. Tesla
En effet, entre ses baisses de prix et le bonus écologique, la marque est rapidement devenue incontournable dans l'Hexagone. Le premier trimestre 2023 représente d'ailleurs un record pour Tesla, avec 440.808 voitures fabriquées et 422.875 livrées dans le monde entier. Une tendance qui se confirme aussi en France, avec plus de 12.800 Tesla immatriculées en France au cours du premier trimestre, soit une hausse de 51,24% par rapport à la même période de l'année 2022, selon les données d'AAA Data citées par la Plateforme automobile. La Model Y devient ainsi la voiture la plus vendue en France sur les trois premiers mois de 2023, devant la Dacia Spring et la Peugeot e208.
À lire aussiAcheter une voiture électrique, une fausse bonne affaire ?
Une «taxe Tesla» en Norvège
Avec de tels résultats, Tesla commence à faire de l'ombre aux constructeurs français Renault et Peugeot, dont les véhicules électriques sont vendus respectivement à partir de 42.000 euros et 40.950 euros. Mais pour Carlos Tavares, directeur général de Stellantis (Peugeot), cela ne suscite aucune inquiétude, a-t-il fait savoir le 27 avril sur BFM Business : «Stellantis n'a pas besoin de répondre à Tesla parce que le prix de nos véhicules est bien inférieur à celui de Tesla. Donc pour nous ce n'est pas une question pressante, c'est une question pour Tesla qui était [à des niveaux de prix] très élevé par rapport au reste du marché.»
La Renault Mégane e-tech à gauche et la Peugeot e-2008 à droite. Renault et Peugeot
Toutefois, le ministère de l'Économie et des Finances pourrait modifier les conditions d'attribution du bonus écologique pour éviter qu'il ne profite aux marques étrangères. «Protéger nos constructeurs nationaux», convaincre l'opinion qu'il ne s'agit pas «d'un cadeau fait aux riches», ce sont «de vrais enjeux», confie au Parisien un haut fonctionnaire de la Direction générale des entreprises. Pour éviter ce phénomène, la Norvège a d'ailleurs récemment mis en place une «taxe Tesla» pour réduire les avantages fiscaux sur l'achat des véhicules électriques de marque.
Depuis le 1er janvier 2023, le pays a ainsi réinstauré sa TVA à 25% sur les voitures qui coûtent plus de 500.000 couronnes, soit 43.000 euros. À cela s'ajoutent aussi des frais de poids de 12,5 couronnes norvégiennes - environ un euro - par kilogramme, au-dessus de 500 kg. Pour une Model Y de Tesla, d'environ deux tonnes, il faut donc ajouter environ 17.360 couronnes norvégiennes, soit 1500 euros supplémentaires. De quoi orienter les acheteurs vers des véhicules plus légers et/ou moins onéreux.
Source: Le Figaro