Alfa Romeo Tonale hybride rechargeable 280 ch : essai complet et chiffres vérifiés
Faute de véritable agrément mécanique et de consommations malgré tout assez élevées, les Alfa Romeo Tonale hybrides 130 et 160 ch nous ont un peu laissés sur notre faim. Finalement, mieux vaut se tourner vers la version hybride rechargeable du SUV compact italien. En effet, les progrès avec cette PHEV sont flagrants. Tout n’est pas parfait car, même si les ingénieurs ont cette fois un peu diminué l’assistance de la direction, elle manque toujours franchement de consistance et ne permet pas de sentir approcher les limites d’adhérence, lesquelles sont pourtant reculées grâce à un train avant efficace et à un Torque Vectoring (freinage ciblé des roues intérieures si nécessaire en virage). Du coup, il est difficile de se sentir totalement en confiance en abordant les virages sur les revêtements glissants. Et cette direction manque toujours de centrage aux allures routières – elle ne revient pas d’elle-même au point milieu –, imposant des corrections de trajectoire quasi permanentes. Deux points que les ingénieurs châssis assurent vouloir améliorer rapidement.
Le meilleur des trois
Hormis ces soucis, c’est le jour et la nuit côté agrément par rapport aux deux Tonale hybrides déjà testées. Sur cette PHEV, on bénéficie déjà d’un roulage zéro émission confortable grâce au moteur électrique délivrant en pic 90 kW, soit 122 ch, lequel entraîne les roues arrière sans liaison avec celles de l’avant. Et si cette Alfa devait, à l’origine, reprendre la chaîne de traction de 240 ch des Jeep Renegade et Compass, Jean-Philippe Imparato – ex-patron de Peugeot – a voulu, quand il a pris les rênes de la marque en janvier 2021, offrir plus de puissance à l’italien. Cela a donc repoussé l’arrivée de ce PHEV, mais, en choisissant une batterie plus grosse et plus puissante (15,5 kWh au lieu de 11,4), logée sous la banquette et la console entre les sièges, ce SUV Alfa bénéficie de 280 ch, en plus de ses quatre roues motrices. Soit une puissance plus à même de déplacer vigoureusement ses 1 914 kg que nous avons mesurés à vide, soit quand même presque 300 kg de plus que les Tonale 130 et 160 ch !
Une masse qui n’empêche pas le bloc électrique d’offrir suffisamment de dynamisme quand il fonctionne seul. Chose qu’il est capable de faire sur 53 km en ville et 48 km sur route après une charge de 2 h 30 sur une Wallbox 7,4 kW (7 heures sur une prise domestique). Mais comptez seulement 25 km sur autoroute car le thermique démarre dès que la batterie tombe à 25 % de charge. Et si on enfonce l’accélérateur à plus de 50 %, le 1.3 turbo essence se réveille et ajoute ses 180 ch pour offrir une belle vigueur, dans une sonorité rauque assez sympa à l’échappement.
L'Alfa Romeo Tonale hybride rechargeable accélère bien mais est lourd. © Alfa Romeo
Reste que la surcharge pondérale demeure bien sensible, sanctionnée par un 0 à 100 km/h décevant pour 280 ch, que nous avons mesuré en 10,4 s (seulement 9,6 s pour le Tonale Hybrid 160 ch), alors qu’Alfa Romeo l’annonce en seulement 6,2 s. Heureusement, sans temps de réponse grâce au moteur électrique qui pousse durant les rétrogradages, les reprises demeurent assez vigoureuses (80 à 120 km/h en seulement 5,2 s) pour satisfaire un amoureux de la marque et rassurer la famille lors des dépassements. D’autant que la boîte automatique 6, d’origine Aisin, se montre suffisamment rapide et dépourvue des à-coups que nous critiquions sur la boîte double embrayage Getrag à 7 rapports des Tonale Hybrid. Pour peaufiner l’agrément, on préférerait que cette transmission automatique reconnaisse mieux le relief en rétrogradant un peu plus tôt dans les montées et, surtout, au freinage en descente.
Mode Individual attendu
D’autant que le frein moteur électrique régénératif très faible, à la limite de la roue libre, n’est pas ajustable. Certes, il y en a un peu plus en Dynamic, mais toujours pas assez. En fait, il manque à cette Alfa un mode Individual où l’on choisirait la force de freinage régénératif, l’assistance de direction, la réponse de l’accélérateur… afin de l’adapter à son goût. Un autre point que les ingénieurs nous ont promis prendre en compte. En revanche, nous n’avons pas retrouvé le toucher très naturel de la pédale de frein des Tonale PHEV de présérie essayés en novembre dernier. Elle est ici un peu spongieuse et difficile à doser juste avant l’arrêt en ville. Si les grosses roues de 20 pouces ne remontaient pas quelques trépidations dans ce cadre urbain, le confort atteindrait un bon niveau. Car sur route, même déformée, l’amortissement, piloté sur notre modèle d’essai, offre suffisamment de progressivité. Les deux lois, Normal et Sport, ne montrant pas de trop fortes différences entre elles.
Intérieur de l'Alfa Romeo Tonale hybride rechargeable. © Alfa Romeo
Les passagers sont donc préservés des défauts du revêtement et peuvent prendre leurs aises à bord, d’autant que la place ne manque pas, y compris sur la banquette arrière. Même chose devant, où Alfa a également soigné les matériaux avec des plastiques moussés en partie supérieure. Mais il faut accepter un coffre réduit de 15 cm en hauteur à cause du moteur électrique et de son électronique situés dessous (270 dm3 contre 380 dm3 sur les hybrides simples). Et si ce Tonale PHEV affiche une sobriété correcte en ville (6,1 l/100 km), il boit beaucoup sur route avec 8,3 l, et se montre glouton sur autoroute avec 10,1 l. À ce tarif, dès 51 000 €, soit 10 000 € de plus que l’hybride simple 160 ch, mieux vaut donc vérifier que cet hybride rechargeable est bien adapté à votre usage.
Source: L'Automobile Magazine