Est-ce vraiment moins cher de rouler en véhicule électrique ?

May 08, 2023
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Avec la mise en place progressive des zones à faible émission (ZFE) mobilité et la fin de la vente des véhicules neufs à moteur thermique à l'horizon 2025, l'idée d'acheter un véhicule électrique fait son chemin. Fin 2022, la France comptait 1,2 million de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation, selon Avere France. Depuis le 1er janvier, pour l'achat d'un véhicule neuf 100 % électrique dont le prix ne dépasse pas 47 000 euros, le bonus écologique est fixé à 27 % du coût d'acquisition, dans la limite de 5 000 euros.

Cependant, pour un revenu fiscal de référence par part, inférieur à 14 090 euros, le bonus est majoré de 2 000 euros. Pour les véhicules dont le prix est compris entre 47 et 60 000 €, l'aide de 2 000 € est supprimée. Idem pour les hybrides rechargeables qui bénéficiaient d'un bonus de 1 000 €. Enfin, pour l'achat d'un véhicule électrique d'occasion, le bonus écologique est de 1000 €. L'objectif des 100 000 bornes de recharge va être atteint, avec un an et demi de retard. Avant le Covid, 4 000 points de charge étaient installés par an. Depuis janvier 2023, c'est 4 000 par mois, avec un besoin estimé entre 330 000 et 480 000 points de recharge d'ici la fin de la décennie.

"Un véhicule électrique est 50 % plus cher qu'un véhicule thermique, estime Fabrice Godefroy, expert mobilités et environnement pour l'association 40 millions d'automobilistes. Cela reste le frein majeur. C'est pour cette raison qu'Emmanuel Macron est en train de lancer un leasing social, c'est-à-dire la possibilité d'avoir un véhicule électrique à 100 euros par mois. C'était une promesse de campagne et la Première ministre en a reparlé récemment."

Et de préciser : "Pour que ce soit envisageable, il faudrait que ce soit des véhicules qui tournent autour de 20 000 euros. Dans l'offre des véhicules 100 % électrique, on trouve la Dacia Spring, un petit SUV avec une autonomie assez faible fabriqué 100 % en Chine. Il y a en ce moment une omniprésence très forte des constructeurs chinois sur le marché français et européen. Ils arrivent avec des véhicules ultra-compétitifs. Cela va être difficile à gérer, car l'Europe va devoir se positionner sur les prix des constructeurs chinois". En sachant que la Chine a toute la chaîne de valeurs, avec une avance d'au moins dix ans sur l'extraction des matières premières (lithium, cobalt, nickel) et le raffinage. "Pour le moment, c'est un effet d'annonce, assure l'expert. Il serait saugrenu de subventionner des véhicules électriques fabriqués en Chine en faisant du dumping industriel pour la Chine à coups de subventions françaises."

Les taxes sur l'essence et le diesel rapportent plus de 40 milliards d'euros à l'État : "Vous pensez bien que l'État ne va pas se passer du jour au lendemain de cette manne financière. On peut aisément penser que des taxes sur les véhicules électriques seront mises en place. L'Australie vient d'instaurer une taxe aux kilomètres parcourus." Les automobilistes ne savent plus vers quelle motorisation se tourner. "On veut les punir d'acheter du diesel alors que, pendant des années, ils ont été poussés à le faire", déplore le spécialiste. "Et le véhicule essence aura une vignette Criter qui, à un moment ou à un autre, posera problème dans les zones à faible émission. Les aides sur l'hybride rechargeable ont été supprimées. C'est juste une technologie de transition."

Quel est le bon véhicule à acheter? "Il faut acheter par rapport à son type d'utilisation. Aujourd'hui, un automobiliste électro-compatible est celui qui a une borne de recharge chez lui et qui effectue moins de 100 kilomètres par jour."

Source: La Provence