Vincent Bolloré referme le chapitre du transport-logistique, mais " l’homme a encore de l’appétit "

May 09, 2023
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Vincent Bollore lors de son audition au Sénat, à Paris, le 19 janvier 2022. THOMAS SAMSON / AFP

Le suspense n’en était pas vraiment un. Après trois semaines de consultation des livres de comptes, Bolloré Logistics a annoncé sans surprise, lundi 8 mai, avoir accepté la promesse d’achat de l’armateur français CMA CGM pour « 4,65 milliards d’euros avant calcul de la dette et de la trésorerie à la date de réalisation », soit quelque 5 milliards au total. L’armateur marseillais réalise la plus grosse opération de son histoire, porté par les profits record de 40 milliards d’euros engrangés sur les exercices 2020-2022.

Pour le groupe de la famille Saadé, l’affaire est simple. Les frets maritime, aérien (Air France-KLM), ferroviaire (Gefco) et même spatial à terme (Eutelsat) sont les provinces d’un empire global capable de livrer les marchandises jusqu’au dernier kilomètre, partout dans le monde.

Déjà troisième armateur mondial de porte-conteneurs, il prendra ainsi la cinquième place − sous la marque Ceva Logistics − d’un secteur de la logistique en pleine consolidation, derrière DHL, Kuehne+Nagel, DB Schenker et DSV A/S. Celui-ci pèsera alors 24 milliards de dollars (22 milliards d’euros), un tiers du chiffre d’affaires actuel de CMA CGM.

Trésor de guerre

Pour le vendeur, les choses sont plus complexes. Chef de file de la sixième génération du groupe Bolloré, dont il a confié la direction à son fils Cyrille en février 2022, Vincent Bolloré referme le chapitre du transport-logistique. Il y était entré en rachetant la SCAC à Suez en 1986, puis en s’attaquant à l’armateur Delmas-Vieljeux.

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Mais sans moyens pour entrer dans la cour des grands, il a amorcé le repli en vendant fin 2022 son activité logistique en Afrique à l’italo-suisse Mediterranean Shipping Company, et à très bon prix (5,7 milliards de dollars). Puis Bolloré Logistics, cédé 1 milliard de plus que l’estimation des analystes.

Toujours PDG de la Compagnie de l’Odet, qui contrôle le groupe, l’homme a encore de l’appétit. Son trésor de guerre lui permettra de se renforcer dans les médias. Il détient encore 18 % d’Universal Music et, surtout, près de 30 % de Vivendi, qui doit absorber Lagardère (édition, média et retail) après le feu vert de Bruxelles attendu en juin.

C’est là que tout va se jouer : le milliardaire breton semble bien décidé à prendre le contrôle total, d’une manière ou d’une autre, de la maison mère de Canal+ et Havas. Il sera lui-même à la manœuvre pour cette opération, avant de lâcher définitivement les rênes à la septième génération.

Source: Le Monde