Biden va-t-il se prendre le plafond ?
La semaine a démarré sur une séance sans grand relief en bourse, où les investisseurs écartent les vents contraires en misant sur une politique monétaire américaine qui irait en s'assouplissant. La journée sera dominée par les palabres sur le plafond de la dette américaine, les résultats d'entreprises et, contre toute attente, l'immobilier suédois.
Si vous avez pu tranquillement profiter de votre 8 mai pour buller, ou plutôt chiller – pour éviter de passer pour quelqu'un qui serait né avant 1980 – il vous faut sans doute une remise à niveau express sur l'actualité financière. Les marchés actions se sont nettement redressés vendredi après un début de semaine tout pourri, et ils ont globalement conservé leurs gains hier, mais en mode effort minimal. La plupart des places financières étaient ouvertes le 8 mai, hormis Londres où les sujets de sa gracieuse majesté se pintaient en l'honneur du roi Charles III d'Angleterre, le prince héritier le plus opiniâtre de la planète, puisqu'il lui a fallu attendre 69 ans avant de coiffer la couronne.
En bourse, le bilan en soirée hier était de +0,11% en France, +0,35% en Suisse mais -0,05% en Allemagne. La distribution était à peu près identique aux Etats-Unis où le Nasdaq 100 a grappillé 0,25% et le S&P500 quelque 0,05%, pendant que le Dow Jones glissait de 0,17%. Dans l'actualité des sociétés, il fallait retenir que les résultats rassurants d'Apple ont porté les marchés en fin de semaine dernière et que Berkshire Hathaway, le joujou du papy-star de la bourse, Warren Buffett, gagne toujours beaucoup d'argent. En parallèle, ça va mieux pour les banques régionales américaines qui ont enregistré un rebond décérébré vendredi et qui ont encore gagné un peu de terrain hier, dans des limites plus raisonnables.
Le marché s'émerveille de la résistance de l'économie américaine au choc des taux et se prend à espérer que la Fed va commencer à assouplir sa politique dans les mois qui viennent avant que la situation ne dégénère. Ce scénario ferait mentir tous les modèles classiques, mais comme c'est d'économie dont il s'agit, ce n'est pas inenvisageable.
Par contre, le sort s'acharne sur moi parce que la société que j'ai évoquée il y a peu en espérant ne plus jamais avoir à prononcer son nom vient d'arriver sur le devant de la scène. C'est de la société immobilière suédoise Samhällsbyggnadsbolaget qu'il s'agit. Elle cristallise les craintes pour le marché immobilier suédois, qui est lui-même une source d'inquiétude pour les financiers parce qu'il préfigure un peu l'impact de la hausse des taux directeurs sur une économie plutôt vertueuse. Pour la faire courte, les prix du marché immobilier suédois étaient en vive hausse jusqu'à une date récente, comme partout, mais ils ont depuis franchement plongé. En Suède, les ménages ont des taux d'endettement assez élevés et les prêts hypothécaires sont généralement à taux variable. En parallèle, les foncières locales font face à des murs de dette et à des coupons élevés, à cause d'une structure de financement particulière que je ne détaillerai pas ici. Mais bref, ma chère Samhällsbyggnadsbolaget, SBB pour les intimes, a annoncé hier renoncer à verser un dividende et a repoussé une levée de fonds. L'action s'est effondrée de 20% après que l'agence S&P a dégradé la dette en catégorie spéculative, ce qui va encore compliquer la tâche de la société. Elle a perdu la moitié de sa valeur en 2023, ce qui reste nettement mieux qu'une banque régionale américaine, mais fait peur aux investisseurs parce que c'est un peu un miroir de ce qui pourrait se passer ailleurs si les taux restent à haut niveau. Fin de la digression suédoise en musique (désolé).
Deux-trois infos à connaître avant de reprendre la semaine (en plus de celles d'hier, ici) :
Le Bitcoin a reculé après la suspension temporaire des retraits par Binance, qui explique avoir dû ajuster ses tarifs avec la hausse de ses propres frais de transaction.
L'enquête trimestrielle sur les prêts bancaires aux Etats-Unis, publiée hier, montre que les conditions continuent à se resserrer, ce qui est mauvais pour le business, mais qui reste sans grande surprise. Il n'y a pas d'évolution dramatique à ce stade.
Dans la même veine, Janet Yellen, sur CNBC hier soir, a cherché à être rassurante sur la solidité du système bancaire. Par ailleurs, elle a réitéré ses appels à trouver une solution rapide à la question du plafond de la dette américaine, qui est une vraie épée de Damoclès pour l'économie et plus généralement la nation. Joe Biden reçoit les leaders parlementaires aujourd'hui sur la question, mais rien de concret ne devrait sortir des discussions à ce stade, enfin si l'on en croit les spécialistes de la politique américaine.
Pas de rendez-vous "macro" important aujourd'hui hormis le rapport sur les prêts aux petites entreprises aux Etats-Unis, qui prend de l'importance avec la hausse des taux.
En Chine, les chiffres d'exportation d'avril sont solides mais ceux des importations particulièrement faibles. Pékin a par ailleurs lancé une "opération anti-espions" d'envergure en ciblant les sociétés de conseil implantées sur le sol chinois.
Encore une grosse session de publications de résultats sur la séance. Après PayPal hier soir, les japonaises Daikin, Nintendo et Itochu débarquent, avec les européennes Alcon, Amadeus, Daimler Truck, Endesa ou Fresenius. Aux Etats-Unis, place à Airbnb, Duke Energy, Air Products ou Occidental Petroleum.
En Asie Pacifique, le Japon rebondit de 1% après un lundi morose. La Chine se partage à nouveau entre une baisse à Hong Kong et une hausse à Shanghai. La Corée du Sud et l'Australie perdent un peu de terrain. Les indicateurs avancés européens sont légèrement haussiers.
Les temps forts économiques du jour
Peu d'indicateurs majeurs aujourd'hui, en attendant les échéances importantes des trois journées suivantes. Tout l'agenda ici. Ce matin, la Chine a annoncé des exportations d'avril un peu plus dynamiques que prévu, mais des importations en berne.
L'euro recule à 1,0990 USD. L'once d'or est stable autour de 2023 USD. Le pétrole consolide ses gains récents, avec un Brent de Mer du Nord à 76,72 USD le baril et un brut léger américain WTI à 72,83 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte 3,50%. Le bitcoin passe légèrement sous 28 000 USD.
Les principaux changements de recommandations
ABB : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 41 à 47 CHF.
Adecco : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 34 à 32 CHF.
Aena : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 175 EUR.
Aperam : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 44,50 à 45 EUR.
AstraZeneca : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 124 à 135 GBp.
Befesa : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 55 à 50 EUR.
Danone : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 62 à 69 EUR.
Deutsche Börse : Goldman Sachs démarre le suivi à neutre.
Enersense : Inderes passe d'alléger à accumuler en visant 6 EUR.
Euronext : Goldman Sachs démarre le suivi à neutre.
Geberit : DZ Bank reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 385 à 400 CHF.
Gaztransport & Technigaz : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 140 à 137 EUR.
Haleon : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 330 à 350 GBp.
International Consolidated Airlines : Peel Hunt passe de conserver à acheter en visant 175 GBp.
Intertek : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle en visant 3900 GBp.
Reckitt : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5870 à 6750 GBp.
Royal Vopak : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 30 à 36 EUR.
Safran : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 130 à 160 EUR.
SIG Group : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 28 à 30 CHF.
Shell : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 3000 à 2850 GBp.
Swiss Re : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 77 à 88 CHF.
Swisscom : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 580 à 600 CHF.
Terna : Equita passe d'acheter à conserver en visant 8,60 EUR.
The Italian Sea Group : Kepler Cheuvreux démarre le suivi à l'achat en visant 11 EUR.
UCB : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 89 à 100 EUR.
Unilever : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4650 à 5000 GBp.
Vestas : ABG passe de vendre à conserver en visant 190 DKK.
En France
Annonces importantes (et moins importantes)
CMA CGM s'engage à racheter Bolloré Logistics pour 5 Mds€ dette comprise.
Euroapi signe un accord de production avec Novéal.
Gaztransport & Technigaz a reçu un accord de principe de Bureau Veritas pour un concept de grand pétrolier "dual-fuel" propulsé au gaz naturel.
McPhy signe un contrat pour un projet de "métal vert" avec le Groupe Plansee en Autriche.
Latécoère lance une nouvelle recapitalisation, après un accord entre son actionnaire majoritaire, la BEI et l'Etat, qui passe par diverses étapes et l'annulation d'une partie de la dette.
Theranexus et BBDF obtiennent l’accord de la FDA sur les critères d’efficacité de l’étude de phase III de Batten-1 dans la maladie de Batten CLN3.
Elles ont publié / Elles doivent publier : Rothschild, Lacroix, MAAT Pharma…
Dans le monde
Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)
Evonik : le bénéfice de base se contracte moins que prévu au premier trimestre, la hausse des prix ayant compensé une partie des volumes perdus.
Fresenius Medical Care : le bénéfice d'exploitation ajusté a baissé à 354 M€ au T1 (consensus 335 M€). Les pénuries de main-d'œuvre s'atténuent.
Lucid : le titre perd 8% hors séance après ses trimestriels.
PayPal : le titre perd 6% hors séance après ses trimestriels. Le groupe a pourtant relevé ses prévisions annuelles.
Annonces importantes (et moins importantes)
Source: Zonebourse.com