Élisabeth Borne veut des services publics plus réactifs

May 09, 2023
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La première ministre souhaite que les Français soient rappelés par les agents qu'ils sollicitent.

Une majorité de Français déplorent que les ­services publics fonctionnent mal en France. Bien décidée à améliorer leur réactivité, Élisabeth Borne a réuni mardi à Matignon le comité interministériel pour la trans­formation publique (CITP). Convoquée sept fois depuis 2018, cette instance créée lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron donne les orientations du gouvernement en matière de réforme de l'action publique et s'assure que les décisions passées soient exécutées. Entourée de nombreux ministres (Gérald Darmanin, Olivier ­Dussopt, Éric Dupond-Moretti, Gabriel ­Attal, Pap Ndiaye…), la première ministre a insisté sur le fait que «chaque ministère est concerné, chacun doit être mobilisé».

Premier objectif de ce 7e CITP : «placer les Français au cœur de l'action publique». Cela passera par un travail de transparence, une mesure des résultats de l'action publique et la publication de données pour «agir en fonction de nos réussites et de nos marges de progrès», a indiqué Élisabeth Borne. Intention qui s'est traduite par l'annonce du nouveau «baromètre de l'action publique», mis en ligne le 3 mai. Son objectif : mesurer les résultats concrets de l'action du gouvernement sur 60 politiques prioritaires formalisées d'ici l'automne.

S'adapter aux usages

Sous la houlette de Stanislas ­Guerini, le ministre de la transformation publique, «10 moments de vie» clés des Français ont été identifiés, l'État s'engageant à les accompagner, de l'entrée dans la vie étudiante à la décision de partir ­vivre à l'étranger en passant par la perte d'un proche. Dans cette perspective, Élisabeth Borne s'était déjà engagée fin avril à réduire de moitié le délai pour obtenir une carte d'identité et a annoncé d'ici à l'été que 2 600 conseillers France Rénov' accompagneront les Français dans la préparation de leur dossier.

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Le gouvernement veut développer les services publics de proximité : il poursuit le développement du réseau France Services, avec la promesse que, d'ici fin 2023, « 95 % des Français vivent à moins de vingt ­minutes » d'un des 2 750 points de France Services annoncés. La ­première ministre entend aussi « s'adapter aux usages des Français ». Alors que 43 % des contacts avec les services publics se font via le téléphone ou les tchats, et que 80 % des démarches sont entamées sur internet, Élisabeth Borne a indiqué vouloir améliorer l'aboutissement de leurs démarches, avec par exemple la prise de rendez-vous afin que, «dans 9 cas sur 10, les Français aient quelqu'un au téléphone».

Le programme Services publics + visera aussi l'amélioration de la qualité du service, avec la publication deux fois par an des mesures de satisfaction des usagers. Pour mieux «associer les Français aux réflexions et prises de décisions», Olivier Véran, porte-parole du gouvernement mais aussi ­ministre du Renouveau démocratique, sera chargé de constituer… un agenda gouvernemental de la participation citoyenne. Élisabeth Borne s'est engagée à ce que les consultations menées auprès des citoyens soient recensées et rendues publiques.

«Préparer l'avenir»

Autre grand objectif avancé par l'hôte de Matignon : «Accepter de repenser nos manières de faire et l'organisation de nos administrations pour mieux répondre aux préoccupations des Français». Pour ce faire, le maître mot sera l'adap­tation. Estimant les demandes de dérogation aux règles nationales par les préfets trop peu nom­breuses, elle veut accélérer la cadence, dans la lignée du décret pris pour faciliter l'adaptation du système de santé aux besoins des territoires. Il s'agira concrètement de donner plus de liberté en matière de ressources humaines et de ­budget aux services déconcentrés de l'État d'ici 2024.

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Parce que cet objectif ne sera pas atteint sans concertation avec les agents publics, le programme Fonction publique +, lancé par ­Stanislas Guérini et coconstruit par les employeurs publics et les agents, visera un meilleur accompagnement des fonctionnaires en matière de qualité de vie au travail, de santé, d'égalité professionnelle, ou de suivi des carrières. Et concernant l'application des poli­tiques prioritaires du gouver­nement, une centaine d'experts seront déployés dans les territoires pour leur mise en œuvre.

Enfin, la première ministre a ­exprimé sa volonté de «préparer l'avenir». Si la transition numé­rique a contribué à améliorer le quotidien des Français - par exemple via la procédure pénale numérique ou l'attribution des bourses scolaires -, l'État peut mieux faire. C'est notamment le cas en matière de maîtrise de la donnée publique, «condition d'un meilleur service public, (…) d'une meilleure adhésion de nos concitoyens et de nos entreprises à nos politiques publiques et de notre souveraineté».

Les ministres auront jusqu'à la fin de l'année pour établir leur feuille de route du numérique et de la donnée publique.

Source: Le Figaro